24 avril 2024
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Les vendredis saints du peuple algérien

DIGRESSION

Les vendredis saints du peuple algérien

Les vendredis saints et nos jours sans faim ni fin. Les vendredis saints et toi, et moi, et nous tous, dans la rue, à crier au lieu de se plier à l’autel des rois : oh si Abdelaziz ou plutôt si Saïd , faites en sorte qu’on soit aussi croches et aussi proches de l’hérésie pour que les derniers des saints nous soient, à jamais, qu’un rien. On a plus peur, on a des fleurs.

La peur a changé de camp. Le bon, cette fois-ci. Ou, plutôt, celui qui nous manquait pour que l’on ne fuie pas des yeux face à vos baïonnettes bourdonnantes et que l’on ne baisse pas le froc face à leurs fatwas fumantes. 

Dieu n’en a cure que l’on croie ou pas en lui. Il doit se réjouir de cette jeunesse qui, après des années de syncope chronique, croit maintenant en elle. Il ne l’a pas faite à son image, foutaise !!. C’est elle qui est en train de lui faire une image, à la leur ; à la hauteur de ce dont regorge une vie de plaisirs, de romance, de folie, d’amour et d’ivresse. Ils recommencent à croire à une vie avant la mort alors que, dans la boue où vous les avez plantés toute une vie, la vie n’était qu’une épave, une chaloupe, une méduse, une larve, un embryon, un rien qui pèse aussi lourd que le tout que vous avez pillé.

Ces vendredi saints qui se manifestent avec évidence et éclat, à la place Maurice Audin, comme partout, sous le ciel bleu éther de Dieu le ceint, font mouche à leurs calculs manichéens qui semblent, de plus en plus, rétrécir comme une peau de chagrin. Ils viennent leur rappeler l’inéluctable victoire du peuple sur la monarchie, l’oligarchie, la junte et la meute islamiste qui, ne pouvant évoluer que dans l’innommable, leur tient toujours la main, bras dessus-bras dessous. Ces vendredis où l’on ceint le régime de tous nos bras, dans la bonne humeur et la joie, toujours plus nombreux, aussi fidèlement que le plus pieux qui croit ou pas, nous font jouir comme l’on n’a jamais eu à le faire, collectivement, au milieu de tout et souvent avec rien. Juste nos voix. 

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Alger sera la nouvelle Mecque, lieu ceint de nos luttes passées et celles qui se dessinent, parce que rien n’est définitif et ne le sera jamais. Les Vendredis saints sortiront le pays du néant pour que la jeunesse puisse le créer. Audin, la grotte par laquelle la lumière fut et El Mouradia, la vallée de la junte, pourfendeuse de tous les péchés que l’on n’a jamais osé faire. Nous offrions à chaque pèlerin des jasmins faits pour absoudre la peur, désengorger la voix, la rendre moins chevrotante, plus mordante et vivante. Notre Mecque à nous, ne sera pas comme celle de la cougar d’Arabie Saoudite totalement soumise aux puissants lobbyistes occidentaux, pas si mécréants et infidèles que ce que la lecture de leur livre fait miroiter aux millions de miséreux venant chaque année, dans un bêlement entêté, brouter leurs maigres économies en se prosternant aux pieds du boucher Saoud et ses saints pétrodollars. 

Il n’y aura point de prosternation, dans notre Mecque à nous ni pour Abdelaziz, encore moins pour Saïd. Dans la nouvelle République algérienne, la première, si l’on considère que celle qui existe déjà, n’a de république que la réplique et beaucoup de Hics, ça sera à la jeunesse de faire son histoire et non pas aux zaouïas que l’on a fait pousser, aussi incandescents que les braises que l’on nourrit, du berceau à la tombe, de la rue à l’école, de maison en maison, partout trop, toujours trop sanglant ; même dans nos rêves les plus fous.

Pour la nouvelle république qui s’en vient, avec son passé qui n’est plus, son avenir qui n’est pas et son éternel présent qui tergiverse entre souvenir et devenir, sa jeunesse est la plus belle chose qui puisse nous éblouir. Nous n’aurons, aucunement, besoin de vous.

Notre prophète des temps modernes est déjà là ; celui qui fait rêver et ne sait faire coucher, celui qui fait aimer et ne sait rabaisser, celui qui ne veut d’adeptes dans sa cour que pour endiguer l’idée que les hommes auraient besoin d’un dôme et ses dogmes pour se prosterner ; celui qui est proche de l’hérésie, mais se laisse le doute de croire qu’une tout autre vie peut exister. 

Alors, comme à tous les Vendredis saints, dormons tous à Audin et rêvons d’El Mouradia, car il n’y a point de zaouïa qui tient, sauf le peuple, El Houriya ou rien. 
 

Auteur
Mohand Ouabdelkader

 




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