Sans prise en charge de leurs revendications, les étudiants en sciences médicales durcissent le ton. Ils ont renouvelé leur refus de suspendre leur grève en cours pour la huitième semaine consécutive et appellent à des rassemblements devant le parlement et la présidence.
Les étudiants en médecine au niveau national ont rejeté la proposition de suspension de la grève qui leur a été soumise, par leurs représentants, lors de l’Assemblée générale nationale unifiée, qui s’est tenue il y a deux jours, selon un communiqué publié par le Collectif des étudiants en sciences médicales. La décision a été entérinée par la majorité de l’AG, apprend-on.
Les étudiants ont insisté sur « la nécessité de poursuivre la grève jusqu’à ce que toutes les revendications formulées soient satisfaites ».
Pour donner un peu plus de poids à leur protestation et amener la tutelle à répondre favorablement à leur plateforme de revendications, un grand nombre d’entre eux a appelé à organiser des manifestations devant la présidence de la République et le parlement. Une façon d’interpeller les hautes autorités de l’État après l’échec de leurs 11 rencontres avec le ministre Kamal Badari.
Cependant, vu le tour autoritaire pris par le pouvoir, il est fort à parier que les étudiants risquent de se confronter à une sévère répression des services de sécurité.
Le consensus n’a pas été réalisé parmi les étudiants autour de la proposition consistant à réunir un seuil de conditions spécifiques qui doivent être acceptées par le ministère pour permettre la suspension de la grève.
Parmi les conditions évoquées figure le « report de la date de l’examen de spécialisation de la session 2025 jusqu’à la fin du 25 novembre 2025, l’annulation définitive du certificat de fin d’études pour les étudiants en médecine de septième année cette année et les années à venir.
La proposition consistant à convoquer à nouveau les commissions pédagogiques avec la participation des représentants des étudiants afin d’élaborer un programme approprié pour la reprise des cours n’a pas reçu l’approbation de l’assemblée générale.
Les doyens des facultés de médecine ont affirmé lors de la dernière rencontre des étudiants avec le ministre Badari que « la reprise des cours en cas de nouveau retard sera difficile».
Les étudiants ont demandé au ministère de reporter la date de la tenue des examens de spécialisation pour la session 2025, selon le même communiqué.
Les revendications les plus marquantes des grévistes
La dernière déclaration des étudiants en médecine en Algérie a rappelé leurs revendications, dont la plus importante concerne la question de la fixation d’un seuil minimum pour les admissions dans les facultés de médecine. Ils ont appelé à « arrêter des conditions claires pour déterminer le nombre d’admissions dans les spécialités médicales au cours des cinq prochaines années au moins et pas seulement la prochaine année universitaire. »
Ils ont également renouvelé la demande « d’augmenter l’allocation de formation accordée par le ministère de la Santé et de la porter à 10.000 DZD (la proposition de 3.000 DZD a été rejetée par le étudiants car cela ne reflète pas les efforts réels fournis par le médecin interne).
Concernant le dossier de l’emploi, les étudiants en médecine ont appelé à « élaborer un plan global faisant l’objet d’une étude effective à court et à long terme et s’inscrivant ». C’est le seul moyen pour employer les diplômés en sciences médicales, proportionnellement au nombre de reçus de chaque année et éliminer le chômage dont souffre le secteur, estiment les grévistes.
Samia Naït Iqbal