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«Les Soudanais n’ont plus peur du régime d’El-Bachir» affirme le journal suisse «Le Temps»…

KRIMO A LU POUR VOUS

«Les Soudanais n’ont plus peur du régime d’El-Bachir» affirme le journal suisse «Le Temps»…

…  Ne manquent dans ce pays pour le moment que l’équivalent de l’armée syrienne libre, celui des humanitaires en blanc mais en fait activistes islamiste qui dans le cas d’espèce de l’Afrique de l’Est sont alliés du dictateur qui tout comme son prédécesseur Djaffar El-Numeyri, soit dit en passant, à bien servi l’empire occidental durant la guerre froide et bien au-delà.

On a donc pour l’instant en Mohamed Abou Shoak résident depuis de longues années à Genève , l’équivalent du très esseulé représentant du fantomatique observatoire syrien des droits de l’homme basé à Londres.

Et il est vrai que si l’osmose de l’armée soudanaise d’avec son général dictateur, Omar El-Bachir, venait à rompre à son détriment pour céder le passage à une transition militaro-religieuse plus proche des faucons et neocons de Washington a l’ère « Trump » super sionisante et de leurs alliés des pétri-monarchies du golfe, l’affaire serait dans le sac selon la formulation généralement usitée.

Quant à la démocratie, et aux droits collectifs et individuels qu’elle suppose et qu’espèrent les soudanais en ordre de bataille politique afin d’améliorer qualitativement leur sort citoyen, mystère et boule de gomme. En d’autres termes ils risquent de devoir déchanter et ravaler leurs espérances démocratiques bien légitimes au demeurant.

Krimo Hammada

«Les Soudanais n’ont plus peur du régime d’El-Béchir»

Après trois mois de manifestations réprimées, les Soudanais rêvent encore de la chute de la dictature au pouvoir depuis trente ans. Depuis ce samedi, le mouvement de protestation s’est amplifié. L’armée est divisée

«Il y a un vrai changement depuis le 6 avril. Les gens n’ont plus peur. Maintenant, les personnes âgées, les jeunes enfants, tout le monde participe aux manifestations, sauf les islamistes bien sûr», raconte Mohamed Abou Shoak, ex-journaliste politique soudanais réfugié en Suisse depuis 1992. Alors que les manifestations durent depuis près de trois mois, les Soudanais sont plus déterminés que jamais.

Ils étaient descendus dans les rues le 19 décembre dernier suite à la décision du régime de tripler le prix du pain. En effet, le Soudan a perdu trois quarts de son pétrole depuis l’indépendance du Soudan du Sud en 2011. Depuis lors, le pays est confronté à une inflation avoisinant les 70% par an. Mais rapidement, la gronde s’était tournée contre le pouvoir en place. En effet, le dictateur Omar el-Béchir dirige ce pays d’une main de fer depuis 1989 avec le soutien des islamistes. Les manifestations ont été interdites et réprimées. L’ONG Human Rights Watch (HRW) parle d’au moins 51 morts. «Des dizaines de milliers de personnes ont été arrêtées avant de se faire relâcher. Les leaders de l’opposition, les étudiants, intellectuels et journalistes sont quant à eux gardés derrière les barreaux», affirme Mohamed Abou Shoak.

2500 arrestations samedi

Ce samedi, la contestation a pris une nouvelle dimension. Selon l’ex-journaliste, «il est difficile de dire combien de personnes sont dans les rues. Sur les vidéos, on voit qu’elles sont noires de monde. D’après les informations, elles seraient des centaines de milliers.» Le régime parle quant à lui de 10 000 manifestants, de 2500 arrestations et de sept morts, dont six à Khartoum pour la seule journée de samedi 6 avril. En effet, pour la date anniversaire de la révolte du 6 avril 1985, qui avait permis de renverser le régime du président Jaafar al-Nimeiri, les manifestants se sont rassemblés devant le siège de l’armée et du Ministère de la défense, à proximité de la résidence du président. Installés en sit-in, ils ne veulent pas partir avant le départ du président.

Un pari risqué, car Omar el-Béchir, arrivé au pouvoir en 1989 par un coup d’Etat, n’en est pas à sa première répression. Il est responsable de la mort de près de 300 000 personnes au Darfour, une région de l’ouest du Soudan, selon l’ONU. Pour ces crimes, il est visé par un mandat d’arrêt pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité de la Cour pénale internationale (CPI).

«L’insurrection en est à une étape charnière»

La décision de l’armée sera décisive dans ce rapport de force. Selon des sources concordantes, les militaires sont divisés. Ils ne sont pas intervenus dans la répression depuis le début de la révolte, le 19 décembre dernier. Le puissant service de renseignement et les forces de police antiémeutes s’en sont chargés. Pour Mohamed Abou Shoak, «les haut gradés continuent de soutenir Omar el-Béchir, mais les soldats sont du côté du peuple».

Aux dernières nouvelles, «l’insurrection en est à une étape charnière. De plus en plus d’officiers de l’armée doutent, mais le président El-Béchir a encore le soutien de sa garde rapprochée», explique Sara Abdelgalil, une doctoresse réfugiée au Royaume-Uni et porte-parole de la Fédération des professionnels du Soudan. Elle fait partie des sept exilés à tenir ce rôle. Ces porte-parole relayent les informations fournies par des journalistes présents sur place afin de protéger leur identité.

Diaspora active

Que ce soit par la communication ou les discussions politiques, la diaspora soudanaise soutient activement la révolte. «Des membres de l’opposition sont en discussion avec les militaires», confie Gibril Ibrahim, président du grand mouvement d’opposition le Mouvement pour la justice et égalité (MJE). Partis politiques, membres de la société civile ou encore mouvements armés, les opposants exilés se sont rencontrés à Paris, Genève ou encore Londres ces dernières semaines. Et le mot d’ordre est unanime: «le régime doit partir». «Les Soudanais ont surmonté les tentatives du gouvernement de les diviser. Maintenant, on est uni et on va le rester», déclare encore Mohamed Abou Shoak.

Mais pour ces exilés, ce n’est pas toujours facile de regarder la situation en étant si loin de leurs proches. C’est en pleurs que l’ex-journaliste réfugié en Suisse témoigne avoir perdu une quarantaine d’amis ces trente dernières années: «C’est très dur d’être loin de ma famille. J’aimerais être aux côtés de mes sœurs et de mes frères. Hier, sur une vidéo, j’ai vu le fils d’un ami en train de manifester. La dernière fois que je l’avais vu, il avait 3 ans. Son père, mon ami, a été exécuté en 1990.»

 




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