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Les Sciences au service de…l’Inconscience !

De la Der des Ders à son commémoré centenaire

Les Sciences au service de…l’Inconscience !

 Les enfants font partie des victimes des ravages de la guerre  que mène l’Arabie saoudite au Yémen.

Chaque année, la France et le monde commémorent en commun le souvenir et la mémoire de ces millions de poilus tombés dans les tranchées de la sale guerre ! Chaque année, on s’étend sur les décomptes macabres et les atrocités que les hommes ont fait subir à d’autres hommes ! Mais si ces souvenirs servent à alimenter et élever les consciences individuelles, il n’est pas certain qu’un impact quelconque atteigne les consciences collectives ! Pour preuves, l’émergence des populismes aveugles un peu partout sur la planète, ceux-là même qui ont failli faire agenouiller le monde devant les adeptes du poussez-vous-tous-de-là que je m’y mette et m’y installe sans votre déplaisante compagnie !

Se souvenir c’est bien, commémorer aussi, mais un siècle après la Der des Ders, l’Homme a-t-il vraiment tiré les bonnes leçons pour éviter d’en découdre encore une fois avec les autres, ces frères ennemis qui gênent sa petite vie de supérieur terrestre et/ou céleste, ces cieux bénis qui ont donné une couleur de peau blanchâtre et pure pour les uns, un message noirâtre tout aussi limpide pour les autres, et rien de rien pour les oubliés de l’humanité ?

Comment oser espérer que oui au vu de cette course effrénée aux armements enclenchée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale ? Ces équipements guerriers de plus en plus sophistiqués ont atteint le summum de la bêtise. Car le défi consiste maintenant à se doter d’armes « intelligentes » capables de tuer des hommes, des femmes et des enfants tout en sauvegardant les meubles et les butins à récupérer par le vainqueur de ces jeux morbides et immoraux.

Le plus insupportable dans cette course aveugle aux ultimes armes de destructions massives c’est de se rendre à l’évidence que c’est une race, au sens éminent du terme, celle des hommes de Sciences, à l’intelligence supposée supérieure, qui en concocte les ingrédients et les formules pour les offrir à des hommes de pouvoir pour lesquels la vie et la mort d’un être humain et celle de milliers ou de millions d’autres ne représente guère que des nombres et des chiffres muets étalés sur des tableaux mémoriels !

Mort pour la patrie : Dieu quelle pierre tombale peut supporter telle ineptie en ton vaste paradis ? Mort pour défendre un territoire, un petit morceau de caillou disputé par des lilliputiens sur un grain de sable soumis aux aléas et aux lois de l’Univers ! Bonté divine, c’est-y quoi ça ?

C’est dur à dire, c’est dur à écrire, mais les hommes de Sciences portent, en grande partie, le fardeau de l’irresponsabilité dans la surenchère de massacres qui ont emportés plus de 18 millions de poilus ! Sans parler de la suite, des chambres à gaz, d’Hiroshima, de Nagasaki…

Le manifeste des 93 scientifiques

La palme d’or du scientifique de service revient certainement à Fritz Haber. Ce chimiste allemand qui a reçu le prix Nobel de chimie en 1918 pour des travaux portant sur la synthèse de l’ammoniac, à l’origine de l’Ypérite, ce « fameux » gaz moutarde qui ravageait la peau et les entrailles des poilus à petit feu, et contre lequel il a fallu inventer des combinaisons et des masques pour en prémunir les soldats des tranchées !

Un chimiste qui s’est donné corps et âme pour inventer de l’arsenal militaire au nom et au service de la suprématie de son pays, la grande Germanie, sans savoir que quelques années plus tard, ces gaz de la mort allaient servir le dessein d’un tyran qui a fait de l’extermination des juifs une lubie primaire ! Et comble de l’ironie de l’Histoire, Fritz Haber était juif aussi !

Un juif « supérieur » qui jouissait d’une telle notoriété qu’il avait, sans le moindre mal, acquis le soutien de 93 Scientifiques de son niveau pour l’encourager à redoubler d’efforts afin d’inventer et de perfectionner les meilleurs moyens de semer la mort. Le fameux manifeste des 93 que Haber avait lui-même signé !

En parcourant la liste des signataires, j’avoue avoir eu la chair de poule de découvrir des noms prestigieux, des prix Nobel adulés tels que Max Planck, Adolf von Baeyer ou encore celui de Emil von Behring le père du vaccin contre la diphtérie !

Qu’édicte donc ce manifeste, cet appel au monde civilisé, signé par 93 sommités au temps des poilus, concocté en arsenal d’injonctions et de sommations en tous genres sur fond de vocabulaire ahurissant d’inconscience et de cécité intégrale ? Deux petites phrases suffisent à en délimiter les contours :

«Ceux… qui ne craignent pas d’exciter des mongols et des nègres contre la race blanche » !!

« Croyez que dans cette lutte nous irons jusqu’au bout en peuple civilisé, en peuple auquel l’héritage d’un Goethe, d’un Beethoven et d’un Kant est aussi sacré que son sol et son foyer » !!! Vous voilà donc éliminés de l’héritage de l’humanité ma pauvre Oum Keltoum et mon pauvre Abdelhalim Hafez !

Jusqu’au bout, ils y sont allés les bougres ! Ils en ont même dépassé les frontières de la démesure en termes de chicane ces Nobel prize de la Physique, de la Chimie, de la Médecine et autres thématiques des Sciences exactes !

Que dire, que conclure à la lecture cette proclamation honteuse sinon que même l’intelligence peut jouer de sacrés tours à la civilisation des « Zhommes » quand elle se « Manifeste » sous forme d’interférences catastrophiques entre des individus issus de la meilleure des races ! Dit autrement, les interactions entre les hommes les plus intelligents du monde peuvent produire des désordres interférentiels collectifs dévastateurs pour des peuples aux services de leurs maîtres. Des maîtres souvent élus et proclamés en toute démocratie, un peu partout sur cette petite planète bleue perdue dans l’Univers ! Une pauvre petite planète qui étouffe et suffoque à petit feu, dépassée par les excès de sa petite créature « supérieure » !

Signalons néanmoins que parmi ces 93 signataires, une bonne soixantaine s’est dit avoir regretté son geste après coup, et que certains n’ont pas hésité à avouer qu’ils n’avaient même pas lu le Manifeste qu’ils ont signé !? Question bête et directe : ces honorables scientifiques auraient-ils fait vœu de quelconque regret si l’Allemagne belliqueuse d’antan était sortie vainqueur du conflit ?  Il est permis d’en douter ! Comme quoi, d’instinct ou de nature, l’homme fonctionne comme une girouette qui tourne et se retourne au gré des vents qui soufflent d’est à l’ouest et du nord au sud.

Kamel Daoud, Jamal Khashoggi et les donneurs de leçons

Des manifestes, il y en a toujours eu ! À chaud, n’importe qui peut signer et adhérer à n’importe quoi ! Pas très loin dans le temps, en février 2016 nous avions eu droit à un manifeste signé par une bonne vingtaine d’intellectuels (historiens, sociologues, anthropologues, pour la plupart inconnus du grand public) pour dénoncer « l’orientalisme » de Kamel Daoud, concernant les agressions de Cologne », tout simplement parce que notre intellectuel du terroir avait su titiller la fibre sensible de nos croyants et osé faire référence à  “la misère affective dans le monde arabo-musulman” pour expliquer à sa façon les dessous des débordements survenus à Cologne dans la nuit de la Saint Sylvestre 2015.

Plus de deux ans après, nous aimerions bien savoir si quelconque idée de repentance traverse parfois les esprits de nos honorables intellectuels, notamment suite à la barbarie perpétrée par les gardiens du temple Saoudien contre le pauvre Jamal Khashoggi. Ce journaliste assassiné, découpé en morceaux et dissous dans de l’acide, par les envoyées de la famille royale d’Arabie.  Ah si nos honorables intellectuels pouvaient nous pondre un manifeste sur l’horreur que ces mêmes gardiens du Temple commettent au Yémen, sous l’œil froid de l’oncle Sam et de l’ensemble du monde civilisé qui leurs procurent des armes sans s’encombrer du moindre état d’âme !

Depuis la Der des Ders de 1918 à 2018, l’Homme a accompli des bonds fabuleux dans la plupart des domaines scientifiques : à mi-parcours entre ces deux dates, l’Homme s’est baladé dans l’espace, il a marché sur la lune, prospecté la plupart des planètes de notre système solaire ; que d’images fantastiques livrées par les télescopes Kepler et Hubble, avec ces piliers de la création qui s’étendent sur des millions d’années lumières, rajoutés à la découverte de milliers d’exo planètes qui laissent subodorer l’idée extraordinaire que nous ne serions pas seuls dans l’univers, au grand dam de ceux qui se prosternent devant un créateur créé à leur image ! C’est le côté clair d’une Science qui avance dans le bon sens !

Côté obscur, Hiroshima et Nagasaki sont passés par là, pendant que l’Arabie saoudite, aux noms de ténébreuses croyances, détruit les populations Yéménites par des armes livrées par tonton Trump sous l’œil distant, voire bienveillant, de tonton Macron et de tata Merkel !  Sans parler de la Syrie et de l’Afghanistan. Ces pays devenus terrains de combats lointains et d’expériences « scientifiques » suprêmes dans lesquelles Russes, Américains, et parfois…Français, font affronter leurs connaissances des armes à coups d’essais sur des cobayes humains, des petites filles afghanes nées pour dévorer la vie de leurs yeux rayonnants, transformées en simples objets de manœuvres entre les aliénés d’Allah et les fous des cartels économiques, des banques et des armes !

Il y en a tant à dire sur ce monde qui avance à reculons ! Mais je m’arrête là ! Une balle ou un verset perdu pourrait bien fermer le clapet pour de bon ! Quoique, après tout, mourir pour ses idées, n’est-ce pas une idée excellente, selon tonton Brassens ?

Peut-être est-il utile de signaler que la rédaction de cette chronique n’aurait sans doute pas eu lieu si le hasard du « téléphone arabe », lequel se pratique souvent et assez gaiement en France aussi, n’avait fait propager jusqu’à mon bureau, ce jeudi 8/11 au matin, la tenue d’une conférence sur les apports et méfaits de la « Chimie » pendant la sale guerre 1914-18, exposée in-situ par une collègue chimiste dans l’après-midi de ce même jeudi.

Une conférence qui franchit allègrement le cap du simple exposé scientifique pour verser dans celui d’une belle leçon d’humilité ! Une conférence qui expose les faits sans le moindre parti-pris patriotique, comme pour relever et attirer notre attention sur le fait que la guerre est avant tout une affaire de bêtise humaine et une irresponsabilité partagée. Et sur ce terrain, parmi les belligérants personne ne baignait vraiment dans l’innocence ! Quel beau recul ! quelle belle vision ! Une position juste et objective à saluer, car qui disconviendrait du fait que c’est bien souvent d’un patriotisme godiche que naissent ces populismes qui nourrissent toutes sortes d’extrémismes néfastes pour tous, et surtout pour les successeurs en charge de nos lendemains ?

À méditer, à cogiter, à ruminer… jusqu’aux bouts de moult nuits et de conscience torturée !

Auteur
Kacem Madani

 




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