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Les filles de Kahina entament la saison 3 et paralysent Alger

Marche du 8 Mars : belles et rebelles

Les filles de Kahina entament la saison 3 et paralysent Alger

Radieuses comme le soleil qui enveloppe Alger, les marcheuses algéroises, victimes de la goujaterie des autorités qui n’ont pas daigné libérer le circuit habituel de ses automobilistes en ce jour de fête de la femme, investissent la capitale. Elles n’ont nul besoin d’une autorisation : elles se l’accordent.

Se faufilant entre les voitures, elles se dirigent vers le tribunal de Sidi M’hamed en exigeant la libération des détenus. 

Peu nombreuses au départ,  elles sont rapidement rejointes par la foule. Remontées par la répression subie la veille lors de « la conquête du samedi », et la bastonnade nocturne du mercredi lors du procès de Karim Tabou, elles sont décidées à en découdre.

Sans se lasser, elles jettent  les généraux à la décharge de l’histoire, réclament un Etat civil et pas militaire. Le Président  Tebboune est cité sans cesse et son illégitimité redite, le ministre de la Justice Zeghmati relégué au rang de « valet ». Elles réclament une justice indépendante et clament qu’elles ne s’arrêteront pas. 

Au niveau du tribunal de Sidi M’hamed, elles font leur halte et chantent « Adala » en y rajoutant le couplet : « ce hirak fait des miracles ».

Tout en chantant les enfants d’Amirouche et Ali Ammar, elles reprennent leur route par le front de mer en direction de la rue  Asselah Hocine et s’arrêtent aux abords de  la Banque centrale en criant : « voleurs vous avez pillé le pays ! »

Sous les balcons du journal El Moudjahid, elles scandent : « La presse vous êtes la cause de nos malheurs », sous le regard amusé d’un vieux journaliste posté sur l’un des balcons. Personne n’est épargné. Tout le monde y passe.

Arrivés au commissariat de Cavaignac, les choses se gâtent. Elles refusent d’avancer et demandent la libération de cinq ou six jeunes manifestants interpellés quelques minutes plus tôt. La circulation automobile est déviée. Les mines des automobilistes, totalement bloqués par cette manifestation diffèrent : les unes sont souriantes et complices les autres agacées. Alger est totalement paralysée.

La foule demande la libération des otages et une énorme face à face entre les femmes contestataires, appuyées d’hommes venus à leur rescousse, et des policiers munis de leur bouclier anti-émeute.  Elles se défendent comme des lionnes et sont bien décidées à ne pas se laisser faire.

Un jeune homme téméraire est ciblé par la police, puis évacué illico presto sous escorte féminine. Le duel se prolonge pendant près d’une demi-heure et le cortège reprend le chemin de la rue Didouche Mourad au milieu des véhicules quasiment à l’arrêt. 

D’autres femmes, sortant du cinéma l’Algeria après avoir assisté à une fête organisée en leur honneur par les services de la wilaya d’Alger, sont houspillées par les manifestantes.

Le pouce dirigé vers le sol les manifestantes hurlent : « c’est vous les mangeuses de cachir qui êtes à l’origine de nos soucis ; nous ne sommes pas venus faire la fête mais pour que le gang parte ».

Les marcheuses donnent le ton et prennent les devants. La période post-électorale qui aurait dû être celle du dialogue véritable, de la négociation ou de l’enclenchement d’une nouvelle dynamique ne le fut pas. Sur le plan économique point de décisions. L’Algérie pédale dans le vide entre discours creux, procès discutables, marches permanentes et interpellations incessantes.

La période de grâce est épuisée. Les héritières de Kahina, Fatma N’Soumer, Hassiba Ben Bouali et beaucoup d’autres héroïnes inconnues l’ont compris. Elles l’ont fait savoir cet après-midi en entamant la saison 3 de la protesta.

 

Auteur
Djalal Larabi

 




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