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L’errance : la névrose moderne

OPINION

L’errance : la névrose moderne

Les appareils répressifs deviennent hégémoniques quand les militaro-bourgeois parviennent à commettre l’acte le plus salutaire, croient-ils, qu’est le politicide.

Or, la gauche socialiste nous a appris, à nous Algériens, à ne pas nous départir de nos engagements politiques pour parvenir à la négociation des droits sociaux. Les arrestations, les condamnations des militants rentrent dans l’ordre normal des dictatures militaristes qui trouvent toujours des adeptes dans le sous-ordre social pour diverses raisons. Les pseudo-légalistes sont dans l’ordre alter-libéral ; en manque la marque. Appelons-les gauche, droite, etc.

L’Algérie, système militaro-bureaucratique, est devenue un espace où le politique est réduit à la compétition (illicite) pour l’accès au pouvoir qui s’exerce en dehors des institutions. L’instrumentalisation des institutions de l’Etat tant civiles que militaires ne gêne pas les décideurs dans les opérations de violation des sacralités verbales et des dogmes nationaux.

Autoriser les troupes militaires à opérer dans un ordre donné par les forces libérales, c’est accepter que, par des arguments fabriqués par les officines, d’abdiquer devant l’impérialisme. L’argument, quand il passe à son pur versant technique, réussit à se démettre de tout reproche idéologique et à rompre avec le discours normatif. L’argument est une bâtardise intellectuelle tant il est fait pour justifier au même temps une thèse et une antithèse. Accepter de jouer dans l’arène internationale reviendrait à légaliser, voire légitimer, l’ordre mondial piloté par des décors traumatisants qui ont adopté la refondation des rapports de force internationaux.

Notre civilisation, connue à travers l’Histoire par ses valeurs humaines et pas religieuses, est mise en jeu par des décideurs qui font tout pour nous départir de notre capital psycho-intellectuel que nous avons acquis dans des douleurs atroces et dans les peines capitales que l’Afrique du Nord a ressentie avec les opprimés de toutes les patries dans les dures luttes menées pour l’accès à une place dans l’ordre humain. 

Les militaro-sécuritaires se sont-ils convertis en islamo-militaristes ? En conservateurs vils et ennuyeux ? En veillant sur la continuité des traditions héritées du topo originel (politique devenu apolitique) qui a vu la naissance de la psyché politique de la dualité officiels/militants, les décideurs et leurs théoriciens croient pouvoir convaincre par l’idée de la possibilité de voir la horde originaire resurgir et par la possibilité de voir se tisser un lien entre la modernité et le libéralisme  : pour les officiels la lutte politique est une menace qui pèserait sur ce qu’ils appellent l’intérêt suprême de la Nation. Il se trouve que pour les castes dirigeantes, appuyées par les appareils militarisés et naturellement faussement civilisés, il n’y a pas qu’une Algérie, c’est la leur, celle des privilèges, des manœuvres et de toutes sortes de perversions intellectuelles, dont la trahison de la logique défaite de son immanence.

La logique des décideurs a des adeptes, voire des soldats, dans les rangs des masses et les élites tant pensantes que sociales.

Les élites pensantes ce sont les producteurs des sens complexes ; les élites sociales ce sont les relais des sens ambiants ; les masses pensantes, c’est le corps pédagogique de l’université ; les masses sociales ce sont celles qui ont été dépourvues de tout regard critique sur les savoirs officiels et institutionnels.

Ces groupes n’arrivent plus à poser les problématiques avec discernement et possibilité de passage à l’acte verbalisateur. Faut-il pour autant nier les grâces accordées par l’expérience à l’acte terminal sanctionnant le fait historiquement neutre sur la question doctrinale ? 

Les recours excessifs à la répression seront dans l’impasse historique qui caractérise la logique tensionnelle : les militants savent comprimer, pour ne pas tomber dans le ressentiment. Les militants ne croient pas en la sentimentalité ambiante : les détenus ont vaincu les appareils répressifs. L’Histoire retient même si la « mémoire » est sélective. L’affect des détenus politiques et d’opinion se mythifie à cause de la partialité féconde des verbalisateurs : ils sont des dominés réprimés par les destructeurs de la possibilité d’une psyché collective antibourgeoise. Mais les démystificateurs finiront par déblayer le terrain à la rationalité et à la culturation antibourgeoise. 

2° Souhaits…fades

La complaisance politique, c’est l’assassinat du savoir : des poèmes seront dédiés aux détenus d’opinion, des parfums feront de leurs jours les moments les plus beaux et les plus joyeux, des lumières défieront leur légitime amertume, des mots les mettront au centre du Ciel pour les placer dans le plus haut point du bonheur et de la quiétude, des attentions et des sympathies les sauveront de la dictature de la contingence, des récits leur donneront des mythifications fécondes les faisant héros et héroïnes, des eaux les purifieront de tout ressentiment, des corps les mettront dans leur statut de victimes responsables et dignes. 

 Venu le soleil lucide

Dédiant à la dignité

Les temps le savent

Les mots de l’Histoire

 

Jetant sur les esprits 

Pour leur offrir dans

La quête du bonheur

Que les vaillants 

 

Fuient dans les cœurs

Des roses qui fanent 

Au sourire du militant

Retrouvé dans les geôles 

Des persécuteurs décomplexés

Des tyrans faits pères

De force et de violence…

Comprenne qui voudra…

Auteur
Abane Madi

 




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