Les trois pays membres de la Confédération des États du Sahel (AES) — le Burkina Faso, le Mali et le Niger — ont annoncé leur retrait « avec effet immédiat » du Statut de Rome, traité fondateur de la Cour pénale internationale (CPI).
Cette décision, officialisée par un communiqué conjoint diffuse, lundi 22 septembre 2025, signé à Bamako par le président malien et actuel chef de la Confédération, le général Assimi Goïta, marque une rupture majeure avec une juridiction internationale que les gouvernements sahéliens accusent de « justice sélective » et de « répression néocoloniale ».
Une adhésion ancienne, une désillusion progressive
Le Burkina Faso avait ratifié le Statut en avril 2004, le Mali en août 2000 et le Niger en avril 2002. Durant plus de deux décennies, ces pays ont coopéré avec la CPI, non seulement dans le cadre du traité, mais aussi via des accords spécifiques facilitant son action sur leur territoire.
Cependant, selon le communiqué, « l’épreuve du temps » a révélé aux dirigeants sahéliens une institution devenue « instrument de répression au mains de l’impérialisme », incapable de juger « des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, des crimes de génocide et des crimes d’agression avérés ». La CPI est accusée de fermer les yeux sur certains auteurs de crimes graves tout en s’acharnant sur d’autres, en violation de son propre statut.
Souveraineté et mécanismes endogènes
En se retirant, l’AES entend « affirmer pleinement sa souveraineté ». Les trois États affirment vouloir mettre en place leurs propres mécanismes de consolidation de la paix et de la justice, « en adéquation avec leurs valeurs sociétales », tout en réitérant leur engagement à promouvoir et protéger les droits humains et à lutter contre l’impunité.
Un signal politique fort
Ce retrait intervient dans un contexte de repositionnement géopolitique des régimes militaires de la région, qui cherchent à se dégager de la tutelle des institutions internationales perçues comme occidentales. L’AES assure toutefois rester disposée à coopérer avec l’ONU et d’autres cadres appropriés pour la défense des droits de l’homme, à condition que la souveraineté des États soit respectée.
Cette décision, rare et symboliquement lourde, illustre l’affirmation de plus en plus marquée des États sahéliens de rompre avec certaines normes internationales qu’ils jugent biaisées, tout en testant la capacité de leurs propres systèmes judiciaires à répondre aux crimes les plus graves.
La rédaction