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L’écologie et le gaz de schiste en Algérie

ANALYSE

L’écologie et le gaz de schiste en Algérie

Certes, le capitalisme, ce serpent de mer, arrive toujours à surmonter ses propres contradictions à tel point que l’écologie est devenue un marché comme un autre. Mais ce qu’il y a de fondamental dans l’écologie matricielle c’est la prise en compte de la rareté des ressources d’un écosystème nécessairement partagé par ses occupants. 

Alors que le capitalisme tend à une expansion vertigineuse, l’écologie nous enseigne que les potentiels de la terre sont dépassés et atteignent la limite du renouvellement  si ce n’est l’épuisement des ressources naturelles.

Et c’est pour cette raison qu’on dit que les êtres humains vivent de la dette envers la Terre où le seuil de la consommation annuelle de l’an dernier a été atteint (jour de dépassement) le 29 juillet en 2019. Cette tendance accentue l’épuisement des ressources naturelles comme le montre l’étude publiée dans l’encyclopédie du développement durable. Au même titre que les études sur le réchauffement climatique du GIEC, les différents inventaires des organismes spécialisés sur la biodiversité donnent l’alerte sur l’extinction de différentes espèces animales et  végétales.

Cette tendance impacte la vie sur terre où un certain nombre d’analystes envisagent sérieusement l’heure collapsologique. Même si les climato-sceptiques les traitent de « Prophètes du malheur » selon les mots employés par le président américain, il n’en demeure pas moins que le réchauffement climatique occasionne catastrophe sur catastrophe qui mettent en péril la diversité biologique et parfois d’une manière spectaculaire accélère le rythme des sécheresses et des inondations.

La question écologique devenue une affaire politique traverse tous les courants politiques et suscite des avis divergents sur l’urgence du problème climatique. Certainement, l’écologie est devenue incontournable parce que le réchauffement climatique cause des dégâts incommensurables non seulement à l’anthropocéne mais à tout l’écosystème.

Du coup, les prévisions des climatologues ne sont pas dénuées de sens lorsqu’ils alertent sur la dangerosité de la situation de la planète. Un tant soit peu, la fiction d’un autre lieu résidentiel pour l’homme qui est fondamentalement un problème ontologique de l’Etre-là reste virtuelle tant que l’astrophysique est incapable de déceler dans le cosmos les moindres conditions géo-climatiques et physico-chimiques similaires à celles de la planète bleue.

Dès lors, contentons-nous de l’existant tel qu’il est pour affirmer encore une fois que le seul abri « anthropologique » n’est pas comme le pensent certains l’Etat mais bel et bien l’universalité naturelle de cet Etre au monde. A ce sujet malgré quelques idées futurologiques, l’homme au monde est cette espèce intrinsèquement lié à la terre.

En effet comme la révolution post-moderne (au lieu de la condition post-moderne) n’a pas encore eu lieu, on peut dire que le destin de l’homme est intimement subordonné au devenir de la planète terre. Il va de soi que ces observations sur l’anthropocène sont un manifeste de l’involution comme méthode anti-corrosive de l’homme. Sur ce principe général, le développement exponentiel du capitalisme non régulé est la part maudite de l’existant.

Autant que l’homme soit toujours dévastateur dans l’exercice de la puissance autant le rendu est implacable dans l’acte de l’habiter selon l’expression d’un Martin Heidegger considéré par un certain nombre d’auteurs de précurseur de l’écologie moderne. Alors, il faut bien admettre même si nous ne sommes pas du tout d’obédience heideggérienne que le controversé philosophe allemand (admirateur du germanisme triomphant) à été l’un des premiers critiques de la technique. De toute façon, l’acte d’habiter de l’homme n’est plus le même et ne peut se résoudre à la férocité de l’entreprise capitaliste.

De facto, il faut reconnaître que par principe le raisonnement écologique est le plus adapté à la répartition équitable des richesses que la tentation capitaliste des grands écarts entre les riches et les pauvres. Les derniers chiffres publiés sont effarants lorsqu’on constate qu’au environ « deux mille personnes » détiennent plus de soixante pour cent de la richesse mondiale. En ce sens l’écologie politique est l’instrument le plus utile de la mutation économique nécessaire à la réhabilitation de la terre pour la survie de l’homme. Du coup, il ne sert à rien  comme le font certains milieux écologistes de se quereller sur l’humanisme pour faire l’apologie naturaliste.

En ce sens, le débat est dans la limite de « l’habiter » comme capacité adaptative de l’homme. Cet « habiter » est le cadre général des besoins économiques transformés par de nouveaux modes de production et de consommation des biens. Le développement durable est une urgence pour arrêter le processus destructeur qui au besoin doit pendre en considération tous les écosystèmes et tout au mieux ralentir le réchauffement climatique pour permettre à la sauvegarde de la biodiversité. A partir de ces données mondiales, l’exploitation du gaz de schiste en Algérie soulève beaucoup de problèmes écologiques.

Hocine Malti a bien fait de mettre en relief les difficultés techniques liées à cette exploitation à laquelle les autorités font face. En outre, les propos sur le gaz de schiste du président Tebboune, sont offensants pour l’opinion algérienne qui refuse pourtant ce type d’industrie ravageuse du milieu naturel.

Certes, il n’en a cure des observations des spécialistes et de l’opinion publique en faisant mine de comprendre les enjeux écologiques d’une telle industrie. Or, le fait qu’il paraphrase le président américain n’est pas une réponse appropriée à la situation algérienne sur laquelle les habitants des régions concernées ont déjà dit « non » à l’exploitation du gaz de schiste non seulement en remettant en cause les  techniques de la fracturation hydraulique mais aussi en refusant d’être victimes d’une pollution à grande échelle. 

La non-maîtrise de la technicité anti-pollution en Algérie n’est pas à démontrer lorsqu’on constate avec amertume que de vastes zones du Sahara qui ont été contaminées par les expérimentations nucléaires françaises n’ont pas été dépolluées à jour. De plus, les enquêtes de terrain font remonter qu’il y a toujours des laissés pour compte atteints par la radioactivité nucléaire des explosions que ont eu il y a de cela plus de soixante ans. 

Ne parlons pas de l’état lamentable des villes algériennes ou de la situation alarmante de la mer Méditerranée. 
 

Auteur
Fateh Hamitouche

 




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