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« Les bandits d’honneur » de Hocine Redjala

CINEMA

« Les bandits d’honneur » de Hocine Redjala

Le réalisateur Hocine Redjala, au cours d’un tournage.

Réaliser un film documentaire sur le thème des « bandits d’honneur en Kabylie » est une véritable gageure  tant le sujet est vaste, complexe et délicat, d’autant plus que les personnages ciblés sont parfois controversés.

Habitué à s’engager dans les voies étroites et difficiles, le cinéaste réalisateur algérien Hocine Redjala relève le défi avec l’aisance intellectuelle et artistique qui a ravi un public intéressé venu  assister à la projection d’un extrait de l’œuvre encore inachevée. Une demie- heure de visionnage a suffit à l’assistance pour se faire une idée de l’ampleur du projet en gestation, de la densité des archives  qu’il a fallu rassembler et du travail de recherche que cela a nécessité.

D’illustres anthropologues et historiens dont Alain Mahé, Benjamin Stora, Antonin Plarier et Mohammed Dahmani, ainsi que l’universitaire Hend Sadi se sont prêtés à l’exercice d’éclaircissements de ce phénomène social qui a marqué l’histoire de la Kabylie et des Aurès, puis de l’Algérie entière de la fin du XIXe à la moitié du XXe siècle. Des témoignages saisis parfois in extremis, auprès de vieilles personnes comme la femme et la belle sœur  d’Ahmed Oumeri, indiquent un travail de terrain qui donne toute son authenticité et son poids d’émotion au film.

On y découvrira aussi des femmes qui s’étaient illustrées dans cette forme de résistance à l’ordre colonial. Par ailleurs seront évoqués les bandits d’honneur les plus célèbres à travers l’histoire et le monde. La durée de projection, au final, prendra plus d’une heure et demie, selon son auteur.

Ambitieux et tenace, Hocine Redjala compte mener son œuvre jusqu’au bout, malgré les moyens financiers qui lui font défaut. Un film d’une telle importance, porté par un talent déjà confirmé par de nombreuses productions aussi audacieuses que brillantes ne peut nous laisser indifférents devant les difficultés de cet  artiste qui a toujours pratiqué son art loin de toutes compromissions, en toute liberté. Une attitude qui lui a souvent coûté des déboires qu’il a assumés avec une dignité  remarquable. Plusieurs arrestations, une balle de gendarme dans la cuisse, une censure harcelante n’ont jamais réussi à égratigner sa volonté de faire et de bien faire son métier.

Rappelons qu’il  a réalisé entre autres un portrait de Matoub Lounes, un reportage sur le vif, des événements de 2001 (Printemps noir ), une enquête sur les mines anti-personnel et un autre sur la situation des libertés d’expressions en Algérie «L’encre de la liberté ».

Ce franc-tireur de l’image témoin, encore dans la jeunesse de sa carrière, présente déjà, un fonds de références impressionnant  par ses audacieuses investigations dans le domaine de l’actualité, de l’histoire et de l’anthropologie.

Très souvent contraint au parcours du combattant pour mener ses projets à terme, Hocine Redjala ne lésine sur aucun effort, aucun sacrifice pour accomplir sa mission. Malheureusement, quand l’argent, ce nerf de la guerre, vient à manquer, les meilleurs et les plus beaux engagements risquent d’être compromis.

Nous savons que les institutions algériennes en charge de susciter, d’encourager et d’accompagner les créateurs dans leurs productions participent plutôt à l’appauvrissement  du champ culturel par la promotion de la médiocrité. Leurs subventions sont soumises aux conditions d’une allégeance politique et idéologique que beaucoup d’entre les cinéastes hélas, ne refusent pas.

Nous constatons également l’absence grave et grotesque de mécènes dans ce domaine, sinon, ceux nombreux, qui financent sans retenue pour des raisons peu louables, la pléthore de mosquées qui accablent les consciences. Que de gâchis, de talents brisés, de chefs d’œuvres perdus, car les détenteurs de l’argent se refusent  au geste éminemment patriotique de sauvegarder et de promouvoir le potentiel créatif de nos artistes.

C’est avec ses maigres ressources que Hocine Redjala tente d’affronter les difficultés qui se dressent devant l’accomplissement de son œuvre.

Selon sa déclaration, jusque-là, seul un ami proche, en l’occurrence M. Sadat Abdelaziz, un tout jeune entrepreneur,  a été sensible à son malaise. Et, son aide a été fort appréciée. Nous osons espérer qu’il s’en trouvera d’autres contributeurs intéressés par ce projet qui apporteront finances ou archives pour l’enrichir et le faire aboutir.

M. G.

Pratique. Hocine Redjala a créé RHProd, une société par actions sise au 7, avenue du Parc-aux-Biches 91000, Evry France.
 

Auteur
Mokrane Gacem

 




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