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Le rassemblement du MAK interdit en région parisienne

Ferhat Mehenni

Ferhat Mehenni

Le rassemblement de proclamation de « l’indépendance de la Kabylie », ce dimanche 14 décembre, au palais des congrès de Versailles, par le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) a été interdit par le préfet des Yvelines.

Dans son arrêté, le préfet des Yvelines n’avance aucun motif visant directement l’événement que prévoit le MAK. Il pointe plutôt deux « rassemblements à caractère festifs de grande ampleur » (voir ci-dessous l’arrêté).

Néanmoins, par la voix de son président Ferhat Mehenni, le MAK entend maintenir cette annonce sur les réseaux sociaux.

C’est la première fois que les autorités françaises opposent un refus à une action de ce mouvement souverainiste. Beaucoup y voient une concession au régime algérien.

En effet, une crise diplomatique sans précédent ronge les relations algéro-françaises depuis que le président Emmanuel Macron a annoncé fin juillet 2024 son soutien au plan d’autonomie du Sahara occidental présenté par le Maroc. Rappel d’ambassadeurs, guerre de communiqués, agitation de proxy.

La tension est arrivée à son sommet avec l’enlèvement puis la séquestration d’Amir DZ dont sont accusés des agents consulaires algériens. A quelle finalité ? L’enquête le révélera sans doute. Le fait est assez grave. D’ailleurs, un mandat international contre un haut responsable algérien a été émis le 25 juillet 2025 par un juge d’instruction pour arrestation, enlèvement et séquestration. Quelques mois auparavant, un employé du consulat d’Algérie en France est arrêté dans la même affaire.

La décision de « proclamation de l’indépendance de la Kabylie » par le MAK arrive à un moment où Paris tente de renouer les liens avec Alger. Mais les relations entre les deux pays sont devenues un vrai sac à neuds.

Alors même que les enquêtes de la justice française n’en ont pas fini avec l’affaire de l’enlèvement et la séquestration de l’influenceur algériens Amir DZ, voilà qu’une autre éclate. Le ministre français de l’Intérieur Laurent Nunez était annoncé depuis plusieurs jours pour une visite à Alger, une première depuis plusieurs mois. Les autorités françaises ont-elles cédé aux pressions d’Alger surtout qu’un journaliste français, Christophe Gleizes, est condamné en appel le 3 décembre à 7 ans de prison par le tribunal de Tizi-Ouzou. Pour rappel, ce journaliste sportif de 36 ans avait été condamné en première instance pour « apologie du terrorisme » et « détention de documents considérés comme nuisibles à l’intérêt national », après un séjour en Kabylie où il préparait des reportages sur la Jeunesse sportive de Kabylie. Les autorités algériennes lui reprochent ses contacts avec un dirigeant du MAK et d’avoir travaillé sans visa presse.

Le MAK, mouvement politique indépendantiste, est classé depuis l’été 2021, « organisation terroriste » par le régime algérien. L’annonce d’autorité de la proclamation de l’indépendance de la Kabylie par le président du MAK a suscité une levée de boucliers en Algérie, plus particulièrement en Kabylie où des rassemblements sont suscités par le régime pour dénonce cette décision du MAK et réitérer « l’unité nationale ».

Tout en dénonçant la répression, l’arbitraire et les interdictions de toute expression libre, de nombreuses figures politiques de la région de Kabylie ont ainsi annoncé s’inscrire en opposition à « la proclamation du MAK ».

Yacine K.

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