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Leïla Marouane : « Lettres d’Algérie », la mémoire à vif d’une décennie noire

Leila Merouane

Trente ans après avoir fui l’Algérie, Leïla Marouane continue de prêter sa plume à ceux que l’on voudrait faire taire. Avec Lettres d’Algérie, son dernier roman paru le 12 mars 2025 (Éditions Abstractions, broché), l’écrivaine franco-algérienne offre une plongée saisissante au cœur des années 90, cette « décennie noire » qui a laissé des cicatrices profondes dans la mémoire collective.

L’histoire se déroule à Constantine, en 1999. Massi, un jeune homme en quête de liberté, tente d’échapper à la conscription militaire. Sa grand-mère Jazia, mémoire vive d’une famille déchirée, l’accompagne dans ce combat silencieux. À travers une correspondance nourrie avec sa sœur Jenna, Massi dévoile les fractures d’une Algérie marquée par la violence, l’exil, les tensions et les non-dits.

Entre rites ancestraux et révoltes intimes, traditions familiales et aspirations à l’émancipation, Lettres d’Algérie est autant un roman d’apprentissage qu’une chronique politique. Leila Marouane y explore les contradictions d’une société tiraillée entre fidélité aux racines et désir d’un avenir libéré.

Ce récit résonne avec une actualité brûlante. Alors que la censure connaît un regain dans les deux rives de la Méditerranée, et que des voix comme celle de Kamel Daoud sont muselées, Leïla Marouane poursuit, avec détermination, son combat littéraire entamé il y a plus de trois décennies.

Victime d’une attaque terroriste en Algérie, exilée à Paris depuis 1991, la romancière — traduite, primée et reconnue — n’a jamais cessé d’interroger la mémoire et de défendre la liberté d’expression.

Les lecteurs pourront la rencontrer le samedi 10 mai à 16h30 à l’Institut du Monde Arabe à Paris, pour échanger autour de son œuvre et de son engagement.

Djamal Guettala

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