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Les phares d’Algérie (II)

PATRIMOINE

Les phares d’Algérie (II)

Le phare du cap Falcon. Crédit photo : Zinedine Zebar.

Nous vous livrons l’histoire des phares du pays tirée du livre « Photographies des phares d’Algérie, de Zinedine Zebar. C’est le fruit de trois ans de périple et des  escapades à travers la côte  algérienne longue de 1600 km. Le photographe a répertorié 32 phares. Nous vous présentons ici quelques phares de l’ouest du pays. 

Le phare du cap Falcon, Aïn Turck (Oran), 1868

Il s’agit d’un phare d’atterrissage en maçonnerie implanté sur le mamelon le plus élevé du Cap Falcon, à 106 mètres au-dessus du niveau de la mer. Cette tour octogonale en pierre de taille blanche fait partie des cinq phares chargés de la surveillance de la côte oranaise ; le dit-phare, à l’extrémité occidentale du golfe d’Oran, constitue le repère le plus important. Pour en atteindre la tour, il faut gravir 104 marches.

« Le cap Falcon est bas, divisé en deux pointes peu éloignées l’une de l’autre, et faisant entre elles un petit creux au fond duquel il y a peu de sable, lit-on dans « Annales maritimes et coloniales ». La pointe la plus N. et la plus E. a un mamelon plus élevé que le restant des terres, ce qui, de loin, le fait ressembler à une île. Les deux pointes sont environnées de quelques roches ou îlots peu écartés. » (47)

Le cap Falcon culmine à 70 mètres d’altitude. Un poste de guet, un sémaphore y a été établi en 1899.

Le phare du cap de l’Aiguille Kristel (Oran), 1865

Le phare a été construit en 1865, au nord-est du port d’Oran, sur la pointe ouest du cap. C’est un phare de jalonnement à tour cylindrique en maçonnerie lisse. « Au S. de la Pointe d’Aguja, on est bien à l’abri du N.-E., mais moins en appareillage qu’à Kéristel, souligne M. Maiseau. Les bateaux corailleurs s’y retirent fréquemment. A 1 mile à l’E.N.E. de cette pointe, on aperçoit la roche Aguja ou de l’Aiguille ; ce rocher, éloigné de terre d’1,2 mille, ressemble à un navire à la voile : la côte est presque inaccessible jusqu’au cap Ferrat. » (56)

Cap de l’Aiguille.

La pointe de l’Aiguille, qui fait partie des trois saillies d’un même cap, « se continue dans la mer par un rocher pyramidal, connu sous le nom de Pouce de Pharaon »

Les grottes du Cap de l’Aiguille et leurs alentours sont une aubaine pour les passionnés de plongée sous-marine, à la recherche de mérous, et d’épaves aussi, comme celle du torpilleur Le Tornade, coulé en 1942 par la flotte anglo-américaine, lors du débarquement des Alliés.

Le phare de l’îlot d’Arzew, (Oran) 1865

C’est l’un des plus anciens phares du pays. Il est érigé sur le point culminant de l’îlot depuis 1865 à l’ouest du golfe d’Arzew et au nord-est du port, à quelque 400 m de la côte. C’est une tour cylindrique en maçonnerie lisse de 12 mètres de haut. L’année 1848 a marqué le début de la création des colonies agricoles en Algérie. Il fallait sécuriser les lieux après la débâcle subie par les troupes coloniales dans les marais de la Macta le 28 juin 1835 face à l’Emir Abdelkader. Les riches vallées du Sig, de l’Habra, de la Mina et du Chélif y étaient convoitées. Quant à la région d’Arzew, elle possède une longue histoire en tant lieu de négoce réputé pour la sureté de son port. Arzew tirerait son origine du berbère « Arzieu » : broche, forte pointe.

« A la dislocation de l’empire almohade, Arzew tombe dans la mouvance des Abd al-Wadides (ou Zyanides) de Tlemcen. La fidélité des habitants à l’égard de cette dynastie explique le nom de Mers Beni-Zyan donné à la ville. Elle devient une place importante du royaume tandis que la réputation du port grandit. Il est fréquenté par les négociants pisans, génois, catalans qui y achètent du blé et du sel. Les salines toutes proches sont intimement mêlées à l’histoire du port. Les Romains avaient déjà exploité le sel de la sebkha et construit des usines de salaison de poisson. » 48

L’abri naturel de la rade d’Arzew va être conforté par la construction de points lumineux stratégiques. « De la pleine mer, l’entrée du golfe d’Arzew s’aperçoit très facilement entre les hauteurs du Djebel Orousse qui dominent Arzew et les montagnes qui dominent Mostaganem au Nord-Ouest, lit-on dans « Les ports et la navigation de l’Algérie ». La nuit, on est guidé par les phares du Cap Falcon et du Cap Ivi, entre lesquels se trouve depuis 1906 le phare du Cap de l’Aiguille. L’éclairage des accès du port est assuré : 1° Par le phare établi sur l’îlot d’Arzew, muni d’un feu à éclats rouges réguliers de 5 en 5 secondes, d’une portée lumineuse de 19 milles et demi ; la hauteur du plan focal est de 20 mètres au-dessus du niveau de la mer ;2° Par un fanal à feu vert, établi sur le musoir de la grande jetée du port, à 8 m. 20 au-dessus du niveau de la mer et d’une portée de 4 milles et demi ; 3° Par un fanal identique et de même coloration, placé à la même altitude (8 m. 20) à l’extrémité du grand quai. » (49)

Le phare d’Arzew a servi de poste avancé lors du débarquement des Alliés en Afrique du Nord. Le plan de bataille, sous le commandement du général Eisenhower, consistait à « établir neuf têtes de pont sur près de 1 500 km de côte. » Les Alliés ont débarqué, à l’aube, à Arzew, aux Andalouses et à Marsa Bou-Zedjar avec pour objectif de prendre en étau Oran. Ils ont accosté à l’est de la rade. Celle-ci constitue l’un des meilleurs refuges naturels des côtes algériennes.

L’île Plane ou Paloma (Oran)

L’île est située à 25 km au nord-ouest d’Oran, au large de la baie qui relie cap Falcon au cap Lindless. On peut l’apercevoir quand on se balade sur la corniche oranaise à hauteur des plages de Corales, Bomo, la grande plage ou encore les Andalouses. Elle fait approximativement 400 mètres de long et 100 mètres de large. Ce «rocher» est peuplé par des goélands, avec un petit phare qui n’est pas habité.

Les Grecs l’ont nommée Planés Nesos « l’île de l’erreur « que les Romains ont traduit par Errosis Insula. Elle est entourée d’un grand nombre de petits rochers.

Depuis toujours, les phares ont guidé les marins et les navigateurs leur évitant bien des péripéties. Celui de l’île plane n’existait pas en 1865, il aurait peut être évité la mort des 70 personnes qui ont péri lors du naufrage du Borysthène. Ce joli navire avait pris le départ le 13 décembre de Marseille et devait rallier Oran. Il a percuté l’île plane de plein fouet la nuit dans une mer déchaînée. Les survivants sont restés 2 jours sur l’île avant d’être repérés et secourus.

Aujourd’hui il existe quelques vestiges de ce voilier dans les fonds marins aux abords de l’île. Ces fonds marins d’une richesse exceptionnelle mériteraient plus d’attention et de protection, il n’existe qu’une seule aire marine protégée en Oranie, les îles Habibas. La biodiversité de l’île Plane est aussi importante que celle des îles Habibas et s’il doit être développé d’autres aires marines protégées, le choix de l’île Plane serait judicieux.

Les textes et photos sont tirés de ce livre paru chez Casbah Edition.

Auteur
Zinedine Zebar

 




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