Site icon Le Matin d'Algérie

Les vieilles lunes de Tebboune !

Tebboune
Tebboune face à la presse. Autant dire face à lui-même.

Aucune information sérieuse n’est à retenir de l’imbuvable entretien de Tebboune à deux journalistes algériens. En revanche, le locataire d’El Mouradia ressasser les vieilles lunes : ennemis extérieurs, puissance de l’Algérie,…  

Des déclarations éloignées des réalités, des promesses fumeuses, des accusations contre El Kadi Ihsane, actuellement en détention, Abdelmadjid Tebboune a multiplié les bâillements politiques à ennuyer les plus crédules des Algériens.

«L’Algérie est visée de toutes parts car c’est un pays qui n’accepte pas la soumission et le citoyen algérien est fier de son Etat qui avance la tête haute parmi les nations », a gloussé Tebboune. Par qui ? Tebboune garde le silence.

Après avoir fait de la presse un champ de ruine, Tebboune ose donner des leçons aux journalistes affirmant, dans un autre contexte, que la presse était «un puissant outil d’ancrage de la démocratie et de lutte contre les tentatives ciblant l’Algérie ». Sans ciller il appelle les journalistes algériens à « s’imposer » et à démasquer les tentatives d’exploitation orchestrées depuis l’étranger. Autrement dit à avaler ses couleuvres.

Dans un autre contexte, le Président Tebboune a assuré que l’Algérie vit aujourd’hui « une révolution » en termes de développement, nécessitant d’éliminer la bureaucratie et d’accélérer la cadence de travail à travers le recours aux moyens de réalisation modernes, affirmant n’accepter aucun relâchement dans leur concrétisation.

Il a affirmé que les décisions de démolition des constructions illicites ne doivent être prises qu’après épuisement de toutes les autres voies, annonçant avoir demandé au ministre de la Justice de présenter un projet de loi criminalisant l’accaparement des domaines de l’Etat.

Par ailleurs, il a indiqué que « la restriction des importations ne doit pas se faire au détriment de la satisfaction des besoins essentiels du citoyen », mettant en garde contre l’exploitation politique de la pénurie de certains produits de consommation.

Répondant à une question sur les fonds thésaurisés, le chef de l’Etat a fait état de mesures qui seront prises prochainement à l’encontre des personnes qui thésaurisent leur argent, lançant un appel pour le placement de ces fonds dans les banques ou leur investissement dans des activités économiques officielles. Il  y a quelques semaines, le même Tebboune a soutenu que l’Algérie a récupéré 20 milliards de dollars que l’ancienne mafia au pouvoir aurait détournés.

Evoquant le secteur du tourisme, le président de la République a salué l’activité du tourisme interne qui a connu, a-t-il dit, « beaucoup de développement », ajoutant que l’Etat encourage ce genre de tourisme et ouvre la voie à l’investisseur en vue de promouvoir la vraie image de l’Algérie à l’étranger.

Au volet social, Abdelmadjid Tebboune a affirmé que l’augmentation des salaires à 47% à l’horizon 2024, et des pensions de retraites ainsi que la réduction des impôts sur le revenu, étaient des décisions inédites et exceptionnelles visant principalement l’amélioration du pouvoir d’achat du citoyen.

Il a souligné, par ailleurs, que l’exercice du droit syndical est un « droit garanti par la Constitution », rappelant sans que les journalistes ne moufte que la nouvelle loi sur l’exercice de ce droit, vient « encadrer la création des syndicats ».

« Les syndicats ne sont ni lésés ni empêchés, mais il s’agit plutôt de consacrer la loi et de mettre fin à des pratiques inacceptables », a insisté le Président Tebboune. Bien entendu, toutes les mesures arbitraires, les dénonciations de syndicats comme l’OSRA sont des inventions. Ce ne sont que des balivernes pour Tebboune. L’Algérie baigne un climat démocratique exemplaire.

La diplomatie algérienne en passe de retrouver son lustre diplomatique. A. Tebboune affirme que « l’Algérie a repris sa place, sa voix est audible et son peuple est souverain ».
Il a même affirmé l’Algérie était en passe de retrouver son lustre diplomatique grâce à la stabilité et à la force de l’économie. Difficile de soutenir mieux !
Saluant les relations historiques liant l’Algérie à l’Italie, qui ne « plaisent pas à certains pays européens », le Président Tebboune a affirmé que l’Algérie « est libre dans ses relations internationales et économiques et défend ses intérêts sans nuire aux intérêts des autres pays ».

Par ailleurs, le président de la République a révélé qu’il n’y avait « rien de nouveau » concernant les relations algéro-espagnoles après le gel des accords d’amitié et bon voisinage, exprimant son regret quant à cette situation due au « faux pas » et à « l’acte inamical » des dirigeants espagnols.

Le Président Tebboune a qualifié, toutefois, les relations de l’Algérie avec le peuple espagnol de « très bonnes », en sus de « notre respect total pour le roi d’Espagne ».

Interrogé sur l’existence d’une initiative algérienne pour le règlement de la crise ukrainienne, le Président Tebboune a indiqué que la diplomatie algérienne est « une diplomatie silencieuse », annonçant par la même la décision de réouverture de l’ambassade d’Algérie à Kiev (Ukraine), fermée pour des « raisons sécuritaires ». Eh oui, là encore, Tebboune est épatant, il a révélé à demi-mot que ses diplomates sont à la manœuvre pour régler ce conflit que même la Chine et les Etats-Unis n’arrivent à solutionner. Décidément rien ne fait peur au courageux Abdelmadjid Tebboune.

S’agissant des relations algéro-américaines, le président de la République a affirmé que les Etats-Unis qui sont « une grande puissance », savent que l’Algérie est un « pays influent » en Afrique, dans le monde arabe et en Méditerranée. S’ils ne le savaient pas, ils viennent de l’apprendre donc.

« Que les Etats-Unis sachent que nous sommes un pays ami sans parti pris avec quiconque », a-t-il lancé, rappelant que les Etats-Unis avaient soutenu l’Algérie et son peuple après l’indépendance. Une vieille lune encore parce que partant de ce postulat, le Maroc beaucoup plus que les Etats-Unis pendant la guerre d’indépendance et qu’en est-il actuellement avec ce pays voisin ?

Concernant la crise libyenne, le Président de la République a affirmé que toutes les « anciennes » méthodes testées avaient prouvé leur échec et attesté de la justesse de l’approche algérienne en matière de règlement de la crise dans ce pays voisin. Une approche basée sur une solution décidée par les Libyens eux-mêmes, à travers l’organisation d’élections et le choix de leurs représentants.

Pour ce qui est du montant du milliard de dollars affecté à l’Agence algérienne de coopération internationale pour la solidarité et le développement, le chef de l’Etat a indiqué que cette enveloppe était destinée au financement de projets de développement dans nombre de pays africains. A croire que l’Algérie roule sur l’or pour mener une diplomatie de prestige. Alors même que les secteurs de la culture, du tourisme, de la PME/PMI… sont exsangues, Tebboune sort le chèque pour d’hypothétiques opérations de développement en Afrique. Son ancien mentor Bouteflika a essayé avec les résultats que l’on sait.

Aucune question ni déclaration sur les 300 détenus d’opinion, les violations ordinaires des libertés, sur la cherté de la vie,  le désespoir qui ronge les Algériens… Pas ça tout de même.

Au bout de l’interminable auto-entretien, Tebboune n’aura marqué les esprits que par ses approximations et un discours taillé dans la langue de bois. En mal de reconnaissance, le chef de l’Etat s’est auto-congratulé et est reparti sans doute satisfait de sa personne.

L.M.

 

Quitter la version mobile