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Le vote rempart ou la dimension citoyenne escamotée 

Melenchon

La gauche française aussi hétéroclite que dispersée, minées par des égos qui feraient passer Napoléon pour un sincère modeste, marquée par diverses mutations que certains imputent à la Realpolitik liée à l’exercice du pouvoir, cela peut de prime abord constituer une clé de décryptage à moindre coût.

Mais l’étendue des désertions de cette dernière sur l’essentiel de son message humaniste a démontré bien plus que cela.

Ses renoncements successifs qui se sont accompagné de l’effondrement de sa base
sociologique, aussi hétéroclite que désorientée, accompagné d un fort sentiment de
trahison.

Le projet de désindustrialisation et de l’orientation vers une société de services fût vendu
par la gauche comme un progrès social, en oubliant de dire par là même que ce progrès
profitera de manière déséquilibrée et injuste à la société.

Les bullshit jobs de la communication des RH et des financiers rémunérés par des salaires
astronomique ont complètement cloisonné la société dans de nouveaux paradigmes, le SAV
est assuré par la gauche. Les politiques de la ville ont fini par sceller cette nouvelle donne
ou la citoyenneté n’a plus sa place.

La panne d’imagination doublée d’une incapacité à se recréer, la gauche sclérosée a choisi
de se complaire dans cette situation. Cette situation n’est pas simple à expliquer il faudra
aller voir ses modes de fonctionnement de pensé et son rapport à la société.

Ce n’est plus l’engagement au service d’un idéal qui en constitue le substrat mais plutôt des trajectoires et de carrières politiques et cela la société n’en n’est pas dupe, il n’y a qu’a
revenir sur les revers électoraux qu’elle ne cesse d’essuyer sans que cela n’ait une
incidence sur sa trajectoire suicidaire.

L’extrême droite s’est approprié tout le lexique de la gauche avec l’adjectif « NATIONAL ».
L’absence de la dimension citoyenne dans sa quête des suffrages suffit à elle seule à en
disqualifier la démarche, la logique qui va du vote utile à celui du vote rempart à fini par
galvauder cet acte citoyen arraché de haute lutte, finit par révéler l’étendue du naufragé.

Le discours à l’intention des couches sociales que la gauche a fini par désigner tantôt de
minorités invisibles devenues trop visibles exprime une incapacité à rompre avec ce
paternalisme indécent qui plonge ses racines dans l’empire colonial.

Réduire l’apport des citoyens de diverses origines à une variable d’ajustement électorale,
devrait inciter les intéressés à se poser des questions sur le type de rapports à développer
avec le monde politique en général et la gauche en particulier.

Les voix d’Orphée qui font reposer le destin de cette élection sur les épaules des ces
minorités participent de fait au maintiens de la nature de ce lien qui n’offre comme
perspective à quelques heureux élus, qui feront vivre la tradition de la représentation
indigène que de devenir des électeurs de seconde zone pour ne pas dire de second
collège.

La citoyenneté a ses propres contingences dont la gauche s’est affranchie le mal est
profond.

Boukhalfa Benmamar

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