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Les leçons données par la Corée du Nord et par la Syrie

Contre l’idéologie harkie (13)

Les leçons données par la Corée du Nord et par la Syrie

Kim Jong-un et Donald Trump : après les menaces, la rencontre et les sourires hypocrites pour la photo.

Le régime existant dans la République Populaire de Corée du Nord a toutes les carences que l’on déplore du point de vue interne. Cependant…

Contrairement au régime prétendument “soviétique” russe et au régime maoïste, les dirigeants nord-coréens n’ont pas, du moins jusqu’à présent, renoncé au “socialisme” (entendons capitalisme d’État) pour embrasser le capitalisme. Cuba n’y est pas encore, mais elle semble sur le chemin.

Contrairement au régime de Saddam Hussein, qui avait, dans un premier temps, « coopéré » avec les dirigeants des États-Unis, en croyant à un bon compromis, les dirigeants nord-coréens n’ont jamais eu cette illusion.

Contrairement au régime de Mouammar Al Kadhafi, les dirigeants nord-coréens n’ont pas cherché des compromis qui se sont révélés des compromissions avec l’oligarchie hégémonique capitaliste-impérialiste mondiale états-unienne et européenne, notamment française (soutien financier à la campagne électorale de Sarkozy).

Contrairement au régime existant en Iran, les dirigeants nord-coréens n’ont pas accepté de compromis en renonçant à se doter de l’arme nucléaire.

Et tout cela, malgré les sanctions économiques de la soi-disant «communauté internationale » (entendons les oligarchies impérialistes), et malgré les menaces de l’oligarchie impérialiste hégémonique états-unienne.

Seuls, quelques rares dirigeants de quelques rares nations ne sont pas tombés dans l’illusion de pouvoir faire des «compromis», – en fait, des compromissions -, avec l’oligarchie impérialiste états-unienne : Hugo Chavez, auparavant, et, à présent, les dirigeants syriens. Certes, on peut et on doit émettre des réserves sérieuses sur leur politique intérieure, mais celle extérieure est à évaluer correctement : ces dirigeants ne se sont pas laissés dominer, ni ont établi des compromissions avec l’oligarchie impérialiste états-unienne ou européenne. Cet aspect n’est pas négligeable.

Revenons aux dirigeants nord-coréens. Presque tous les “experts” les taxaient, dans le domaine des relations internationales, de “rêveurs” “fanatiques”, “illogiques”, «fauteurs de guerre», «menaces pour la paix mondiale», «fous», etc., etc. Tandis que l’actuel président des États-Unis stigmatisait l’État nord-coréen de «rogue state » (État voyou), selon l’expression que d’autres présidents, avant lui, avaient employée, et ses généraux menaçaient cette nation nord-coréenne de la réduire en poussière par une attaque nucléaire, comme, auparavant, ils avaient déjà menacé le Nord-Vietnam de le faire « retourner à l’âge de pierre ».

Et voilà qu’un an après, le même président états-unien est allé rencontrer le chef du régime de Corée du Nord, et a accepté de signer avec lui un accord « donnant donnant », comme on dit, réellement donnant-donnant, où chacune des parties trouve son intérêt. En tout cas, c’est ce qui semble se dégager au-delà du vague concernant les actes à concrétiser réellement. Ce qui est certain c’est que le président nord-coréen ne s’est pas agenouillé ni compromis devant le rapace président impérialiste.

Que tirer de cet événement, hors du commun, qu’aucun « expert » mondial médiatisé n’a prévu, pas même quelques semaines à l’avance ?

Une banale mais fondamentale leçon. Que la force de l’adversaire, dans ce cas l’impérialisme hégémonique états-unien (1), ne peut être affrontée et neutraliser, sinon vaincue, que par la force. Cette force même que l’adversaire impérialiste emploie pour imposer sa domination. Dans ce cas précis, il s’agit de la force nucléaire. C’est ce que les dirigeants nord-coréens ont parfaitement compris et pratiqué.

D’où leur est venue cette démarche stratégique ?… Voici une hypothèse. L’origine de cette position stratégique fut le résultat d’une connaissance concrète de l’histoire des relations entre dominateurs et dominés (ou en risque de l’être) : à savoir, à la force matérielle du dominateur impérialiste, seule une force dissuasive peut garantir l’existence. Certes, les Nord-Coréens possèdent peu de force nucléaire par rapport aux États-Unis, cependant assez pour rendre la victoire  militaire de l’impérialisme états-unien impossible, parce que cet ennemi subirait des destructions assez consistantes. La guerre est entreprise uniquement quand l’agresseur croit en une victoire.

Ajoutons que cette connaissance stratégique de la base déterminante qui régit les relations internationales avec l’impérialisme a une autre cause, toute coréenne. Ce fut la guerre populaire entreprise en Corée contre (déjà) l’agression impérialiste états-unienne dans le pays. Elle se termina par la division de la nation coréenne en un nord anti-impérialiste (ne considérons pas l’aspect intérieur) et un sud soumis à l’occupation militaire impérialiste états-unienne, sous prétexte d’en garantir la « sécurité » contre une invasion « communiste ». Il faut ignorer l’histoire du peuple coréen, non seulement récente, mais également antique, pour ne pas tenir compte de l’importance et de la force de son sens patriotique.

Les dirigeants nord-coréens en sont parfaitement conscients, et emploient positivement ce facteur, tout comme Staline a su recourir au sens patriotique russe pour vaincre l’envahisseur nazi.

Voilà donc la leçon donnée par les dirigeants nord-coréens au monde, à ses dominateurs comme aux nations menacées d’être dominées par l’impérialisme. Cette leçon est, d’une part fondamentale, quand à la manière d’appréhender les relations internationales à l’époque des impérialismes. D’autre part, cette leçon est d’une banalité extrême, à qui est familier de l’histoire humaine ; il suffit de lire le grec antique Thucydide, ou le Chinois antique Sun Tze, pour ne pas évoquer les guerres de libération nationale, partout et toujours sur cette planète. Toujours, la force a primé sur le droit, force matérielle des armes, conjuguée à la force psychologique du peuple.

Ceci étant dit, n’oublions pas l’autre leçon donnée aux peuples victimes ou risquant d’être victimes d’un impérialisme : celle du peuple vietnamien. Il n’avait pas la force nucléaire, il n’avait pas non plus l’armada militaire états-unienne, mais il avait la force de l’intelligence créatrice. Elle  lui a permis de vaincre militairement, d’abord le colonialisme français, ensuite l’impérialisme états-uniens. Comment ?… En sachant combiner correctement la force du peuple et la force militaire, la première étant considérée comme facteur décisive. Le général Nguyen Giap l’explique très clairement (2).

N’oublions pas, non plus, la leçon donnée actuellement par les dirigeants syriens. Ils ont su résister à la double agression impérialiste états-unienne et française, sans oublier l’anglaise, complétée par les interventions de l’armée israélienne, par des bombardements et des « experts » militaires sur le terrain. Leur faillite est telle que les agresseurs états-uniens et français ont été contraints à recourir à des « forces spéciales » qui ont envahi le territoire, vue la défaite de leurs marionnettes harkis « islamistes », « libres », etc.

Le président Assad a expliqué la capacité de résistance victorieuse de son régime non seulement par une politique internationale (alliance avec la Russie et la Chine, soutien du Hezbollah libanais et de l’Iran), mais également par une politique interne : existence d’une armée et d’un peuple où prévaut le sentiment patriotique. Nous en sommes à plus de 350.000 morts, mais la Syrie résiste encore, victorieusement. Oui, le président Assad a reconnu l’importance du facteur « peuple » dans la résistance aux agressions impérialistes. En effet, et a contrario, les défaites des régimes irakien puis libyen ont eu pour cause, non seulement un manque d’alliances internationales conséquentes, mais, aussi, une absence du lien indispensable du régime et de son armée avec leurs peuples respectifs.

Parmi les nations actuelles, menacées d’agression impérialiste, combien de dirigeants sauront apprendre de ces leçons : d’une part, celle, négative, des dirigeants irakiens et libyens ; et, d’autre part, celle positive, des dirigeants nord-coréens, comme, avant eux, des dirigeants vietnamiens, et, à présent, des dirigeants syriens ? Lesquelles leçons démontrent clairement ceci : l’impérialisme ne connaît que le langage de la force, d’une part ; d’autre part, il n’a pas d’«amis » ni d’«alliés », mais d’abord des intérêts économiques oligarchiques à défendre. C’est uniquement la reconnaissance de la priorité de ces derniers qui porte les oligarchies impérialistes à considérer d’autres comme « amis » et comme « alliés », autrement dit comme comme des subalternes. L’actuel président des États-Unis, plus que les précédents, a la caractéristique de mettre ce fait en évidence, dans son comportement avec ses « alliés » européens.

Pour en arriver à l’Algérie, certes, l’armée est puissante. Cependant, celles irakienne et libyenne l’étaient aussi ; ajoutons que l’Algérie ne possède pas l’arsenal nucléaire nord-coréen. Il reste à savoir quelle est la force des alliances de l’Algérie avec la Russie et la Chine, et, surtout, avec le peuple algérien lui-même. On lit que ce peuple et son armée seront en mesure de repousser toute agression impérialiste et de ses marionnettes, quelle que soit leur tendance (intégriste ou séparatiste). On lit que le peuple algérien est assez patriote pour ne pas transiger si sa patrie est menacée par une quelconque agression étrangère, et qu’il fera corps unique avec son armée.

Cependant, les problèmes dont pâtit ce peuple de la part du régime en place ne créent-ils pas un doute à ce sujet ?… Espérons que le peuple algérien est donc assez sage, dans toutes ses régions, pour considérer les problèmes internes comme secondaires par rapport à une agression étrangère. Cela signifie que les problèmes internes du peuple algérien doivent être réglés par lui-même uniquement, sans intervention étrangère et ses harkis. Désormais, on a suffisamment constaté en quoi consiste l’intervention étrangère « humanitaire », pour porter, avec l’aide de ses harkis autochtones, la « démocratie », la « liberté, le « progrès », le « bien-être », etc. Nous l’avons constaté de la part de l’oligarchie états-unienne, partout dans le monde ; de la part des oligarchies européennes, notamment française, en Afrique et au Moyen-Orient ; de la part de l’oligarchie israélienne, au Liban, au Kurdistan et dans le territoire reconnu comme devant être légalement celui du peuple palestinien.

Cependant, l’histoire des nations enseigne : espérer affronter victorieusement une agression étrangère ne suffit pas, il faut mieux : en alliance avec des nations amies et puissantes, préparer le peuple à affronter victorieusement toute menace contre sa patrie, en union avec des forces militaires et des dirigeants politiques capables, tous ensemble soutenus par un sentiment patriotique solide (3). Le principe de Ho Chi Minh reste encore valable : « Rien n’est plus précieux que l’indépendance et la liberté ». En effet, la liberté (dans la solidarité) est fondamentale, mais elle passe par l’indépendance nationale, défendue par le peuple et son armée, soutenue par la solidarité internationale de toutes les forces opposées à toute forme de domination impériale ou néo-coloniale.

K. N.

Email : kad-n@email.com

Notes

(1) Outre à l’arsenal nucléaire en continuel augmentation, voir l’article de Claude Angeli, « Prolifération méconnue des bases militaires US. Des forces spéciales à l’œuvre dans 90 pays et 800 implantations de par le monde : l’Amérique impériale n’est pas née sous Donald Trump », Le Canard enchaîné, 13 juin 2018.

(2) Voir mon essai « La guerre, pourquoi ? La paix, comment ?… », le point « Suprématie matérielle et mépris de l’adversaire en tant qu’humain », librement disponible ici : http://www.kadour-naimi.com/f_sociologie_ecrits.html

(3) Là est le motif de la longue contribution contre l’idéologie harkie.

 

  1.  
Auteur
Kaddour Naïmi

 




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