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Le mouvement des walis participera à l’illisibilité de l’invisible 

Le clan Bouteflika le prépare

Le mouvement des walis participera à l’illisibilité de l’invisible 

C’est au tour des walis de passer sur le grill ! Ceux qui sont en poste ne sont pas sûrs de le rester. Beaucoup de prétendants sont aussi prêts à prendre leurs places. A tout prix !

Ce qui a fait réagir un ancien wali d’une wilaya côtière de l’Ouest du pays, admis  la retraite, qui est allé jusqu’à conseiller à son secrétaire général qui espérait une promotion en tant que tel, d’aller rendre visite au saint patron du coin, histoire d’obtenir sa bénédiction.

Il faut savoir déjà, que la nomination des walis n’obéit pas à des principes fixes. D’ailleurs il n’existe nulle part et, a fortiori, dans la fonction publique, un profil de carrière-type, contrairement à l’entreprise où l’actionnaire principal désigne son dirigeant, ce qui n’a en soi rien de scandaleux.

En définitive, tout le monde s’accorde à dire que la sélection des promus reste indéchiffrable : elle participe de l’illisible et de l’invisible. Mais, pour couper court à toute spéculation, on met en avant le principe du pouvoir discrétionnaire qui échoit à l’autorité investie du pouvoir de nomination ; celle ci n’a pas à justifier son choix. Dans le communiqué qui est rendu public, il n’est jamais expliqué, ni le choix ayant présidé à la désignation, ni le motif justifiant la mutation, encore moins la nature des griefs prévalant à la cessation de fonctions des walis.

Les bilans des walis ne sont, par ailleurs, ni publiés ni publiables, ce qui rend impossible toute évaluation citoyenne :

  • doit-on parler de logements réalisés, de PME/PMI créées, de zones d’activités réceptionnées, d’écoles et de lycées équipés, ou encore de postes de travail ouverts ?

  • est-ce vraiment raisonnable d’additionner ces éléments, un à un et de les imputer comme seules prouesses d’un seul homme, fût-il wali ?

Assurément non, avait rappelé le ministre de l’Intérieur, des collectivités locales et de l’aménagement territorial, Noureddine Bedoui, qui avait tenu à préciser qu’« il s’agit d’une œuvre collective à laquelle participent, d’amont en aval, tout ce que compte la wilaya comme personnels technique, administratif et d’encadrement, sans omettre les élus et surtout les services de sécurité, sans lesquels on ne peut parler de développement local, si l’on tient compte du fait qu’il subsistait encore dans un passé très récent, certains points du territoire inaccessibles aux entreprises de réalisation».

Alors, prétendre s’approprier la paternité d’un programme de 20 000 logements, d’un tronçon routier, d’un aéroport, d’un hôpital, voire même d’un barrage hydraulique, participe non seulement de l’usurpation mais certainement aussi de la mauvaise foi !

De ce qui précède, la formulation la « réalisation du wali» est à prendre sous toute réserve et, en tous les cas, pas comme un critère de sélection.

Le ministre de l’Intérieur, des collectivités locales et de l’aménagement territorial, Noureddine Bedoui devrait dorénavant assigner aux walis des « objectifs » et les évaluer sur la base d’une feuille de route loin des subventions d’équilibre octroyées jusque-là très généreusement par les pouvoirs publics.

Il faudrait pour cela, que les walis, crise oblige, aillent chercher de l’argent pour investir et créer de l’emploi localement. En un mot, se transformer en « managers » pour faire fonctionner les collectivités locales comme de véritables entreprises !

La tâche n’est pas insurmontable, elle passerait par un choix judicieux des hommes une réforme audacieuse des finances et de la fiscalité locale ce qui conférerait aux édiles plus de pouvoirs en matière de foncier et de recouvrement d’impôts locaux et du code communal et de la wilaya, sachant que pour ce dernier texte, l’administration centrale du ministère de l’intérieur s’attèle à mettre la dernière touche.

Ceci étant dit et malgré une rente importante, nos walis continuent à gérer le quotidien par des méthodes qui se caractérisent par un sérieux déficit de communication, malgré les exhortations du président de la République, qui aimerait les voir investir le terrain en managers du développement, en médiateurs de la République et, surtout, se rapprocher de la population tout le temps et non pas le temps d’une visite officielle.

Cela a fait réagir, peu ou prou, le ministre de l’Intérieur qui a fait état de son ressentiment aux walis de l’Ouest du pays qu’il avait regroupés dès sa prise de fonctions.  

Et les chiffres relevés dans la presse à l’occasion de ce regroupement, font froid dans le dos : le taux de réalisation de PCD de ces wilayas n’a atteint que 5,3%. Au niveau national il n’est que de 7,3% ! Les walis, parce qu’ils sont les premiers responsables au niveau local, n’ont pas réussi, a dit Bedoui, le développement économique espéré, malgré la levée de tous les obstacles, notamment le foncier.

Pour l’heure, les commentaires sur les mouvements des walis sont à double ressort, et personne ne se prive, en fonction de sa propre analyse, de citer tel ou tel cas d’abus, de favoritisme, même si cela peut relever parfois du domaine anecdotique.

Ce qui est sûr, c’est que :

  1. Le mouvement provoque des disponibilités et des ouvertures de carrière en chaîne.

  2. Il introduit de la souplesse et crée une nouvelle dynamique dans la sphère où il est opéré

C’est peut-être vrai pour la première affirmation, cela l’est moins concernant la deuxième assertion, car, en fait de dynamisme, l’on tente plutôt de renforcer une corporation, celle des énarques par exemple qui ont préempté le corps (au nom de l’Enarchie), ou gonfler les rangs d’un clan au détriment d’un autre ; on tente surtout de promouvoir les commis les plus obéissants et pas forcément les plus méritants ou les plus expérimentés et les jeunes, au nom d’un « jeunisme » de mauvais aloi !

Même s’il est bon de « diversifier » les origines dans la nomination des walis, certains d’entre eux n’ont aucune culture du corps faute, d’avoir effectué des « aller retour » entre l’administration centrale et locale. En plus, l’acclimatation se faisait plutôt chez les chefs de daïras. Après cette formation sur le tas qui durait un certain temps, le concerné était promu wali. Depuis, les nominations de personnalités venues de l’extérieur ont troublé cet ordre, notamment dans les années 1990. Ce n’est pas demain la veille qu’on aura des walis de la veine du :

  1. Préfet Claude-Philibert Berthelot de Rambuteau qui, s’adressant à Louis-Philippe lui a déclaré : « dans la mission que votre Majesté m’a confiée, je n’oublierai jamais que mon premier devoir est de donner aux parisiens de l’eau, de l’air et de l’ombre ». Sous son mandat, l’Arc de Triomphe est terminé et le projet de la grande avenue des Champs Elysées voit le jour ; son nom est aussi attaché aux vespasiennes qu’il a fait installer sur les voies publiques  

  2. Préfet Claude Eugène Haussmann qui a mené une politique de grands travaux qui allait transformer en profondeur l’urbanisme de Paris.  Son nom reste lié à l’ouverture de nombreuses percées-création de voies nouvelles-, à l’aménagement de parcs et de squares, à la mise en place d’un réseau d’égouts et à l’alimentation de Paris en eau de source

  3. Préfet Paul Demange, premier préfet de la réunion qui a pris des mesures importantes contre le paludisme qui ont permis de réduire la mortalité à 0 en 5 ans ! Pour la petite histoire, Paul Demange a été préfet à Oran

  4. Préfet Eugène Poubelle qui a donné son nom aux poubelles à travers les décisions qu’il a prises en tant que préfet de la Seine afin d’améliorer l’hygiène de la ville de Paris     

Certes la comparaison est hardie car nos walis, faut-il se dire, ne sont pas réellement dotés des pouvoirs qu’on leur prête. Auquel cas, sont-ils présentement en capacité de faire bouger les lignes ou sont-ils confrontés à des limites objectives qui rendent leur rôle bien aléatoire, comme l’a rappelé très justement quelqu’un ?

La première limite, a-t-il précisé, se trouve au niveau de la conception – même – de la fonction : leur action est noyée dans une multitude de tâches qui grèvent leurs capacités de réflexion et de planification. Des avaloirs bouchés aux ordures ménagères, en passant par la voierie, leur énergie se consume dans des missions censées être accomplies par les APC et les services spécialisés. À force de s’occuper de tout, le wali donne parfois l’impression de ne s’occuper de rien…comme il se doit.

La seconde tient à l’interventionnisme étouffant des administrations centrales à travers un fatras de circulaires et de messages qui entravent leurs actions en compliquant les procédures. Prenons l’exemple de la capacité du wali à affecter des terrains pour l’investissement. Depuis l’été 2011, les wilayas ont attribué des dizaines de milliers d’hectares de terrains d’investissement. En cinq ans, peu de projets ont connu une avancée sur le terrain et un nombre insignifiant a été achevé et mis en exploitation.

D’ailleurs, l’explication vient des walis eux-mêmes : complexité des procédures administratives dont les solutions dépendent des multiples intervenants aux niveaux central et local. En résumé, si le wali affecte les terrains, le reste des procédures lui échappe dans une large mesure.

Le mouvement des walis est dans l’air : est-ce à dire qu’ils vont porter le chapeau, alors que les P/APC qui ont pourtant bénéficié d’une formation appropriée, de l’augmentation de leurs salaires et de l’apport non négligeable de plus de 5 000 cadres entre ingénieurs et architectes vont se tirer indemnes du désastre du développement local ?

Aujourd’hui, le bilan est lourd et le peuple est dans la rue pour contester l’absence de réactivité de certains chefs d’exécutif concernant notamment les attributions de logements sociaux.

Le premier ministre leur a fixé un cap : créer de la richesse et de l’emploi ! Certains d’entre eux n’ont pas caché leurs inquiétudes en affirmant : On ne peut pas réussir en 3 ans ce que nos prédécesseurs n’ont pas réalisé en 50 ans. Pour faire adhérer, massivement, la population à la démarche du gouvernement et cap fixé par le premier ministre, l’implication des élus est indispensable ; or, ces derniers, pluripartisme oblige, ne sont pas toujours en phase avec l’exécutif de wilaya, et de ce fait, l’objectif recherché devient, quasiment, impossible.

De nos jours, faut-il le dire, l’amour du travail bien fait, dans le respect des valeurs, de l’Etat de droit n’a pas l’air de sensibiliser à outrance. Quant aux notions d’intégrité, d’engagement, d’honnêteté, certains en méconnaissent totalement le sens !

Sacré dilemme pour les walis ! Pour les plus anciens, c’est clair, ils vont jouer la montre en attendant la prochaine rotation qui, par devers eux, viendra compliquer davantage leur vie de famille. Ils assureront le service minimum et se contenteront de prendre la pose à côté des ministres en visite dans leur wilaya. Quant à ceux nouvellement promus, ils vont essayer de se décarcasser au mieux, apprendre à gérer tous les risques et surtout soigner leur communication, en évitant autant se faire que peu les micros baladeurs.

Le ministre promet de sévir. Il  a des rapports défavorables concernant les walis accusés d’«inertie», de «passivité», et même de « manœuvrer » pour obtenir des subventions.   

Il va y avoir du sport dans les rangs des walis. Peut-être bien avant la fin de ce mois de juillet.

Auteur
Cherif Ali

 




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