Le gouvernement algérien poursuit sa stratégie d’encadrement de l’espace médiatique en s’aventurant désormais sur le terrain du numérique. Objectif : après la presse faire rentrer dans les ordres les créateurs de contenus.
Mardi 23 septembre, le ministère de la Communication et celui de la Poste et des Technologies de l’information ont organisé, au siège d’Algérie Télécom, un « rencontre nationale consultative » avec des créateurs de contenus et acteurs du digital.
Un dialogue officiel sous haute surveillance
La rencontre, présidée par les ministres Zohir Bouamama (Communication) et Sid Ali Zerrouki (Poste et TIC), en présence du conseiller à la Présidence Kamel Sidi Saïd, s’est déroulée sous un format participatif : ateliers thématiques, échanges autour des cadres juridique, économique et organisationnel du secteur.
Les participants ont formulé des « recommandations » censées nourrir de futurs rendez-vous d’ici la fin de l’année. Les mêmes recettes pour produire les mêmes effets.
Une ouverture… très encadrée
Derrière le vernis du dialogue, plusieurs observateurs y voient une tentative d’étendre au numérique le contrôle déjà exercé sur la presse écrite, audiovisuelle et électronique. Comme s’il restait encore des espaces à fermer…
En mobilisant les créateurs de contenus, le pouvoir cherche à identifier et rallier des relais d’influence capables de peser sur l’opinion publique. Le profil et la représentativité de ces « influenceurs » restent toutefois flous, tout comme les critères qui guideront la mise en œuvre des recommandations annoncées.
Vers un maillage complet du champ médiatique
Dans un paysage médiatique marqué par le contrôle total et la centralisation de l’information, cette offensive souligne la volonté des autorités d’englober l’ensemble de l’écosystème de communication. L’initiative pourrait, selon des analystes, aboutir à la constitution d’un réseau de diffuseurs de messages officiels, transformant progressivement l’espace numérique en prolongement des médias sous contrôle étatique. En clair, cela annonce la mort – déjà largement disqualifiée – définitive de la presse libre.
Sous couvert de concertation, le gouvernement algérien semble poser les jalons d’un encadrement accru de la parole publique, étendant progressivement son contrôle du récit national à l’ensemble des sphères de communication, y compris celles qui échappaient jusqu’ici à l’emprise étatique, au risque d’étouffer la diversité et l’indépendance du débat en ligne.
Le gros problème de ceux qui dirigent le pays c’est qu’ils restent de mauvais élèves. L’histoire n’est qu’un miroir duquel ils ne tirent aucune leçon. Encalminés dans leurs délires, ils croient que l’Algérie est en orbite sur une planète loin du monde qui l’entoure.
Samia Naït Iqbal