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Le pouvoir déteste-t-il les Algériens ?

junte d'Alger

« Leur part d’honneur, leur est dérobée, et le sera toujours, tant qu’ils n’écriront pas les bulletins eux-mêmes », Pierre Jakes Hélias, Le cheval d’orgueil.

-Tebboune m’zewar, jabouh el-3askar !

-Les généraux à la poubelle, wa eldjazaïr teddi el-istiqlal !

-Casbah Bab el-oued, Imazighen !

-Tizi-Ouzou, bravo 3likoum, eldjazaïr t’ftakher bikoum !.…

Ces slogans sont encore trop frais dans nos mémoires pour les oublier. Mais il est utile de les rappeler à nos bons souvenirs pour ne pas taire le fossé qui sépare le pouvoir autoproclamé du peuple.

Dans tous les pays du monde, issus des urnes ou pas, les pouvoirs en place ne méprisent pas leurs peuples autant que les autocrates algériens.

D’ailleurs, ce mépris ne s’atténue guère avec le temps mais, au contraire, il s’amplifie.

Petit rappel de l’aversion que nos autocrates portent à « leur ? » peuple :

Décennies 1960-70. Le patibulaire Boumediene est aux commandes, mais on a beau le critiquer et lui remettre sur le dos les conditions initiales que l’on sait et qui ont mené le pays à la ruine, Houari ne détestait pas la populace, mais il avait une sacrée dent contre la Kabylie laquelle lui rendait bien la monnaie de sa pièce.

Décennie 1980. Chadli est désigné par l’armée. On peut dire sans trop se tromper que Chadli Bendjedid non plus ne haïssait pas le peuple, sauf encore et toujours cette Kabylie rebelle. C’est en son temps que des les fondateurs de la première ligue des droits de l’homme furent emprisonnés à Berrouaghia comme de vulgaires malfrats, et que le printemps berbère se solde par 128 victimes tuées par le régime.

En 1992. Pendant six mois, nous avions enfin ressenti une osmose subtile entre Boudiaf et l’Algérie, y compris la Kabylie.

De 1995 à 1999. Zeroual ne détestait pas les Algériens, mais les aimait-il pour autant, puisque comme ses prédécesseurs, il ne démordait pas d’une arabisation à marche forcée, avec les résultats que l’on sait ?

De 1999 à 2019. Bouteflika l’imposteur, Aek-el-Mali le hâbleur, dans un discours prononcé à Tizi-Ouzou, se fendit d’une menace claire « Si vous êtes venus faire du grabuge, je peux en faire plus que vous !». Résultat, le printemps noir de 2001, lequel emporte, à minima, 126 jeunes Kabyles à la fleur de l’âge.

Qu’en est-il de Tebboune ? Si « la vengeance est un plat qui se mange froid », dans le cas de notre dernier chef de l’Etat, le plat qu’il consomme est déjà surgelé.

Au-delà de cette histoire de réforme de l’éducation qui ne tient pas la route, ce qui fait le plus peur, à court terme, est ce projet de mobilisation de l’armée de réserve.

Mobiliser les réservistes pourquoi faire, sinon pour mater d’éventuels débordements si jamais ces fameuses émeutes de la faim, que d’aucuns prédisent pour l’Afrique, touchaient aussi notre pays ?

Sous quelque angle d’analyse que l’on entrevoit les choses, le futur immédiat ne présage rien de bon ! Rien de toutes les décisions des nombreux conseils des ministres, tenus depuis deux ans n’en est sorti. Deux ans de stagnation entachés par l’arbitraire et l’autoritarisme le plus cynique.

Désolé pour ce schéma pessimiste, mais que l’on nous donne une seule raison d’être optimistes !

 Kacem Madani

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