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Le groupe Debza : ma vie, ma bataille

REGARD

Le groupe Debza : ma vie, ma bataille

Le groupe Debza, troupe de théâtre et de chants, vient de boucler ses quarante ans d’existence.

Il a été fondé en 1979 par une clique d’étudiants un peu fous de l’Institut des sciences d’Alger, très vite rejoints par des étudiants de l’Institut de langues étrangères de la faculté centrale d’Alger.

Très vite aussi, ces téméraires troubadours ont été ralliés par des une bande d’ouvriers, de chômeurs, de rêveurs, de musiciens et de poètes. 

L’aventure Debza dure donc depuis plus de quatre décennies. Debza a été pendant tout ce temps, un caillou dans la chaussure du pouvoir. Pouvoir qui n’a pas hésité à en emprisonner cinq membres dans la foulée du printemps berbère.

Ces comédiens chanteurs ont mangé de la soupe infecte à la prison d’El Harrach entre le mois de mai et octobre 1981. Le régime, ayant pensé qu’en emprisonnant les principaux responsables du groupe, il allait le museler.

Il s’est fourré un gros doigt dans l’oeil. C’est justement, à ce moment-là qu’une deuxième génération est venue avec un talent renouvelé redynamiser le groupe. Le faire renaître. 

Au temps où Debza a créé sa première pièce de théâtre « Sendouk lâadjed » et diffusé ses premiers chants, notamment  « Allez-y », l’Algérie était constipée. Elle n’arrivait ni à vomir ni à chier.

C’est Kateb Yacine, le premier metteur en scène et son père spirituel, qui a poussé Salim, Titif, Rabah, Youssef, Méziane, Djamel, Mourad et bien d’autres à se constituer en groupe et à se déverser sur les scènes alternatives d’Algérie. Notamment les universités. 

Debza a payé un lourd tribut à la bataille pour les libertés démocratiques. Beaucoup de ses fondateurs sont, aujourd’hui, morts ou exilés.

Il restera toujours ces noms : Merzouk Hamiane, le pilier, l’héritier, il restera tous les amis disparus comme la mémoire retiendra les noms de Mahmoud Rechidi ou de Abdelkrim Ghezali. Comment ne pas citer Salim Bensdiaa ou Abdelhatif Bouneb, la moëlle épinière du groupe.

Les générations qui se sont succédé au sein de Debza forment un bataillon de cinq cent personnes. De quoi constituer une armée !

Farida Aït Ferroukh, docteur d’Etat en lettres publie cette année, un livre qui retrace l’histoire du groupe. Akli Ourad, ingénieur, qui a été comédien de la deuxième génération Debza, a décidé de réunir les survivants du groupe le 21 février 2020, veille du premier anniversaire du Hirak. Il se propose, à l’occasion de financer un documentaire qui narrera l’histoire de la troupe.

La soirée sera grandiose et le fil de l’histoire bien triste.

Ou peut-être extatique.

Auteur
Meziane Ourad

 




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