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Les fraises de Tebboune !

REGARD

Les fraises de Tebboune !

Un chef de parti de la « nouvelle Algérie » dit n’avoir que des belles femmes candidates à la députation, les qualifiants de « Fraises sélectionnées ». 

La question est la suivante : qui sélectionne les fraises de Tebboune ? Il y a plusieurs stades de sélectionneurs :  Il y a bien sur le stade zéro. La larve. Le têtard. Celui-ci est en formation, maigre, colle tout le temps à un plus gros crapaud, le suit comme une tique agrippée à la queue d’un chien. Il l’annonce comme l’éclair annonce l’orage. Il parle trop et trop fort, le têtard. S’arrête là où se forment les groupes. Tout le monde le fui. Il aime les « zradi » et « Waadi ». Les mariages et les enterrements. Les maisons de jeunes et les scouts. Il salue trop de monde mais plus chaleureusement le policier, l’avocat, le notaire, l’huissier, le directeur. Son échelle est encore trop courte pour pouvoir lécher de plus hautes bottes. Mais il a un rêve et y travaille.

Il n’a généralement pas fait d’études le têtard, mais possède un sens inné pour les bonnes affaires et l’intérêt personnel. Il est persévérant et encaisse crachats et insultes. Il est l’oreille et les yeux des gros crapauds dans les cafés, cités et marchés. Il se déplace plus vite que le vent, ses yeux de caméléons peuvent, à la fois vous parler et arrêter une voiture pour le conduire gratuitement quelque part. Il n’a pas vraiment de travail, mais va toujours quelque part, le servile zélé. Il fait son rapport, au crapaud, au garde-champêtre, au maire. Pas plus. 

L’ascenseur de flagornerie n’atteint que très peu d’étages pour l’instant. Il gonfle ses chiffres, transforme ses mensonges en exploits, mais reste apprécié par les officiels du village. Il sait qu’il est utile et il en joue. 

Un jour, le têtard gagne ses galons de batracien adulte. Comment on le sait ? Après des années d’exercices et d’efforts, il prend enfin du bide, roule dans un 4×4 et se met sur son trente-trois. Il porte le même costume que son idole et maître crapaud. 133 pièces, brillant, gris métal, cravate couleur pétante, chemise dépareillée ouverte sur une touffe de poils nauséeuse. Portable vissé à l’oreille, trousseau de clés à la main, gourmette et chaîne en or en grains de café lui donnent un air de pitbull. 

Il salue de moins en moins, le petit crapaud et méprise les passants derrière des lunettes Ray-ban. Il devient inaccessible, toujours haï, mais recherché par ceux qui veulent payer pour régler un problème judiciaire, récupérer un permis de conduire ou installer simplement une ligne téléphonique attendue depuis des mois.

Dans un café, il est entouré par plusieurs apprentis-têtards qui lui ont prêté provisoirement allégeance et lui donnent l’impression d’être un parrain. Ils lui rapportent des histoires de lots de terrain, divorces, bagarres, prison, drogue, euros, visas, appartements, voitures et cartes grises. Il prend tout, le crapaud et va, le soir venu, dans une boîte branchée, vider son foutoir chez le chef de daïra, wali, commissaire, ou chez le député ou chef du secteur militaire lorsqu’il gagnera en ancienneté.

Et quand viennent les mascarades électorales, de nombreux crapauds vont faire leur propre promotion, entourés de figurantes à la fraise pour devenir à leur tour des maires, chefs de daïras, présidents d’APW, députés et chefs de parti du pouvoir. 

Et ce sont ces gens-là qui légiféreront pour Tebboune and co, et nous mettront en prison. 

Auteur
Hebib Khelil

 




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