Site icon Le Matin d'Algérie

Le regard critique du physicien Kacem Madani

Kacem Madani

La fraude électorale est érigée en mode opératoire pour la course au pouvoir. Cette phrase contenue dans cet essai, intitulé, Autopsie d’une Algérie jamais en paix, de Kacem Madani, suffit pour décrire le système algérien.

Sur près de 400 pages, l’auteur, un physicien qui a enseigné dans plusieurs pays du monde, raconte un pays qui se cherche. De chronique en chronique, il analyse, explique, rappelle, prend position. Au bout, le lecteur peut saisir l’essentiel de ce qui ne va pas dans un pays-continent, si riche mais incapable d’avancer vers la liberté, la justice sociale, la dignité.

Un pays dont les dirigeants ont décidé depuis un certain mois de septembre 1962 de ne jamais donner la parole au peuple. Kacem Madani plonge dans une Histoire, mouvementée, encore méconnue, à bien des égards, pour tisser le fil de son argumentation, souvent rationnelle et précise.

Il est, ici, question de matraque idéologique, d’illusions, de malédiction, de terrorisme, d’intégrisme, mais aussi de fraternité quand le Hirak prend la rue, pacifiquement, et fait peur aux véritables décideurs de ce système autoritaire. Autopsie d’une Algérie jamais en paix est également un livre qui participe au maintien d’une certaine mémoire que la propagande du régime fait tout pour qu’elle soit effacée, à jamais.

Ainsi Kacem Madani se souvient de ce médecin, Kamel-Eddine Fekhar, paix à son âme, mort après des mois de prison et de harcèlements. « Fekhar est mort, assassiné par l’inconscience au service d’un système hors-la-loi », estime l’auteur. Kacem Madani fait également l’état des lieux de « l’élite politique usée », de la folie « qui pleut », ici et là, dans le pays. Le pouvoir militaire est aussi cerné entre fiascos, menaces et ridicule.

Le livre fait place, vers la fin de l’ouvrage, à des chroniques en rapport avec la France. « Sous le voile islamique, cachez ces problèmes que nous ne saurions voir ! ». Ainsi, les médias français sont, à leur tour, épinglés par l’auteur qui ne connaît pas la langue de bois.

Préfacé par Hamid Arab, cet essai vaut le détour ; les mots précieux de Kacem Madani sont, à bien des égards, lucides et apportent de la lumière sur un pays que certains voudraient garder dans le brouillard.

Youcef Zirem

 Autopsie d’une Algérie jamais en paix, de Kacem Madani, éditions Constellations

 

Quitter la version mobile