Au cœur des Zibans, région lumineuse et mystérieuse, se dresse le mausolée de Sidi Zarzour, sanctuaire chargé d’histoire et de spiritualité. Bien plus qu’un simple monument, il incarne l’âme de Biskra et témoigne de la foi profonde des habitants, défiant depuis des siècles les forces impétueuses de la nature.
Né au XIe siècle, Sidi Zarzour fut un érudit mystique dont la sagesse traversa le temps. Avant de mourir, il prophétisa que son tombeau, bâti sur le lit de l’oued Biskra, résisterait aux crues, provoquant la division des eaux pour contourner sa sépulture. Ce miracle naturel lui valut le surnom de « Quassam el-Ouidane », le « Coupeur de Rivière ».
Chaque crue semble confirmer cette légende : la rivière se scinde pour préserver le mausolée, symbole d’une foi capable de dompter la nature. L’architecture sobre et élégante du lieu, aux teintes blanches et vertes, s’intègre harmonieusement au paysage aride des Zibans, incarnant la fusion entre l’homme, la nature et le sacré.
Ce sanctuaire attire pèlerins et fidèles en quête de protection et de bénédiction. Au fil des générations, il est devenu un refuge spirituel où le temps suspend son cours et où l’on trouve la paix intérieure.
Ma visite en avril, sous le souffle chaud du désert, m’a révélé la puissance de ce lieu. Le lit de l’oued, calme à cette saison, évoquait la promesse du « Coupeur de Rivière » : la certitude que la force des eaux pluvieuses se plie à la volonté divine. Face au mausolée, j’ai ressenti cette présence intemporelle, cette bienveillance qui protège et apaise.
Depuis 2012, le « Maoussem Sidi Zarzour » célèbre chaque décembre cette mémoire vivante, mêlant traditions, chants et danses dans une fête populaire qui ravive l’esprit des Zibans.
Le mausolée de Sidi Zarzour demeure ainsi un gardien éternel, protecteur d’une terre sacrée, symbole de résilience, de foi et d’héritage culturel, inspirant les croyants et voyageurs en quête de lumière et de réconfort.
Djamal Guettala