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Le RCD et le PT s’insurgent contre l’acharnement judiciaire visant Belabbas et Saïdi

La répression judiciaire et politique franchit un nouveau cap en Algérie. À quelques jours d’intervalle, deux figures de l’opposition politique et syndicale ont été frappées de plein fouet par des décisions judiciaires à forte teneur politique. Le Rassemblement pour la culture et la Démocratie (RCD) et le Parti des travailleurs (PT) dénoncent une dérive autoritaire marquée par la criminalisation croissante de l’engagement indépendant.

Le 8 juillet, la cour d’Alger a confirmé la condamnation à six mois de prison ferme de Mohcine Belabbas, ancien président du RCD, pour des motifs que le parti qualifie d’« arbitraires ». Cette sentence intervient dans un contexte de durcissement général à l’encontre des opposants politiques. Pour le RCD, cette décision « illustre une volonté persistante de criminaliser l’engagement politique », dans un climat où toute voix dissidente est systématiquement assimilée à une menace.

Dans le même temps, une autre affaire suscite indignation et inquiétude : celle du syndicaliste Lounis Saïdi, secrétaire général de la fédération des cheminots affiliée à l’UGTA. Arrêté et placé sous mandat de dépôt le 5 juillet — jour hautement symbolique de la fête nationale — pour avoir osé déposer un préavis de grève illimitée, il devient la nouvelle cible d’une répression qui n’épargne plus même les structures syndicales historiquement proches du pouvoir. Le PT y voit une tentative manifeste de « remettre en cause un droit fondamental, l’immunité syndicale », en évoquant un « précédent gravissime ».

Pour les deux partis, les événements récents ne sont pas des faits isolés, mais les symptômes d’un climat politique de plus en plus hostile à l’expression libre. Le PT, dans un ton alarmiste, estime que « les lois syndicales adoptées en 2023 doivent être profondément revues », car elles transforment l’exercice syndical en délit potentiel.

En appelant à la libération immédiate des deux hommes et à la fin des poursuites contre les militants politiques et syndicaux, le RCD et le PT convergent autour d’un constat partagé : la scène nationale est en train de se refermer dangereusement sur elle-même. Les mécanismes traditionnels de médiation sociale – comme le dialogue ou la négociation – cèdent la place à la répression judiciaire et administrative.

Ce durcissement du régime envers les figures de l’opposition et du mouvement social soulève de vives préoccupations dans une société déjà marquée par une défiance profonde envers les institutions. L’emprisonnement de Louanis Saïdi, dont le seul tort semble avoir été de défendre les intérêts des cheminots, renvoie à une conception autoritaire du pouvoir où toute velléité d’autonomie est perçue comme une insubordination insupportable.

En filigrane, ce sont les libertés fondamentales – liberté syndicale, droit de grève, liberté d’expression – qui se trouvent menacées. Les cas Belabbas et Saïdi, chacun à leur manière, dessinent les contours d’une nouvelle ère où le politique et le social sont étroitement surveillés, verrouillés et punis lorsqu’ils s’émancipent des lignes imposées par le pouvoir.

La rédaction

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