Mardi 26 février 2019
Le régime et les présidentielles du 18 avril : la tentation du chaos.
Connaissant l’entêtement du système Bouteflika à vouloir se maintenir, coûte que coûte, au pouvoir et les coups tordus dont il s’est illustré par le passé pour asseoir son hégémonie comme par exemple la justice de nuit, ou encore tout dernièrement le recours aux entraves par des chaînes et des cadenas pour expulser le président Saïd Bouhadja de son bureau de l’APN, il ne serait pas étonnant qu’il en vienne à déployer d’autres stratagèmes non moins violents dans les prochains jours pour saborder le succès des manifestations populaires contre le cinquième mandat de Bouteflika à travers le pays.
Il se pourrait qu’il soit tenté encore une fois par ces méthodes musclées et hors-la-loi pour semer la zizanie et provoquer le chaos dont il voulait soi disant nous protéger pour justifier et forcer sa reconduction à une cinquième mandature. Tout est possible sachant qu’il a mis tous les moyens de l’état à sa solde et qu’il a plusieurs cordes à son arc.
La sagesse et l’humilité des vieux jours recommandent à un président de la République diminué par sa maladie et qui s’avouait déjà lui-même finissant par le sens de son « tab jnanna » prononcé dans son discours de Sétif en 2012, de passer la main solennellement. Le tout lors des prochaines présidentielles en ouvrant la voie à une compétition électorale ouverte, démocratique et honnête. Il offrira une chance égale à tous les présidentiables sans distinction par le fait que les moyens humains et matériels de l’Etat ne seront pas mobilisés avec partis pris ou détournés injustement pour une reconduction du système régnant.
Car, bien souvent, les hommes politiques au pouvoir utilisent les moyens que leur donne leur fonction au sein de la présidence, du gouvernement ou des autres institutions de l’Etat pour aller en rangs soudés défendre le programme de leur mentor et exalter son image de messie en vue de rempiler au prochain scrutin. Un investissement clientéliste pendant l’exercice du pouvoir qui fait que les résultats d’un scrutin au suffrage universel sont pipés d’avance. Et toute la notion de continuité qu’on nous rabâche ces derniers temps à quelques semaines du jour J procède de la même arrière-pensée.
Pour toutes ces raisons, beaucoup de pays démocratiques dans le monde ont consacré le principe de l’interdiction de briguer plus de deux mandats successifs dans leur constitution. Un principe intangible qui a été allègrement contourné à deux reprises chez nous avec la complicité des hommes d’État du système Bouteflika. Même en voulant se racheter à ce sujet lors de la dernière révision de la constitution, il n’a pas hésité à récidiver pour aller à la conquête du Graal.
Que fera-t-il dans les prochains jours à la suite du soulèvement populaire contre le cinquième mandat qui ne cesse de s’amplifier ? S’entêtera-t-il à aller malgré tout à l’assaut des prochaines présidentielles ou fera-t-il marché arrière ? Une chose est sûre, il perd la face dans les deux cas, il aura raté l’occasion d’une sortie honorable et sans grabuges s’il avait annoncé son retrait de la course aux présidentielles avant cela n’arrive.
Il peut advenir aussi qu’il persiste dans sa logique de « c’est nous ou c’est le chaos. » en allant droit vers les présidentielles pour s’imposer à tout prix au peuple algérien qui lui a pourtant signifié pacifiquement son rejet .
Un scénario des plus plausible au cours duquel il faut se croiser les doigts pour conjurer le mauvais sort car le système est prêt à tout quitte à ourdir de lui-même le chaos dans le sens où ça passe ou ça casse.