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Leïla Haddad au pays des braves caporaux !

Le bloc-notes de Mohamed Benchicou

Leïla Haddad au pays des braves caporaux !

Mustapha Berraf plaide pour le prix Nobel à Bouteflika

Tout le monde est averti : avec Bouteflika, l’excès, le mensonge, la mythomanie et le grotesque ne sont tolérés que dans un sens : le sens du poil.

Notre consoeur Leïla Haddad, accusée d’excès, aurait dû s’en rappeler, elle dont on se plaît, ici et là, à rappeler perfidement qu’elle fut correspondante de l’ENTV, autrement dit qu’elle a mangé de ce pain du déshonneur qui vous classe à jamais dans les rangs de l’infamie et vous interdit toute velléité de parole libre.

Un confrère plus perspicace que les autres s’est même laissé aller à traiter Leïla Haddad de «pseudo-journaliste» dont il ne comprend pas qu’elle ait pu bénéficier des moyens de l’UE pour enregistrer sa vidéo, voulant signifier, sans doute, que quitte à être un pseudo-journaliste, autant bénéficier des moyens de l’Etat et de la publicité de l’Etat en contrepartie d’articles bienveillants à la mode les trois singes : rien vu, rien entendu, rien dit.

Le journalisme des majordomes et des caporaux, qui fait fureur par les temps qui courent, revendique le privilège de la servilité.  

Ainsi, présenter, comme le font nos laudateurs, avec une rare impudence, Bouteflika comme un Tarzan qui a ramené la paix, le bonheur, le soleil et, très bientôt, Hollywood et le parc Disneyland, est un acte hautement patriotique à l’inverse de la félonie de cette Leïla Haddad qui s’abandonne à dire de notre vénéré président qu’il n’est plus qu’un pathétique personnage livré à sa propre ambition et à celle des obscurs manœuvriers qui l’entourent. Car enfin, comment accepter que des institutions de l’Union européenne aient pu servir à dire des vérités qu’on s’emploie à taire en Algérie ?

Les institutions, comme chacun le sait, servent à déblatérer des boniments, là est leur rôle, et c’est un spécialiste qui vous le dit, en l’occurrence le Président de l’Assemblée populaire nationale (APN), Saïd Bouhadja qui dénonce, sans rire, « l’utilisation du symbole que représente le Parlement européen en tribune pour déverser des diatribes haineuses contre l’Algérie et ses institutions », estimant qu’il s’agit là d’une  « transgression des règles de la morale et des convenances diplomatiques et politiques ». On aura bien saisi que la respectable APN se garde, elle, de transgresser la morale, elle qui accueille en son sein toutes sortes de voyous et de malfrats qui se font appeler « députés » et qui, savamment mélangés à des politiciens du strapontin, forment glorieusement cette Assemblée nationale loufoque que le monde entier nous envie.

Mme Haddad a décidément bien des choses à apprendre. Utiliser les moyens de diffusion de l’Union européenne pour des vérités inadmissibles à l’heure où le personnel de service et les régiments d’écuyers s’activent à inventer une grandeur au président avant sa mort et, plus précisément, à lui faire obtenir le prix Nobel de la Paix, est une scélératesse inadmissible au pays de la sournoiserie.

Les moyens de la propagande internationaux sont réservés aux pieuses menteries de nos fourbes dirigeants. 

Ainsi, et à l’inverse de la farfelue initiative de Leïla Haddad, faire publier un article signé Abdelkader Messahel à la gloire de notre inestimable président dans le Washington Times et payé 500 000 dollars par le Trésor algérien, est une initiative qui relève, elle, de l’usage patriotique des moyens d’information internationaux. Ainsi va l’époque. C’est à qui sera le plus obséquieux. « Comment un homme qui a pu ramener la paix au plus grand pays d’Afrique n’ait pas reçu (encore) le prix Nobel de la paix ? », s’étonne Mustapha Berraf, le président du Comité olympique algérien, qu’on ne connaissait pas si peu indifférent à sa propre dignité et qui a même franchi la ligne du déshonneur en apprenant aux Algériens qu’ils doivent à Bouteflika d’avoir droit « au logement gratuit, à l’école gratuite, à la formation professionnelle gratuite, à l’eau gratuite et au gaz qui est à la portée de pratiquement toute la population ».

Je suppose que notre ami Berraf loge dans une de ses résidences d’Etat réservée à la clientèle du pouvoir, ce qui lui fait ignorer le prix du gaz, du pain, de l’eau et, bien entendu, celui de la dignité.

M. Berraf plaide pour le prix Nobel à Bouteflika pour une raison indiscutable : il a assisté à une rencontre entre Bouteflika et son homologue sud-coréen lors des Jeux olympiques d’été de Pékin en 2008 et au cours de laquelle « Son excellence M. le président a reçu le président de la Corée du Sud et lui a signifié clairement qu’il devait agir à la réunification des deux Corées. Il lui a dit ”l’Allemagne a pu se réunifier et vous qui êtes aussi un seul peuple vous devez vous réunifier immédiatement”», raconte M. Berraf à TSA. Ce témoignage, soutient M. Berraf, est suffisant pour consacrer Bouteflika « homme de paix ». Et tant pis si, dix ans plus tard, les deux Corées appelées à se « réunifier immédiatement » sont toujours, et plus que jamais, séparées et que la parole de Bouteflika a compté pour du beurre ; tant pis si, au lieu de se hasarder à donner des conseils au président sud-coréen, Bouteflika aurait dû plutôt en demander pour faire de l’Algérie un pays émergent.

Pour M. Berraf, c’est une leçon magistrale de politique qu’a donnée Bouteflika à son homologue sud-coréen qui, nous précise le président du Comité olympique algérien « était gêné ». Cela vaut bien un Nobel de la Paix ! M. Berraf qui a dû être meilleur basketteur que flagorneur, vient de prouver qu’on a beau être grand pour pratiquer le basket, on devient un nain à vouloir pratiquer la politique de la basse flatterie. Il aurait dû en laisser l’usage à Djamel Ould Abbès ou Abdelkader Messahel, deux praticiens chevronnés de la pommade et de l’obséquiosité.

Lui, n’en n’a ni le talent ni la formation. Brosser les bottes du seigneur est un métier qui s’apprend. Berraf n’avait rien à faire dans cette compétition entre mauvais adulateurs. Le président du Comité olympique algérien devrait faire un usage plus modéré de la formule de De Coubertin : l’essentiel n’est pas toujours de participer.

 

Auteur
Mohamed Benchicou

 




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