Site icon Le Matin d'Algérie

Le système policier fondé par Boussouf est toujours au pouvoir

OPINION

Le système policier fondé par Boussouf est toujours au pouvoir

Le pouvoir politique algérien recourt toujours aux mêmes méthodes de diversion lorsqu’il est acculé par des événements qu’il ne contrôle pas, pour se défendre et se maintenir.

Ce comportement a une origine : c’est le système policier fondé par le colonel Boussouf pour le contrôle de l’ALN et des populations algériennes réfugiées au Maroc et en Tunisie pendant la guerre de libération nationale.

Plus tard cette organisation policière est devenue le MALG (Ministère de l’armement et des liaisons générales), qui était alors une simple officialisation des méthodes Boussouf.

En 1962, l’entrée en force de cette armée en Algérie avait dans ses bagages la sécurité militaire (SM), prête pour le contrôle de toute la société algérienne, efficace surtout après le coup d’État de Boumediène-Bouteflika en 1965.

L’annonce de vendredi dernier 12 avril, à la fin des manifestations pacifiques dans toutes les villes d’Algérie, par la direction de la sûreté nationale, de l’arrestation « d’étrangers armés prêts à commettre des attentats sur les manifestants », nous renvoie dans les années terribles de la terreur.

Le pouvoir actuel a usé des mêmes réflexes tactiques que ceux des années 1960 et 1970 : inventer n’importe quelle diversion, de préférence ‘’l’ennemi extérieur’’, pour orienter l’opinion nationale vers une direction voulue.

L’objectif de l’annonce était clair : semer la panique pour casser le mouvement populaire.

Nous sommes le 16 avril et il n’y a aucune preuve confirmant l’information diffusée. No comment.

Le système politique né dans la violence a toujours manœuvré de cette façon, et les exemples sont nombreux, citons en deux :

En 1963 déjà, Ben Bella avait déclenché le conflit armé avec le Maroc (‘’la guerre des sables’’), afin de diviser l’opposition du FFS. Il avait alors réussi à casser l’unité du mouvement et à ramener vers lui le colonel Akli Mohand Oulhadj et le gros des troupes. C’était la fin de l’insurrection FFS.

En 1978, pendant l’agonie de Houari Boumediène, la sécurité militaire avait organisé une opération de largage d’armes dans la région d’Azeffoune (dite « affaire de cap Sigli), avec des figurants manipulés. L’objectif était de détourner l’attention de la population vers l’hypothétique danger venant de l’extérieur (le Maroc étant la cible idéale), avec « la complicité des ennemis de la nation » !

La ficelle était trop grosse, et le peuple n’a jamais cru à la supercherie.

Demain, le DRS ou d’autres sigles ou les services occultes parallèles trouveront encore d’autres mises en scène les plus tordues afin de noyauter, diviser ou orienter le mouvement populaire vers une plausible impasse afin de tenter de le casser. Cependant les temps ont changé et le partage de l’information en temps réel, par les réseaux sociaux et internet est le meilleur rempart contre leur action.

C’est cette culture de la surveillance à la Boussouf, de la manipulation et du contrôle systématique de la population par des organisations de l’État, payées par les contribuables, qu’il faut éradiquer définitivement.

Il semble que l’heure du grand ménage est arrivé !

A.U. L

Notes :

* Il s’agit bien d’Abdelhamid Boussouf, l’un des 3B qui ont assassiné Abane Ramdane. Il était le spécialiste des fausses alertes, organisées toujours pas ses hommes de main, au cours des réunions de directions de wilaya ou autres, afin de prendre seul les décisions à sa convenance, avec le PV de réunion 
 

Auteur
Aumer U Lamara, écrivain

 




Quitter la version mobile