Après la librairie Cheikh, qui a fait l’objet d’un arrêté de fermeture d’un mois pris par le wali de Tizi-Ouzou et qui soulevé un tollé d’indignation d’intellectuels et de citoyens, c’est autour des éditions Frantz Fanon de subir les foudres de l’administration de la wilaya de Boumerdès.
Le siège de cette entreprise éditrice de plusieurs ouvrages de qualité que dirige Amar Ingrachen, vient à son tour de faire l’objet d’un arrêté de fermeture pour une durée de six mois, a compter du 14 janvier en cours, comme indiqué sur le carton portant les scellés apposés sur la porte du siège de l’éditeur par les services de la 1ère sûreté urbaine de la ville de Boumerdès
Le motif invoqué pour justifier cet édit de fermeture est relatif à l’« édition d’un livre dont le contenu porte atteinte à la sécurité et à l’ordre public ainsi qu’à l’identité nationale et colporte un discours de haine. » Le même qui a été mis en avant pour la fermeture de la librairie Cheikh de Tizi-Ouzou qui a invité l’auteure Hedia Bensahli pour une vente dédicace autour de son livre L’Algérie juive – L’autre moi que je connais si peu.
Le meme motif ( l’édition du livre de H. Bensahli) a servi de prétexte pour mettre le responsable de cette entreprise sous contrôle judiciaire.
Des observateurs estiment qu’il y a transgression de l’autorité judicaire par le wali de Boumerdès. L’arrêté de fermeture administrative pris contre une entreprise (une personne morale) interfère dans une affaire pendante devant la justice. L’article 118 du code pénal stipule que seule la justice peut statuer sur le contenu d’un livre.
L’instrumentalisation de la justice et de l’administration contre un livre et un éditeur est le signe de l’intolérance dont font preuve les autorités algériennes quant au contenu d’un livre qui évoque la présence du judaïsme et de populations juives en Algérie.
La même démarche des pouvoirs publics cache mal l’acharnement contre un éditeur dont la ligne éditoriale est jugée contraire à la doxa officielle en matière de création et de contrôle culturel.
Plusieurs citoyens dont des universitaires ont exprimé leur solidarité à l’éditeur, Amar Inagrachene. Ils ont condamné ce qu’ils considèrent comme un acte de censure inique et injustifié.
Samia Naït Iqbal