Jeudi 11 avril 2019
Le roman du peuple algérien
Le peuple n’a jamais été autant vivant, autant en révolte, autant lui-même, comme ces dernières semaines de contestation. Il est déterminé à aller à la rencontre de la démocratie, en poussant les choses à changer en profondeur pour nettoyer la maison-Algérie de tous les oligarques-parasites qui l’empêchent de prospérer, d’avancer.
Il ne s’est jamais heurté, si pacifiquement, à ce système de gérontocrates qui l’a toujours réprimé, bâillonné, méprisé, humilié, tiré vers le bas. Ce système de manigances, construit en réseaux de prédation, qui veut le maintenir éternellement otage de son jeu.
Il s’éveille, il jaillit, il naît. Bref, il écrit son roman d’une main de magicien, en pleine nuit, une nuit noire d’encre, dans le silence absolu que seul, le bruissement de «one, two, three, vive à l’Algérie!», vient troubler. Il sait qu’aujourd’hui, il n’est plus tout à fait le même et il en est heureux. Cela se poursuivra certainement ainsi jusqu’au matin, jusqu’à la clarté naissante du jour, où les premiers piaillements des oiseaux de bon augure viennent se mêler à ses chants d’espoir.
L’espoir d’une Algérie nouvelle, dessinée sur l’épaisseur de son roman en nuances et en teintes vertes, blanches, rouges, bleues, jaunes, dans une lumière azurée, plus ou moins phosphorescente.
Le peuple est uni pour le changement, c’est sa force. Il se rassemble partout avec civisme, crie ses révoltes, crie ses complaintes, ses aspirations. Les youyous fusent, les mains se serrent, les rêves se ressemblent, le bout du tunnel se précise. Les enfants du pays se retrouvent enfin, après s’être oubliés toute la nuit, comme s’ils avaient été hors d’eux-mêmes et hors d’un monde qui les regarde avec sérieux, impatient et inquiet, mais fort fasciné.
Le cœur de la mère Algérie doit assurément battre, de plus en plus fort, pour célébrer un printemps singulier, radieux, lumineux.
Belle et rebelle, elle lance d’inépuisables échos d’espérance partout, à ses voisins du Maghreb, à l’Afrique, à l’Asie, à l’Amérique Latine, et au monde entier.
Des échos qui naissent, se prolongent dans un présent plein de promesses, portés par toutes ces voix, tous ces bras, tous ces cris de jeunes qui ne rêvent que du pluriel, celui du désir brûlant de renverser la dictature, d’atteindre la liberté et la justice sociale, d’éradiquer la corruption, de changer, de partager, d’aimer, de confronter les idées et les projets dans un Etat de droit, respectueux des lois et des différences.
Ils rêvent de construire quelque chose de neuf, de solide sur lequel s’appuyer pour monter les marches d’escalier, vers le haut, vers l’apothéose, vers la démocratie.
Si nos jeunes multiplient, comme à l’infini les appels au changement, faisant résonner une réjouissante clameur d’espoir, c’est pour dire «basta» au règne des oligarques!