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L’épreuve humaine et la tentation du croûton

Croûton

La vie est une épreuve, la tentation est parmi les plus illusoires pour la contourner. Le mensonge pour éviter l’épreuve de l’engueulade. La tentation du gâteau au chocolat dans le frigidaire en évitant de penser à son poids. L’hypocrisie de la promesse de la dernière cigarette et ainsi de suite.

À chaque épreuve est en embuscade une tentation. Mais il y a des épreuves qui dépassent la possibilité humaine commune comme éviter l’orchestre de musique andalouse lorsque vous avez quinze ans, qu’on vous invite à un mariage et que vous ne pouvez pas vous dérober. Il faut tenir et ne pas avoir la tentation de la fuite pour une raison grossièrement inventée.

Et parmi les tentations de haute intensité, le crouton de la baguette de pain. Vers onze heures de la matinée vous savez que vous ne pourrez pas l’éviter, vous l’attendiez et vous la redoutiez. Mais il faut bien manger et aller acheter du pain. Sous le couvert d’une chronique burlesque qui va suivre, j’espère que le lecteur comprendra que nous parlons de la symbolique des épreuves de la vie et des tentations comme je l’avais annoncé.

Ce jour mémorable de l’épreuve suprême, j’ai dû aller dans une boulangerie trois fois plus loin pour cause de la fermeture de la nôtre. Il y a des moments où vous avez envie d’étrangler celui qui a inventé les jours fériés.

La voilà dans la main avec son regard du diable, l’épreuve tant redoutée est ce-jour-là trois fois plus difficile vu le triplement de la distance. Vous vous essayez tout d’abord au premier degré de l’arme contre la tentation, le détournement du regard, mais l’astuce ne dure qu’un petit moment, trop court.

Vient ensuite le second niveau de la parade, mettre l’objet redouté derrière le dos. Mais le ridicule est parfois plus fort que la tentation. Le premier tiers du parcours est atteint et vous vous dites que l’épreuve était finalement très facile et vous lui avais résisté.

C’était trop rapidement se rassurer car pour le second tiers de l’épreuve la tentation a décuplé. Pour atteindre la fin de ce second parcours  c’est le coureur de marathon qui puise dans ses dernières forces. Mais dans le troisième tiers, c’est le feu de l’enfer qui veut vous arracher un torrent de sueur.

Enfin devant la porte d’entrée, la lumière est au bout, la victoire attend, la fierté s’invite avec le triomphe dans les yeux. Et là mes chers lecteurs, tout s’effondre, les efforts contre la tentation s’écroulent, le croûton de la baguette a été dévoré avec autant d’avidité que l’eau par un rescapé du désert. 

L’échec est humiliant, vous rentrez dans cuisine, la tête base de ne pas avoir vaincu la tentation. Dans un dernier effort de dignité, vous vous essayez à la plus piteuse des dissimulations en coupant la baguette en tranches qui ne font plus apparaitre la partie du croûton dévoré. 

Puis un jour, elle vous regarde avec un sourire sournois, prenant l’autre crouton à la main et vous dit, c’est dur d’être un orphelin !

Par cette anecdote très légère, je voulais rappeler au lecteur combien la vie n’aurait aucun sens si elle n’était pas balisée par de nombreuses épreuves. Une vie sans croûton de pain, quel serait sa saveur ? 

Et à chaque avancée dans la vie, celle-ci élève niveau pour vous soumettre à des épreuves encore plus dures pour vous éprouver. Demain, c’est le week-end, ce n’est plus seulement l’épreuve du croûton mais celui de la pâtisserie. 

L’être humain et une force, il est toujours vainqueur s’il y met les efforts nécessaires. J’y arriverai un jour, j’y arriverai !

Boumediene Sid Lakhdar

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