L’arrestation de Karim Tabbou est une honte. Le régime s’enfonce dans le déni de la réalité. Cette arrestation arbitraire et injuste ne fera que renforcer le hirak dans sa détermination à exiger la transition.

Arrêter quelqu’un qui a dit publiquement les quatre vérités à un fonctionnaire zélé qui prétend qu’en Algérie il n’y a pas de détenus d’opinions est la preuve qu’il est interdit d’exprimer son opinion. Le régime n’a aucune perspective politique de sortie de la crise politique qu’il a lui-même générée.

Au lieu de regarder la réalité en face, il s’obstine à vouloir intimider le hirak par la répression. C’est une voie sans issue. On ne résout pas un problème politique par les arrestations.

Pour que celles-ci soient efficaces, il faudra arrêter entre 20 000 et 50 000 personnes dans toute l’Algérie. Or le régime n’a pas suffisamment de personnel de service de sécurité pour mettre en prison autant de monde. Il n’a pas aussi les ressources idéologiques pour faire accepter ce chiffre au reste de la population, et même à tous les officiers de l’armée.

Le discours sur le terrorisme islamiste n’est plus efficace. Il reste au régime de choisir entre deux solutions: le scénario de la Birmanie ou celui de la transition pacifique négociée avec les personnes qu’il arrête.

J’aimerais rappeler ce passage de Youssef Rezzoug au sujet de l’arrestation de Karim Tabbou:

« J’apporte à cet effet tout mon soutien à Tabou quant à sa réaction, à lui et de beaucoup d’autres citoyens présents aux obsèques d’Ali Yahia Abdennour, face à l’outrecuidance manifeste d’un bourreau venu se mélanger à ses victimes et à celles du régime qu’il cautionne ses pratiques, mêmes les plus viles.

On ne choisit pas les lieux pour s’indigner, crier sa colère et sa douleur. Et les salons sont trop luxueux pour contenir nos douleurs, qui sont beaucoup trop. Cela fait contraste ».