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Le mouvement de Mai 1981 ou l’autre pilier du Printemps berbère (IV)

Gérard Lamari
Gérard Lamari

Il existe hélas dans l’Histoire des événements importants qui ont été occultés par les observateurs avant d’être mis définitivement sous le boisseau. Si ce n’était la vigilance de ses acteurs, c’est ce qui aurait pu arriver au mouvement du «19 mai 1981 » de la Soummam et de Bgayet. Probablement parce que la région est enclavée, assez éloignée du centre médiatique et ne possédant pas à l’époque de pôle universitaire. (4e partie et fin)

Par Gérard Lamari

Grève de la faim

Nous avions conscience que nous étions livrés à nous-mêmes et qu’une aide externe était hautement improbable. La démobilisation étudiante de Tizi était totale. Une longue période de reflux commençait. Il ne restait comme recours à nos camarades encore libres que la démarche envers AmnestyInternational la Ligue Internationale des Droits de l’Homme. Aknine Arab et feu Ouahioune Djaffar s’en occupèrent…vainement. Un numéro spécial « Détenus » de Tafsut nous fut consacré. Il n’eut pas d’échos, mais cela nous donna tout de même du baume au cœur : il y avait cette petite flamme vacillante qui chancelait encore…

En prison, nous commençâmes à nous organiser. Mes codétenus étaient en majorité des lycéens. Quelques-uns passèrent et obtinrent brillamment le bac à la maison d’arrêt de Bgayet. Les autres l’obtiendront l’année suivante à la prison de Constantine.

Parmi les détenus, relevons qu’il y avait aussi des mineurs, tel Aggoune Mokrane alors âgé de seulement 17 ans.

Je faisais du haut de mes 24 ans office de vieux patriarche (il est était de même pour Djamel et Aziz). Notre passif à Berrouaghia était respecté et étions en quelques sortes les référents de la protesta.

Comment qualifier un pouvoir qui jetait ainsi la jeunesse tonnante et éblouissante dans ses sombres geôles ?

Initialement mélangés avec les « droits communs », nous obtenons finalement notre regroupement carcéral dans une salle « politique ».

Les lycéens, d’une dignité exemplaire, se formaient politiquement au jour le jour. Ils prenaient de la maturité. Les visites des proches étaient toujours suivies de séances de débriefing. Nous faisions la synthèse des informations recueillies au parloir avant de nous lancer dans de profonds débats.

Nous primes consciences que nous étions sur une autre comète, et comprimes que nous ne pouvions plus compter sur l’extérieur. Cette donnée renforça considérablement la solidarité et la confiance mutuelle.

C’est dans cet esprit que nous fîmes appel à un second procès. Nous attendîmes quelques jours. Pas de réponse du tribunal.

Le mouvement de Mai 1981 ou l’autre pilier du Printemps berbère (I)

Nous décidâmes alors d’enfoncer le clou.

Conscients que seul un coup de boutoir fort pouvait faire bouger les choses –il ne pouvait provenir en l’état que de nous- nous lançâmes une grève de la faim. Une grève de la faim à la prison civile de Bgayet, on n’avait jamais vu cela !

La décision fut prise à l’unanimité et la grève fut suivie par tous. Elle débuta le 14 novembre, soit seulement deux semaines après notre emprisonnement.

Dans notre déclaration, nous soulignâmes entre autres « le non-respect des délais de garde à vue car certains dépassaient les 120 heures ; sévices corporels ; instructions prolongées jusqu’à 2 heures du matin ; … ». Et en conclusion, nous exigeâmes un procès politique.

C’était nouveau pour ces roitelets qui dirigeaient la Wilaya en toute quiétude. Les autorités, maladroites, ont dans un premier temps tenté de briser le mouvement en faisant venir en toute illégalité le père de Aziz dans notre salle de grève. Je me souviens qu’il m’implorait d’y mettre fin, que c’était sans issue, que nous allions vers la tombe, et que son fils ne l’écoutait plus. Encaisser en cet endroit les supplications d’un vieux hadj respecté était quelque chose que je ne pouvais imaginer. Etant faible et allongé sur ma paillasse, il posa sa tête en pleurs sur ma poitrine et me supplia de raisonner son rejeton. Pâle, écrasant une larme puis lui souriant, je le retins par les mains, et pour le rassurer, lui promis de faire quelque chose. Le vieux hadj respecté hante toujours ma mémoire car il me suppliait en sanglotant sur moi. Il savait que nous étions déterminés. Il n’a pas été voir Aziz car il estimait qu’il était une tête de mule. Ce qui est vrai. J’ai rassuré le hadj qui repartit en me faisant confiance.

On ouvrit dans un second temps les portes de la prison à quelques camarades qui mirent l’accent sur l’irréversibilité des conséquences que la grève pouvait engendrer sur notre santé. Nous sommes restés inflexibles. Les mouvements se font toujours par une jeunesse déterminée. Et nous l’étions.

Notre action eut ses retours positifs : nous avions brisé le blackout nous concernant. A tel point qu’un cousin venant me rendre visite me demanda mon avis sur un coup de force pour nous libérer… J’ai dû user de toute ma persuasion pour lui faire renoncer à cette idée.

Au bout de 9 ou 10 jours de grève de la faim et de pressions des nôtres, nous estimâmes que nous pouvions éventuellement avoir un procès « normal ».

Le second procès fut un peu plus ouvert. Nous y exigeâmes de nous exprimer en kabyle. Ils n’en n’avaient décidément pas fini avec nous. Le juge postiche demanda un volontaire dans la salle d’audience pour nous traduire en arabe… Je rappelle que nous étions au tribunal de Bgayet ( !). L’image était saisissante : il nous fallait un traducteur en arabe en plein pays kabyle ! Pays meurtri, pays éternel…

Rendre des comptes, chez nous, à un magistrat issu d’une autre comète nous était insupportable. La salle d’audience avait peine à contenir l’affluence. L’université de Tizi, espérant nous récupérer, s’est déplacée en bus. Je me souviens notamment de la présence de quelques porte-voix -encore en liberté- du Printemps berbère.

Un collectif d’avocats et de bâtonniers, issu majoritairement du barreau d’Alger, s’est mobilisé pour nous défendre bénévolement (Ali Yahia, Aïnuz, …). Tous étaient francophones. Mais ils furent bridés et contraints d’étaler leurs plaidoiries démonstratives avec le verbe approximatif du dominant (en arabe). Notre audience fut l’une des premières à expérimenter l’arabisation totale de l’administration…

Les durées d’incarcération furent globalement réduites de moitié : pour beaucoup de mes camarades et pour moi-même, deux ans de prison fermes furent retenus. Guidjou, jeune professeur, et Boutrid, encore lycéen, eurent les peines les plus lourdes : 3 ans fermes.

Le mouvement de Mai 1981 ou l’autre pilier du Printemps berbère (II)

Les chiens de garde

Profondément frustrés par l’injustice, nous fûmes reconduits vers notre prison. L’hiver était rude cette année-là, tant sur l’aspect climatique que sur le contrecoup du Printemps berbère.

La lourdeur des condamnations nous laissa penser à juste titre que la prison de Bgayet pouvait s’avérer « inadaptée » à notre détention. Notamment parce que nous avions réussi à établir ce lien social qui manque généralement aux prisonniers. Or, l’objectif d’une incarcération est précisément de détruire l’unité intellectuelle et morale d’un individu. Ainsi que ses connexions et ses circuits de réflexion.

Le pouvoir appelait cela la « rééducation ». La solidarité entre détenus est l’unique moyen de résister à l’annihilation programmée.

Notre transfert était donc imminent. Vers Lambèse croyions-nous. Finalement, notre destination sera la prison de Constantine (El Koudia).

Le jour de Noël, les gardiens sont venus nous réveiller en pleine nuit (2h ou 3h du matin). Il ne nous fut accordé que quelques instants pour préparer nos maigres affaires : nous devons être transférés dans les quelques minutes.

Gros déchirement : seule une partie d’entre nous était concernée par le déplacement. Nos camarades restants, la gorge nouée et larmes aux yeux, nous proposaient de prendre qui un pull, qui un manteau, qui une boite de gâteaux… Ceux qui sont restés sont assurément ceux qui ont le plus souffert moralement. Ils savaient que nous allions vers l’inconnu, vers une prison lointaine et hostile. Etant des cibles privilégiées, nos amis avaient peur de ce qui pourrait nous arriver, des traitements qui nous attendaient. Les « meneurs contre-révolutionnaires » allaient subir toute la rigueur de la justice comme ce fut écrit dans El-Moudjahid.

Nous remplissons les fourgons cellulaires stationnés dans la cour de la prison. Saisis par le froid inhabituel, nous fûmes silencieusement installés dans nos box respectifs.

Personnellement, j’étais placé à l’arrière droit d’un des fourgons. Je jouxtais la portière du fond. Le hasard fait que c’est toujours cette place que j’occupe lors des transferts : il en fut ainsi lorsqu’on me déplaça de Tizi à Alger le 20 avril 1980, puis lorsqu’on m’achemina d’Alger à la prison militaire clandestine de Boufarik. Cette cellule grillagée et exiguë m’a toujours été réservée.

Dans la cellule d’en face, on plaça Kader Guidjou. Celle de sa gauche était occupée par le lycéen Salah Taybi.

Puis le convoi s’ébranla.

Assez rapidement, je m’aperçus que la vitre située dans mon dos était brisée, certainement par des manifestants. Je recevais, avec la vitesse du véhicule, tout le vent glacial de cette nuit. Aussi étais-je content d’avoir pu garder mon burnous[1] qui pouvait me protéger un peu.

La trouée d’air pénétrante gelait le fourgon et j’étais à la première loge. Au bout d’un moment, l’un des gendarmes qui nous accompagnaient s’est approprié de force ma laine pour l’enrouler autour de ses jambes. Aucun des passagers détenus ne pouvait souffler mot sous peine de représailles musclées.

Le mouvement de Mai 1981 ou l’autre pilier du Printemps berbère (III)

Nous entamâmes les virages des gorges de Kherrata, enfin je suppose car nous n’avions pas de vue sur l’itinéraire. Salah Taybi, pâle comme un linge, se mit à vomir à même le plancher. Personne ne pouvait rien pour lui car nos cellules étaient cadenassées. Les gendarmes, craignant une mise en scène, ne firent aucun geste. Ils refusèrent d’obtempérer par une halte car ils avaient la phobie du guet-apens…

Malgré la pratique pacifique de notre lutte, l’Etat ne voyait que complots et coups tordus. La culture des colonels magnats, assis au pouvoir, ne comprenait et ne savait combattre que les actes violents. Les luttes des jeunes dans les rues leur était totalement mystérieuses, étrangères.

Ces gorges de Kherrata, d’une beauté sublime, ont été décidemment témoins de bien de malheurs…

Puanteur et froid furent ainsi nos compagnons de route.

Au fil des kilomètres, je me congelais littéralement. L’exiguïté de la cellule ne me permettait aucun mouvement. Au bout seulement d’une heure de ce calvaire, j’arrivais à peine à bouger tant le froid me tenaillait, me pénétrait. Je finis par rester statique, les lèvres bleutées, le corps inerte. Régulièrement, mon ami feu Kader Guidjou me questionnait sur mon état (voire à ce propos son témoignage). J’avais du mal à lui répondre car j’étais liquéfié comme dit plus haut.

Nous arrivâmes à Constantine au petit jour. Titubant, je mis quelques instants avant de pouvoir tenter un geste pour m’extraire du véhicule. Voyant mes difficultés à me mouvoir, Kader sauta sur moi pour me réchauffer et m’embrasser de bonheur. Il eut très peur que je succombe durant ce voyage de l’enfer.

Constantine

La prison de Constantine est une bâtisse coloniale qui a par le passé enfermé des hommes comme Zighout Youcef. Murailles épaisses, cours austères, miradors menaçants et régime strict. C’est l’endroit que je connais le mieux de la cité de Massinissa. Le Rhumel décrivant sa série de sinuosités se resserrant puis formant des boucles, les ponts étroits, les failles vertigineuses rappellent évidemment un passé glorieux. Mais pour moi, Constantine est synonyme d’oppression et de repli obscur.

Mes voyages de jeunesse en cette Algérie « indépendante » furent bien singuliers. A l’aurore d’une vie assoiffée de curiosités, j’ai écumé durant des mois les bas-fonds de l’Ouest tels que la centrale pénitentiaire de Berrouaghia ainsi que les geôles secrètes de Boufarik. C’était maintenant au tour de l’antichambre difforme de l’Est antique. L’Histoire suit son parcours…

A l’intérieur de l’enceinte obscure, nous étions les plus jeunes et les plus instruits. Nos codétenus, initialement repliés et soumis finirent par s’approcher de nous. Pas évident car nous étions des politiques. Et les politiques déterminés faisaient peur aux détenus de droit commun. Le pouvoir a réussi à inoculer cette terreur mentale, y compris aux « hors la loi ». Nous fréquenter pouvait changer leur perception de l’administration pénitentiaire. Cela me rappelait l’appréhension qu’avaient envers nous les gros « Droits Communs » de la prison de Boufarik. Certains avaient eu des échanges de révolvers avec la police suite à des braquages. Mais fraterniser en prison avec des « politiques » leur était très difficile.

La culture politique algérienne est arrivée à instaurer le pire des anathèmes : s’opposer au régime, y compris démocratiquement et de manière non violente, est érigé en crime absolu !

La case dans laquelle était rangée la nouvelle génération tumultueuse, démocratique, et un tantinet libertaire est semblable à celle des intouchables indoues.

Il n’est pire ennemi à une dictature qu’une jeunesse libre dressant ses idéaux à ciel ouvert.

On nous dispatcha dans plusieurs salles et fîmes graduellement connaissance avec nos nouveaux codétenus. Certains avaient détourné des fonds, d’autres étaient des criminels condamnés lourdement. Le mélange était inédit.

Soudés par la solidarité de nos convictions, nous finîmes par prendre notre place. Pour nos vis-à-vis, nous avions osé faire face au pouvoir, avions osé nous révolter. Nos « colocataires » ne partageaient pas nos convictions, mais notre attitude digne forçait leur respect.

Tous les matins nous faisions la queue pour le rasage quotidien. Les détenus devaient être présentables en cas d’une visite impromptue. La même lame de rasoir servait pour 50 détenus. Les derniers se faisaient écorcher la peau par l’instrument émoussé. Dans le contexte, nous gardions tous la moustache. Vivants sous un régime médiéval, les détenus de Constantine ne pouvaient qu’être moustachus à la Vercingétorix !

Nous étions à plusieurs heures de la Kabylie, mais nos parents étaient toujours présents au parloir. Certains venaient en taxis, d’autres économisaient pour le déplacement. Tous se levaient aux aurores pour être présents à l’heure de la visite. De nos proches, il nous semblait détecter un sentiment un tantinet mitigé. Ils étaient fiers de nous et étaient heureux de nous voir indemnes. Mais ils semblaient nous reprocher à travers la vitre « pourquoi vous nous faites subir cela » ? « Ayγar i tessawdem ar waya ? ». Nous ressentions profondément la fin des parloirs, vraie déchirure pour eux de nous laisser de nouveau à l’inconnu. Aussi, étais-je content lorsque mes parents avaient un empêchement.

Durant mes moments de solitude, je griffonnais des vers sur l’amour, sur la liberté, sur les frustrations. En ces temps de disette, mes amis trouvaient que j’avais une plume de poète à tel point qu’ils les apprirent par cœur. Moh Chérif en traduisit même quelques-uns en berbère.

Un jour, un détenu intello pour délit économique m’apprit qu’écrire en prison pouvait être sujet à de sévères punitions car il en avait vécu l’expérience quelques mois plus tôt. Quelques mois plus tôt me dit-il… Il est vrai qu’en taule, l’unité de temps n’est ni le jour ou la semaine. Le récent s’exprime généralement en mois.

J’ai tenu compte de son conseil, à savoir : éviter d’écrire ou alors écrire clandestinement. J’ai longtemps gardé mes feuillets de prison, puis les ai égarés. Peut-être les retrouverai-je un jour ?

Au bout de quelques semaines à Constantine, le courrier des camarades commença à venir. La censure était telle qu’il fallait en décrypter longuement la teneur. Nous relisions avec avidité les lettres admirables provenant de Tizi. Salem Djebara, Hakem Ramdane et Hend Sadi nous envoyaient régulièrement des lettres qui nous donnaient du baume au cœur. Ces soutiens nous aidèrent à rester nous-mêmes…

Plus tard, une fois « bien établis », nous fîmes à l’administration pénitentiaire la demande l’octroi d’une salle de cours pour former les détenus qui le souhaiteraient. Inattendu en milieu carcéral algérien !

Notre demande eut miraculeusement un retour favorable car notre prison pourrait se targuer de transformer des brebis égarées en diplômés.

Certains droits communs se sont inscrits pour des cours du niveau du brevet. Nos amis lycéens qui désiraient repasser leur bac en trouvèrent de leur côté l’opportunité. Finalement, seuls nos camarades furent assidus. On nous aménageât en ce sens une petite salle donnant sur la cour.

Propulsé professeur de mathématiques avec Djamel et Aziz, j’avais comme collègue de physique Chebbi Tayeb, professeur d’El-Hammadia détenu avec nous.

Sans ouvrages sous la main, nous nous sommes dépatouillés avec les moyens du bord. La motivation de nos élèves fit le reste. Au final, après un travail acharné, tous obtinrent le bac en cette prison d’El-Koudia.

Vers le mois de juin 1982, nous eûmes des échos d’apaisement venant du sommet…

Ils se confirmèrent par un train de libérations. Cinq détenus ne figuraient pas dans la liste des « amnistiés » : Kader Guidjou, Nacer Boutrid, Aziz Tari, Djamel Zénati, Gérard Lamari.

Nous étions contents pour nos camarades, mais ceux-ci étaient caustiques. L’un d’entre eux refusa même de sortir de prison tant que n’étions pas tous libérés.

Une dizaine de jours plus tard, nous retrouvions l’air libre à notre tour.

Epilogue

Une génération est passée et la plupart des acteurs de 1981 sont à l’étranger. Amers, ils ressentent le désarroi dans lequel se trouve la Kabylie de leur jeunesse. Depuis 1980, la Kabylie n’a cessé d’être un champ de révoltes. Les répressions successives l’ont plongée chaque fois dans une consternation supplémentaire.

Aujourd’hui, sans élite intellectuelle et dépossédée de ses leviers économiques, Tamurt, exsangue, est particulièrement exposée à une désarticulation.

A moins d’un nouveau soubresaut stratégiquement différent et idéologiquement original… (Fin)

Gérard Lamari

Notes

[1] Ce burnus, que j’ai gardé, avait et a toujours pour moi une grande valeur affective car il a été tissé par ma tante alors que j’étais en clandestinité au fond de la Kabylie.

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