Dans une contribution publiée sur un média électronique national, le chef de file du parti Jil Jadid, Sofiane Djilali, a estimé que compte tenu de son histoire et de son poids régional, l’Algérie est tenue de renforcer les outils de sa souveraineté, notamment à la lumière des transformations géopolitiques actuelles.
« Au vu de son histoire, l’Algérie doit garantir son existence en renforçant les moyens de sa souveraineté. Cependant, aucun Etat ne peut survivre dans l’autarcie. Comment alors assurer sa sécurité, sa stabilité politique et sa prospérité, sachant par ailleurs que les dynamiques de crise de la géopolitique actuelle deviennent dangereuses ? », écrit Sofiane Djilali.
Il rappellera que cette démarche qui consiste à faire face à ces enjeux impose la nécessité d’évoluer vers un nouveau modèle économique car, prévient-il, la dépendance économique à l’égard de l’étranger, reste un dilemme qui nécessite une réflexion stratégique approfondie.
« Les choix stratégiques touchant à la sécurité et à la souveraineté de l’Algérie tant politique qu’économique ont été largement surdéterminés par son histoire récente, sa lutte armée contre le colonialisme, sa tentative de construction d’un Etat post-colonial. Elle devait affronter ce défi alors qu’elle n’avait ni élite, ni entrepreneurs, ni économie, ni même une culture administrative sinon le legs d’une bureaucratie jacobine qui, depuis 132 ans, avait été au service de la colonisation », explique l’auteur de la contribution.
Faisant une rétrospective historique, l’homme politique a souligné que les choix stratégiques poursuivis par l’Algérie dans les domaines de la sécurité et de la souveraineté, qu’ils soient politiques ou économiques, étaient étroitement liés à son histoire de lutte contre le colonialisme et à son expérience dans la construction de l’Etat post-indépendance.
« Soixante-deux ans après l’obtention de son indépendance, l’Algérie n’a pas encore trouvé toutes ses marques. En particulier, elle n’arrive pas à concilier son besoin d’indépendance avec sa dépendance économique », regrette-t-il.
Et de faire observer que le projet de modernisation du pays à travers les politiques d’industrialisation, de la généralisation de l’enseignement et de la révolution agraire qu’a connu l’Algérie dans les années 1970 constituait une étape majeure pour vaincre la pauvreté, l’analphabétisme et l’ignorance.
Le projet a finalement échoué en raison de multiples facteurs, notamment l’exploitation de l’identité, la politisation de la religion, la faiblesse des qualifications de l’élite et la stagnation politique qui a conduit à de profondes crises, notamment le terrorisme.
« Durant les années soixante-dix du siècle passé, l’Algérie voulut instruire en masse pour faire sortir le peuple de l’ignorance et d’un analphabétisme généralisé. Elle s’engagea à construire un tissu productif à travers la doctrine de « l’industrie industrialisante » et mena une « révolution agraire » qui voulait rendre justice à une paysannerie qui, bien que reléguée dans la misère par l’Empire français, elle forma l’essentiel du contingent libérateur du pays », explique encore Sofiane Djilali, qui a mis en évidence les raisons qui ont conduit à l’échec de ce projet de société visant le développement tout azimut du pays.
« L’Etat socialiste, centralisateur, s’appuyant sur une armée populaire et un parti unique échoua finalement, après trois décennies, à mettre le pays sur orbite de la modernité. Trop de facteurs défavorables empêchèrent le projet d’aboutir : l’exploitation de l’identité, la politisation de la religion, l’absence d’une élite formée, les rigidités d’une « démocratie populaire » sans assise cohérente… tout cela déboucha sur une crise profonde qui pris la forme d’un terrorisme névrotique », estime le chef de Jil Jadid.
Bien que l’Algérie ait tenté au début du nouveau millénaire de suivre un modèle économique libéral, les résultats, selon lui, ont été modestes, car notre pays continue de dépendre de l’exportation de pétrole et de gaz et de l’ouverture de ses marchés aux partenaires étrangers, en l’absence de une vision ambitieuse du progrès économique.
« Au début des années 2000 et durant 20 ans, l’Algérie tenta un autre chemin ; libéral cette fois-ci. Le monde unipolaire s’était déjà imposé depuis une décennie au moins. L’architecture géopolitique semblait alors définitive. La place assignée à l’Algérie dans la nouvelle division du travail mondiale ne pouvait qu’être modeste. Elle devait continuer à panser ses plaies internes pour éviter tout débordement populaire, vendre ses hydrocarbures et en retour ouvrir ses marchés à des partenaires de plus en plus exigeants et entreprenants. Les empires du passé manifestaient de nouveau de l’appétit, face à un pouvoir national fatigué, divisé et sans ambition sinon celle de son propre maintien à la tête de la rente », poursuit l’homme politique.
Poursuivant don analyse historique, Il a constaté que le mouvement populaire de 2019 a constitué un tournant important dans l’histoire de l’Algérie sans pour autant mettre fin au statu-quo; il a laissé le pays en suspens et dans un état d’expectative, sans leadership ni vision d’avenir précise.
Pour D. Sofiane, la stratégie du pouvoir qui axée sur la gestion de l’économie par la bureaucratie, le maintien de la paix sociale par la distribution de la rente et en faisant rêver le peuple avec de vieux slogans ne pourra pas assurer l’avenir.
En attendant d’affronter les mutations inévitables de la nature même du régime politique, le positionnement du pays sur l’échiquier géopolitique et géoéconomique devra être intelligemment et subtilement défini, suggère l’auteur de la contribution.
Dans sa vision du rôle futur de l’Algérie, il entrevoit la possibilité pour l’Algérie de devenir un État pivot reliant l’Ouest et l’Est, et le Nord et le Sud, à travers l’équilibre de ses relations internationales et sa participation efficace à la résolution des conflits.
Il a souligné que l’Algérie possède des capacités géographiques, économiques et infrastructurelles qui la rendent qualifiée pour être un point d’intersection entre les intérêts régionaux et internationaux, à condition que soient menées des réformes politiques profondes garantissant la légitimité du régime et une gouvernance fondée sur l’efficacité et la transparence.
Djilali Sofiane estime, enfin, que l’Algérie a une opportunité unique de déterminer sa position stratégique dans l’économie mondiale, mais elle a besoin d’un leadership conscient et de réformes sérieuses pour y parvenir, estimant que « la sauvegarde de la souveraineté n’entre pas en conflit avec l’ouverture sur le monde dans le cadre d’une politique équilibrée et des partenariats durables.
La rédaction