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Les violentes réponses à Emmanuel Macron à partir d’Alger

Algérie France

Les relations algéro-françaises sont au plus mauvais.

La déclaration lundi d’Emmanuel Macron devant les ambassadeurs français sur l’Algerie ont déclenché un torrent de réactions. La virulence des réponses en dit long sur la dégradation continue des relations entre les deux pays. Car en Algérie, on ne parle que si on est autorisé.

La première salve officielle est venue du bureau de l’Assemblée populaire nationale condamnant des propos qui « portent atteinte et violent la souveraineté de l’Algérie ». 

Selon toute vraisemblance, cette réaction a sanctionné une réunion de cet organe de l’Assemblée populaire nationale convoquée de façon expresse et en urgence  par son premier responsable, Brahim Boughali. Elle répond donc à une demande venue d’en haut.

Sans surprise, la chambre basse du parlement algérien a exprimé son rejet total de ces déclarations, qu’il a qualifiées « d’ingérence flagrante dans les affaires intérieures de l’Algérie », soulignant qu’elles portent atteinte à sa souveraineté et à sa dignité dans une affaire ( l’arrestation et l’incarcération de l’écrivain Boualem Sansal, ndlr) examinée conformément aux lois algériennes ». Il y voit également « une tentative pas si subtile que ça de déformer l’image de l’Algérie et de ses institutions souveraines ».

Le Bureau de l’Assemblée populaire nationale convoque encore les massacres de la colonisation en déclarant que « l’Algérie, qui a été témoin des violations les plus odieuses pendant la période coloniale française, rejette toute ingérence extérieure ou tentative de donner des leçons dans le domaine des droits de l’homme et des libertés »

Il a ajouté que de telles actions « restent inacceptables pour le peuple algérien et n’affecteront pas la voie indépendante de l’Algérie, mais renforceront plutôt sa détermination à défendre sa souveraineté et sa dignité. »

Se faisant donneur de leçons, le bureau de l’APN a appelé les autorités françaises à adhérer aux règles des relations internationales fondées sur le respect mutuel.

Comme il fallait s’y attendre, le Front de libération nationale (FLN) a sortie ses vieilles lunes en réaction aux propos du président français. 

Puisant dans le même rhétorique nationalo-populiste, le FLN accuse Emmanuel Macron, dans un communiqué publié sur sa page officielle du réseau social Facebook, d’avoir proféré des paroles « irresponsables », indiquant qu’elles « constituent une ingérence dans les affaires intérieures de l’Algérie et portent atteinte à sa souveraineté et à sa dignité, notamment en matière juridique dans une affaire en cours d’instruction conformément aux lois algériennes. »

Le Parti Front de libération nationale a dénoncé ce qu’il considère comme « une transgression des limites du respect mutuel entre les pays », estimant que ce qui est dit dans ces déclarations « menace la souveraineté et la dignité de l’Algérie à un moment sensible, et portent sur une procédure judiciaire en cours conformément aux lois nationales ».

L’ancien parti unique a également exprimé sa ferme condamnation de ces déclarations, qu’il a qualifiées d’étranges, surtout de la part d’un chef de l’Etat qui prétend respecter les lois et règlements, tout en pratiquant une politique de deux poids, deux mesures dans diverses questions internationales.

« L’Algérie est un pays de révolutionnaires et de gens libres (sic !). Elle rejette toute tentative d’ingérence dans ses affaires intérieures, de chantage ou de marchandage avec notre pays, pour lequel il a sacrifié des millions de martyrs (resic !!) ». Puis le FLN fanfaronne comme il sait le faire depuis 60 ans : « Sa liberté, restera inviolable, car les Algériens sont nés libres et le resteront ».

Pour ce dernier, les propos du chef d’Etat français constituent « une misérable tentative de déformer l’image de l’Algérie et de ses institutions souveraines, dans une nouvelle démarche provocatrice qui dénonce la campagne en cours contre tout ce qui est algérien, de la part de parties perturbés par les succès que l’Algérie a obtenus ces dernières années aux niveaux politique, diplomatique et économique ».

Ils reflètent, considère le FLN « l’état de confusion que connaissent les décideurs en France en raison des profondes crises politiques et économiques que traverse leur pays. »

« Nous, au parti Front de libération nationale, rejetons tentative de donner des leçons sur les libertés et les droits de l’homme, et nous appelons les autorités françaises à adhérer aux règles des relations internationales fondées sur le respect mutuel», enrage, en conclusion, le communiqué FLN.

La rédaction

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