Mardi 16 avril 2019
Le peuple algérien mérite mieux que ça !
Ahmed Gaïd Salah (il s’agit bien de lui car décideur visible de l’ANP) relance la guerre psychologique héritée du capitaine Léger : humiliation de femmes militantes dans un commissariat, main de l’étranger évoquée pour réprimer, infiltrations de la foule pour tenter d’y faire disqualifier et de salir des hommes politiques de l’opposition (Aït Larbi, Sadi, Tabou, Bouchachi), tirs très dangereux de grenades de gaz lacrymogène sur une foule paisible, dense où évoluaient femmes et enfants pour briser le moral des révoltés sans compter plein d’autres barbouzeries plus ou moins médiatisées. Des procédés qui peuvent mener à de graves dérapages, à une spirale de violences dont on peut imaginer les déclencheurs sanglants mais jamais la fin tragique.
Le peuple algérien mérite mieux que ça !
Tout le monde sait, aujourd’hui, que l’armée algérienne a régné en maître depuis l’indépendance du pays d’où le rôle que s’octroie Gaïd Salah en ce moment, comme l’ont fait avant lui les Boumediene, Nezzar, Médiène (Toufik) et beaucoup d’autres. Elle a régné et règne encore sur nous tous et sur chacun de nous, brisant par l’intrigue et par la répression, pourrissant par la corruption, menaçant par les complots et l’emprisonnement, informant par l’intox et par la soumission des médias, truquant par les contrefaçons et les fraudes : fraudes électorales, fraudes fiscales, fraudes de devises, faux moudjahidine, faux diplômes, faux patrons, fausse monnaie, fausses factures, etc. etc.
Le peuple algérien mérite mieux que ça !
Non seulement Gaïd Salah a gardé les mêmes équipes (Bédoui, Bensalah, Belaïz (*)…) et les mêmes méthodes, mais il croit berner le peuple avec sa proposition d’élections du 4 juillet 2019. C’est tellement grotesque qu’il a « oublié » de prévoir une date pour un second tour qui aurait pu faire illusion de transparence, de vraisemblance, du moins aux yeux de quelques-uns !!
Pourquoi la France, les USA, le Royaume Uni, l’Allemagne ferment les yeux sur autant de mascarades, autant de violation de textes nationaux et internationaux ! ? Ce quarteron de pays autoproclamé « communauté internationale » n’hésite pourtant pas à rappeler à l’ordre les Omar El-Bachir, Nicolàs Maduro, Joseph Kabila, Bachar El-Assad, voire même Vladimir Poutine et la liste est longue !
Le peuple algérien en a marre des faux semblants, des faces cachées de l’incompétence, marre de subir l’irruption d’hommes sans scrupules qui brisent ses espoirs, marre de voir la magouille généralisée érigée depuis longtemps en architecture du système.
Le peuple algérien mérite mieux que ça !
L’heure est venue pour le peuple algérien de prendre son destin en mains. Une réforme radicale institutionnelle doit déboucher sur l’édification des grands principes démocratiques et républicains dans un cadre totalement décentralisé. Un cadre à la hauteur des exigences de la rue qui scande « blad blad-na, wa ray ray-na ». Seule la démocratie de proximité peut conduire à la souveraineté populaire réclamée à cor et à cri. Une organisation des territoires en Provinces auto-gouvernées avec des prérogatives adaptables et évolutives, allant des plus restreintes aux plus étendues selon leur volonté politique propre.
Pour y parvenir, le premier pas serait que les syndicats autonomes, les universités, les associations des droits humains, les ordres des avocats, des magistrats, des experts comptables, des économistes, des médecins, des architectes, etc. et toutes les organisations hors système se réunissent dans les heures et les jours qui suivent et désignent un ou deux délégués au plus vite pour gérer la transition avec des structures idoines et provisoires : gouvernement (30 personnes) pour gérer les affaires courantes ; commission (12 personnes) de préparation des élections présidentielles et des conditions y afférentes (12 personnes) ; délégation (12 personnes) chargée de préparer les mécanismes nécessaires à la rédaction d’une constitution par une équipe de constitutionalistes qui la proposera à la future assemblée élue à la proportionnelle. Les détails de l’opération émergeront au fur et à mesure des travaux. L’important est que la notion de pragmatisme puisse être partagée comme c’est le cas pour le concept de « salmiya »… Une charte de déontologie que signeront tous ces acteurs, sera la boussole de tout ce processus. A titre d’exemple, un alinéa interdira à tous ces acteurs de se présenter à l’élection présidentielle ou de soutenir un des candidats.
Le peuple algérien mérite mieux que ça !
Gaïd Salah n’est pas en mesure de faire un tel travail de salut national. Ce n’est pas son rôle et ça dépasse ses compétences. Il est usé et son système est obsolète. Il faut donc l’aider à partir en bon grand-père de famille. Il n’est pas possible qu’il s’entête à contrecarrer la volonté populaire. Je suis convaincu que l’éviction de Bouteflika peut lui servir d’expérience.
Une expérience à écarter à tout prix. L’équipe dirigeante actuelle ne peut que conduire à la reproduction des scénarios inopérants, à l’immobilisme mortifère, à l’Algérie qui décline. C’est tout ce qu’elle a su faire depuis 20 ans et plus, elle ne fera pas mieux.
L’équipe à mettre en place saura élaborer, dans la cohérence et la cohésion, un plan de redressement. Un plan de sortie de crise. Une issue consensuelle et salvatrice que mérite le peuple algérien qui fraternise et qui est trop longtemps contraint au combat.
H. H.
(*) Tayeb Belaïz, président du Conseil constitutionnel, a démissionné ce mardi 16 avril