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Le monde selon Corona

REGARD

Le monde selon Corona

Humiliée par un virus, l’humanité reprendra-t-elle du poile de la bête ? Sortira-t-elle de cette crise plus humble, avec une nouvelle conscience ? Sera-t-elle plus respectueuse de son genre et de sa planète ? Ou par contre, va-t-elle continuer sa déchéance, fomenter son arrogance, bafouer toutes les règles de morale, de prudence et narguant toutes les alertes ?

Covid-19 est le nom de ce virus mutant, nous dit-on. Un virus dont on connaît l’épicentre de sa propagation initiale, mais on ne connaît pas encore ou pas assez l’identité du premier patient ou le patient “0” comme on le nomme. Par contre, personne ne peut dire avec certitude où, quand et comment ce virus avait muté ou encore, qui l’aurait pu créer ? Si l’on veut bien accorder du crédit à la théorie conspirationnistes.

Plus du tiers de la planète se barricade, le monde bascule dans la psychose collective. De la Lombardie, Madrid, Paris, à New York, la peur de perdre les acquis du bien-être hante les esprits. Bien que seul un dixième de l’humanité en profite, face à un huitième qui le soit en approximatif, alors qu’il reste inaccessible à plus de 80% de l’humanité.

Le Covid-19 plonge le monde dans le chaos, le met face à ses contradictions et ses défaillances. Il fait tomber tous les masques à un ordre mondial, injuste, cupide. Face à la douleur et à la mort ne nous pouvons rester indifférents, mais aussi, face à l’injustice et la tyrannie militaro-sécuritaire qu’une partie de ce monde fait peser sans relâche, sans foi ni loi, sur une autre, via sa main-d’œuvre locale.

Sans crier gare ! Le Covid-19 a fait sortir cette humanité empiffrée de sa zone de confort à une zone de confinement, de son espace de sécurité à un espace d’incertitude. Peu de temps a suffi donc à ce virus pour chambouler complètement  les habitudes de l’humanité. Cette espèce anthropique, virulente qui s’agitait le plus, sur la planète, comme si elle en était la propriétaire exclusive ou la seule à y vivre.

Mais pourquoi donc tout ce malheur  » viral  » ? Notre monde a-t-il cessé d’être un fief de justice, d’équité et de paix ? (l’avait-il été un jour ?). Notre terre souffre-t-elle encore des guerres et des conflits gérés à distance par les puissants de ce monde ? (avait-elle cessé de l’être un jour ?) Tremble-t-elle encore sous le coup des bombes aveugles jetées sur des pauvres malheureux, condamnés à la fuite et à l’errance, en Syrie, au Yémen, en Libye et ailleurs dans les mêmes régions et la même religion ? (ne l’est-elle pas encore à ce jour ?).

Au nom d’une guerre contre un terrorisme à définition élastique, notre monde a été catapulté dans l’abîme de l’injustice et les abysses de la violence et de la haine. Cette guerre planétaire aveugles et à sens unique, soulève plus de questions qu’elle n’en propose de réponses. Elle scinda notre monde en un axe du bien et un axe du mal. Une inquisition bise qui ne dit pas son nom, qui se cachait derrière des coalitions internationales pour se légitimer. Une guerre qui fit sombrer toute l’humanité dans l’ère des ténèbres que l’on croyait révolue. Elle, qui prétendait, pourtant, être la porteuse de toutes les espoirs et de toutes lumières. Lucifer, le croyait lui aussi, jusqu’au jour de sa déchéance inopinée.

Notre planète ne souffre-t-elle plus des affres d’une industrialisation frénétique qui déshabilla nos forêts tropicales et amazoniennes, ses véritables poumons ? N’est-elle pas prise de vertige dû au déséquilibre pondéral qui affecte son axe de rotation qui s’inverse ? La cause, on commence à la comprendre, l’extraction massive de minerais et d’eau souterraine ? Vue d’en haut, notre espèce s’apparente plus à une forme sévère d’urticaire fluorescente qui range la surface de la planète, qu’à une civilisation florissante.

L’état de bien-être, le confort des citoyens consommateurs dont se soucient les États modernes tenaient-ils compte de celui de la mère nature, la Patachamama des Incas, la Gaïa des Grecs. Une nature surpeuplée, surexploitée et sans cesse outragée par des guerres absurdes et une pollution globalisée qui toucha sa faune, sa flore, son air, sa terre ferme, ses glaciers, ses océans, jusqu’à son espace extra-atmosphérique. Des milliers de tonnes de débris satellitaires gravitent au-dessus de nos têtes. On parle désormais de pollution spéciale.

Non ! Rien ni personne n’avait à réagir face à cette gestion désastreuse, stupide et chaotique d’une espèce complètement aliénée, déboulonnée, incontrôlable, énergivore, en quête de son propre confort au point de s’autodétruire. Sans s’en rendre compte. Ni Dieu, ni la nature sans cesse agressée, ni même un savant fou confiné dans son laboratoire et méprisant son genre ou roulant pour le compte de volontés obscures, n’aurait causé cette pandémie, nous dit-on. Un fléau qui, pourtant, s’est déclaré quasi instantanément partout dans le monde, qui gagne en virulence, progresse par vagues et dont la signature mathématique (statistique) le rende complètement atypique. C’est ce que tentent de nous expliquer vainement, les plus sensés d’entre nous.

L’humanité, cette espèce vandale, nuisible est sommée à revoir sa copie du développement, son engagement moral envers son genre, la préservation de son environnement, ainsi que son habitacle, la terre. Elle doit réviser sa feuille de route, sa santé malade, son éducation ignorante, de son agressivité gratuite, de sa cupidité insatiable, ainsi que de sa justice inéquitable. C’est la seule solution qui lui reste pour pouvoir continuer le voyage à bord du vaisseau-terre sans perturber la tranquillité des autres passagers. Si par contre, elle persiste à faire des siennes et à détériorer le vaisseau planétaire qui la porte et la supporte, elle sera éjectée en chemin, sans état d’âme, comme l’ont été d’autres espèces éteintes avant elle.

L’année 2020 est celle du  Covid-19 par excellence ! Une pandémie planétaire qui n’a rien à voir avec les années du typhus (a3m et tifis), du choléra ou celle de la peste dont parlait Albert Camus dans son roman, vécues par nos aïeux. L’année 2020, représentera-t-elle donc le début de l’an « 1 » de l’ère de la disgrâce d’une espèce qui refuse d’entendre, de voir ou de sentir la détresse de son propre genre et qui en plus, reste réfractaire aux alertes de sa planète et fait dans le déni ?

Une espèce qui peine à marquer des limites à sa folie et à son arrogance déplacée. Le calendrier grégorien en usage : ap. J-C, cédera-t-il face au calendrier « viral » de la nouvelle ère commune : ap. V-C, celui du Covid-19 ? Une chose est sûre, le monde ne sera plus jamais comme avant.

Auteur
Mourad Chaalal

 




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