Samedi 7 novembre 2020
Le moudjahid Abdelkader Guerroudj inhumé
Le moudjahid et ancien condamné à mort Abdelkader Guerroudj,dit Djilali, est décédé ce samedi à l’âge de 92 ans des suites d’une maladie. Feu Guerroudj a été cet après-midi au cimetière El Alia (Alger).
Né le 26 juillet 1928 à Tlemcen, Abdelkader Guerroudj s’était engagé tôt au sein du Parti communiste algérien (PCA) et a milité au sein de l’Organisation des groupes de paysans dans la région.
Ces paysans militants du PCA ont été les premiers à rejoindre le maquis en 1955, sans attendre des instructions du parti, selon l’historien René Galissot.
Instituteur, Guerroudj s’était marié en 1950 avec Jacqueline Netter, également institutrice et militante, devenue plus tard une des figures féminines de la glorieuse Révolution de Novembre 1954.
Le couple Guerroudj a été notamment expulsé, sur décision du préfet d’Oran vers la France.
Après l’annulation de cette décision, le couple est revenu en Algérie avant d’intégrer les combattants de la libération, lancé par le PCA, dont les membres intègreront l’Armée de libération nationale (ALN), après l’accord entre le Front de libération nationale (FLN) et le PCA. Abdelkader Guerroudj et son épouse Jacqueline n’ont pas attendu cet accord pour intégrer dès janvier 1956, le Réseau des moudjahidines engagés dans « la bataille d’Alger ». Favorisés par leur appartenance au parti communiste, ils avaient assuré la liaison entre les groupes ALN et les groupes des « combattants de la libération».
Pour rappel historique, en juin 1955 le PCA pris la décision de créer une organisation militaire constituée de cellules et groupes armés pour participer à la lutte anticolonialiste indépendamment de l’ALN (armée de libération nationale).
Une année après, en juin 1956 des discussions sont engagées entre la direction du FLN (Abane et Benkhedda) et la direction du PCA (Bachir Hadj-Ali et Sadek Hadjeres) qui aboutirent à un accord selon lequel tous les maquisards appartenant à l’organisation « Les combattants de la libération » doivent intégrer individuellement l’ALN (Armée de Libération Nationale).
Devenu très actif parmi les commandos du grand Alger, Abdelkader Guerroudj a été arrêté et torturé puis jugé en décembre 1957 avec sa femme Jacqueline. Le couple a été condamné à mort.
Arrêtés en décembre 1956 et soumis à une effroyable torture pendant des semaines, ils sont tous les deux condamnés à mort en décembre 1957 pour complicité avec Fernand Yveton. Le chahid Yveton, ami d’enfance de Henri Maillot, syndicaliste et militant communiste est le seul européen guillotiné durant la guerre de libération, il était accusé d’acte de sabotage pour avoir posé une bombe dans une usine que la police a désactivé avant qu’elle explose…
Miraculeusement et grâce à une formidable campagne internationale de soutien menée essentiellement par Simone De Beauvoir et Sartre, les époux Guerroudj furent épargnés de la guillotine avant de bénéficier de l’amnistie générale en mars 1962.
Lors de son procès, Abdelkader Guerroudj déclara devant la cour : « L’intérêt de la France n’est pas d’avoir ici des valets prêts à tout moment à passer au service d’un maître plus puissant, mais des amis ayant librement consenti cette amitié».
Après l’indépendance, Abdelkader Guerroudj deviendra député de la première assemblée populaire. Il s’illustrera par un certain franc parler. Il décide de rompre avec le FLN juste après le coup d’état de Boumediene le 19 juin 1965.