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Le Hirak est-il Djabelkhir ?

REGARD

Le Hirak est-il Djabelkhir ?

Crédit photo : Meriem Naït Lounis

Les idées sont plus claires face à un ciel sans nuages. Car même quand il fait nuit, il ne fait jamais trop sombre. Les vents peuvent se lever, les persiennes claquer, les chiens aboyer, il y aura toujours cette petite lueur pour apaiser et éclairer le chemin…

Il y a certains faits, qui, lorsque mis côte à côte ressemblent à une clé plutôt qu’à une énigme. Le dernier en date étant la condamnation de l’islamologue Saïd Djabelkhir à trois ans de prison ferme pour blasphème. Mais, un autre fait vient consolider quelques craintes : l’indignation n’est venue que de la part de certaines sphères appartenant au camp de plus en plus rachitique des démocrates.

En effet, certaines personnalités, partis ou journaux qui s’expriment souvent en français, ont jeté leurs insignifiantes forces dans un parterre politique algérien où macèrent depuis plus de trente ans des idées anti-républicaines, antidémocratiques et anti-laïques portées par une langue où la production universaliste est quasi inexistante. 

Le camp démocratique est inaudible en Algérie. Il n’a ni la force de frappe médiatico-institutionnelle du camp rétrograde, ni le nombre de partisans-fanatiques auxquels on a greffé des récepteurs islamisants 5G.

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Le camp démocratique a été coupé de la base par une politique méthodiquement menée par un pouvoir qui ne sait rien construire, mais qui en revanche, il excelle dans les projets destructeurs. Tout ce qu’il touche dans ce sens se transforme en pierre sourde, figée avec une sensibilité sélective.

 Une sorte d’arbre décisionnel implanté dans les jeunes cerveaux où le choix de l’émotion se ferait sur le seul critère religieux. Tout dépend, en automate, et presque exclusivement de la relation de telle ou telle question avec l’islam : « Ce problème, froisse-t-il ma religion ? Si oui je danses le GIA, El Mahchoucha à la main, si non, je peux fermer les yeux et chanter le MIA (Mon Islam Adoré.) »

Comment serait-il autrement dans un pays où la jeunesse de moins de trente ans n’a eu accès qu’à une littérature abrutissante diffusée dans une langue où l’universalisme n’a presque pas le droit de citer. Comment expliquer aux Algériens ce qu’est la laïcité, la liberté de culte, les droits humains, de la femme, de l’enfant, des animaux ou l’égalité des sexes lorsque 90 % de la population ne peut lire ni concevoir qu’une seule vision du monde ? Leur logiciel ne le permet pas. Les cerveaux sont bridés.

La condamnation de l’Islamologue Djabelkhir par une justice inquisitoire islamiste aux ordres, est aussi une occasion de voir où peut nous mener le Hirak. S’il rejette unanimement la sentence et condamne à son tour la justice algérienne du front islamique du salut alors, il y aura encore un espoir pour accoucher, au bout du mouvement, d’autre chose que d’un monstre Daechien. Toute autre réaction sera la preuve irréfutable du destin tragique qui nous attend. Et les nuits seront encore plus longues et sombres…

Auteur
Hebib Khelil

 




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