Non seulement nous connaissons tous la théorie d’Ivan Pavlov mais nous en faisons un usage constant par une expression éponyme, le réflexe de Pavlov.
L’être humain est conditionné pour répondre à un certain nombre de besoins nous dit Yvan Pavlov, un médecin et physiologiste russe. Il est très fréquent que la science passe par une étape préliminaire, l’observation et l’expérimentation sur des animaux. Pavlov le fera avec un groupe de chiens.
Par l’observation il nous a appris que les chiens étaient conditionnés par le réflexe de mettre en action certains comportements afin de satisfaire cinq niveaux de besoins représentés dans une pyramide qui porte son nom. Chacun étant prioritaire à celui placé au-dessus.
La base de la pyramide est celle du besoin physiologique, manger, boire…. Le second étant le besoin de sécurité, viennent ensuite le besoin d’appartenance, le besoin d’estime de soi et celui de s’accomplir.
J’ai choisi de vous en parler aujourd’hui suite à deux événements récents. Le premier, en humour mais qui pose sérieusement les bases de la réflexion. Le second est plus sombre en considération du sujet traité.
Mon aventure ne se passait pas du temps de la carte orange dans le métro parisien, un ticket devait être introduit dans la fente du portillon d’entrée. Bien après est venue la généralisation des cartes bancaires. Très nombreux ont été, comme moi-même, à avoir eu le réflexe de la sortir à l’approche du portillon.
Un après-midi de la semaine dernière, à la gare du RER, j’ai sorti….mes clés. Et voilà le rapport avec notre célèbre réflexe de Pavlov. J’ai sorti les clés pour ouvrir le portillon parce que lorsqu’on se retrouve devant une porte (ou son équivalent), il n’est pas si absurde de l’ouvrir avec des clés. C’est un conditionnement qui ne me semble pas idiot en lui-même.
Et puis parfois ce sont les tocs, à peu près similaires dans leur conséquence mais assez différents de la définition scientifique de Pavlov sur le conditionnement. Pour ma part, c’est de revenir deux ou trois fois pour vérifier la bonne fermeture de la porte, maison ou voiture. Décidément j’ai une relation bizarre avec les portes et les clés. L’important est que je trouve celle du paradis.
Mais si toutes ces histoires de clés ne sont pas bien graves sinon comiques, les choses se compliquent lorsqu’il ne s’agit plus de nommer le phénomène par l’expression réflexe de Pavlov mais par celle des moutons de Panurge.
Selon mon opinion, la bascule vers l’image des moutons de Panurge est à partir du besoin d’appartenance. Si les deux premiers sont à peu près communs entre les animaux et les êtres humains, ce troisième niveau fait beaucoup plus la différence entre les deux car il fait apparaitre la conscience de soi (présente également chez les les animaux nous dit Pavlov mais c’est à discuter selon d’autres scientifiques comportementalistes).
Effectivement, là se compliquent les choses car il ne s’agit plus du réflexe de la sortie de mes clés mais d’une attitude qui peut s’assimiler à un conditionnement de groupe. Celui qui mène à la manipulation et l’endoctrinement.
C’est à partir du troisième qu’il faut y prendre garde dès l’adolescence. Le besoin d’identification à un groupe social est fondamental mais il faut être très vigilant pour qu’il ne vous entraine pas vers une autre destination que la satisfaction de vos propres besoins, c’est-à-dire vers ce qui a été décidé à votre place. Le groupe social a toujours la tentation de vous imposer ses codes sociologiques, surtout ses dogmes,
C’est justement ce point, plus négatif, qui est illustré par le second événement pour lequel j’ai voulu rédiger cette chronique. J’avais posté sur un réseau social, d’une manière très courte, l’histoire de mes clés. J’avais alors reçu une réponse en rapport avec le sujet qui m’avait touché.
La voici transcrite dans son intégralité : Boumédiene, quand le fameux conditionnement nous tient! « Se libérer du connu » est le titre d’un livre de Krishnamurti qui m’a beaucoup aidé à m’émanciper, un petit peu, du conditionnement.
On lit dans la réflexion de cet internaute combien la souffrance peut être grande lorsque le conditionnement vous emprisonne.
Bon, tout de même, si vous posez un chocolat sur la table, je ne m’embarrasse pas de questions sur le niveau pavlovien qui est en question. Je m’en empare et je le mange ! Avez-vous déjà vu un singe se poser des questions devant une banane ?
Boumediene Sid Lakhdar