Vendredi 17 mai 2019
Le gouvernement fait-il dans le marchandage ou le maquillage ?
Le gouvernement censé gérer les affaires courantes balaye des champs qui semblent liés aux préoccupations surgies au grand jour avec la situation née le 22 février dernier. Il en est ainsi d’abord de l’autorisation d’importer des véhicules usagés par des particuliers.
Cette faculté a été supprimée en lien avec la mise en place d’activités de montage à partir de CKD importés par les différentes marques. Si la suppression a procédé par voie législative, il est à peine besoin de souligner qu’il faut une loi pour la nouvelle décision. Le gouvernement en place ne peut y avoir recours.
Selon un article publié dans Algérie patriotique, le gouvernement envisage d’allonger le délai de paiement des CKD jusqu’à une année pour deux mois actuellement. Le motif, présenté comme impérieux, est de différer la saignée des devises du pays. L’auteur avait appelé, dans cet article, la Banque d’Algérie à davantage de bon sens suite à sa réaction épidermique contre une prévision faite par la Banque mondiale sur le rythme de diminution des réserves de changes du pays. Ce rythme se réalise à peu de choses près.
Mais, cela ne justifie pas la solution envisagée par le gouvernement :
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D’une part, il n’y a pas encore péril en la demeure et les actions en justice engagées et à venir devraient permettre au pays de récupérer les montants des surfacturations qui affectent l’essentiel des importations depuis de longues années ; cela permettrait au pays de doubler le niveau des réserves actuelles ; ceci au titre des stocks ;
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D’autre part, la disparition des surfacturations à l’avenir fera que les importations ne nécessiteront plus, toutes choses égales par ailleurs, les mêmes volumes de devises que ceux atteints jusqu’ici. Le gouvernement aurait lancé le chantier de réflexion à cette fin.
Question : quel est le coût des délais additionnels que le gouvernement veut demander aux entreprises de montage de voitures et autres articles divers ? Ce coût justifie-t-il le recours à pareille solution ? Peut-on raisonnablement espérer qu’il sera inférieur aux intérêts perçus sur les placements des devises que fait la Banque d’Algérie ? Rien n’est moins sûr.
Il convient, alors, de chercher ailleurs l’explication de la décision envisagée. Si le coût final en intérêts du délai de paiement est nul, la démarche ne vise-t-elle pas simplement à occulter les surfacturations pratiquées jusque-là ? Cela conviendrait parfaitement aux opérateurs à l’effet de ne pas devoir se trahir sur leurs supercheries de l’espèce pour le passé.
C’est dire que les autorités politiques gagneraient à se préoccuper de l’essentiel et ce, dans les limites de leurs pouvoirs constitutionnels avec autant de perspicacité que de vigilance, et à laisser l’appareil judiciaire faire les investigations relevant de ses compétences. Il faudra du temps ; mais, en l’occurrence, le temps sera rémunéré en devises mais aussi en dinars pour les impôts dissimulés, lesquels seront redressés, et des pénalités y relatives.
L’effet de démonstration est superfétatoire pour une situation qui va évoluer positivement par le fait des investigations et sanctions de droit attendues.