Le courant « islamo-arabo-nationaliste » enchaîne les victoires sur le plan politique en Algérie. Chaque avancée de ce courant accentue la rupture entre les démocrates et la société, creusant un vide de plus en plus profond. Après avoir imposé l’anglais au détriment du français dans l’enseignement supérieur, instauré des codes religieux dans la législation familiale, réglementé les écoles privées, c’est désormais l’histoire qui est prise pour cible.
Leur objectif : réécrire l’histoire à leur avantage, derrière une communication habile et une mise en scène spectaculaire. Cette stratégie s’appuie sur une idéologie fanatique visant à imposer un modèle de société qui, selon l’islamologue Mohamed Arkoun, conduit à une « ignorance institutionnalisée ».
L’apparence affichée n’est qu’un écran de fumée : leur but réel est d’inscrire l’identité algérienne dans un processus conforme à leur propre idéologie. Mais qui sont les instigateurs de cette démarche ? Pourquoi ce courant politique agit-il principalement pour « remettre la société dans le droit chemin » ?
Lorsque l’école tombe entre leurs mains, le contenu des manuels scolaires, soigneusement filtré et institutionnalisé, devient une vérité incontestable. Sur les réseaux sociaux circulent des images d’enseignants affichant fièrement des pratiques religieuses à l’école, alors même que l’humanité a mis des siècles à séparer le religieux du scientifique. Comment développer un esprit scientifique lorsque la référence religieuse prime sur la pensée rationnelle ? Pourtant, la véritable fierté devrait résider dans la qualité des soins, le bon fonctionnement des institutions, et la préservation du dialogue. Aujourd’hui, on assiste impuissant à la disparition de la culture du dialogue et, plus largement, de notre culture. Cette mutation anthropologique annonce un avenir sombre, éloignant la société de l’État de droit et d’institutions durables, pourtant garantes de stabilité.
Les démocrates, quant à eux, voient leur nombre diminuer et leur présence politique s’effriter, parfois par choix, par crédulité, ou par absence de stratégie claire. Leur retrait volontaire du champ politique, associé à une incapacité à proposer un projet politique et sociétal cohérent, réduit considérablement leur influence. Se limiter à l’analyse et à la résistance ne suffit plus : les symptômes de l’échec sont déjà bien identifiés. Il ne reste qu’à trouver des femmes et des hommes capables d’insuffler un renouveau à la culture démocratique. Cependant, à ce rythme, on risque l’oubli.
Yazid Haddar,auteur

