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 L’escalade du danger et du burlesque !

Présidentielles du 18 avril 2019

 L’escalade du danger et du burlesque !

Les « élections » telles que le pays les a vécues depuis l’indépendance, dans l’opacité et le mépris, n’ont jamais rejailli de façon positive sur l’Algérie.

Elles ont toujours donné lieu à des mises en scène, des manœuvres grossières du pouvoir et ont été systématiquement des moments paroxysmiques de luttes d’appareil, qui ont mis le peuple sur la marge de la scène politique et ajourné l’édification réelle d’institutions démocratiques.

C’est pourquoi les incertitudes et les tensions dans lesquelles s’enfonce le pays ne font qu’empirer de jour en jour :

  • Un président à la tête du pays depuis deux décennies, à l’état de santé calamiteux depuis plus de cinq ans et dont la longévité au pouvoir ne semble pas du tout remise en cause par la maladie ;
  • La nomination d’un nouveau président du Sénat, Bensalah, vieux routier du sérail, laquelle confirme le sempiternel choix de l’entre-soi et accentue la gérontocratie du pouvoir. Mais une douzaine de postes du tiers présidentiel n’ont pas été pourvus. Notons que 26 sénateurs du tiers présidentiel ont été reconduits mais que 12 autres postes sont restés vacants. Est-ce à dire que les hommes de confiance ont manqué à l’appel ?
  • Une assemblée nationale bicéphale de fait, puisque déchirée par les luttes intestines que se livrent deux apparatchiks qui revendiquent chacun de son côté la légitimité de l’investiture, une nouvelle vacance à la tête du Conseil Constitutionnel après le tout récent décès de son Président.

– POUR SE RAPPELER : Bouteflika : Mugabe et putschiste à la fois (2) 

Ce qui est assez surréaliste dans ces présidentielles, c’est l’explosion de candidatures, plus burlesques les unes que les autres, de plus d’une centaine ( !!! ) de prétendants à la magistrature suprême, qui vocifèrent et trépignent de se jeter dans la foire d’empoigne qui s’annonce.

Au-delà de l’aspect ubuesque de cette situation, le malaise est bien plus profond que ce que le pouvoir et la scène politique donnent à voir en surface. Observons d’abord l’extrême prudence du sérail quant à l’annonce d’un cinquième mandat de son favori. Ce scrutin électoral semble gêner le pouvoir et met dans l’embarras aussi toute la classe politique. D’aucuns s’interrogent sur la posture inhabituelle des partis et ce, toute couleur politique confondue.

En revanche, nous nous réjouissons que le FFS, le RCD et Jil Jadid aient opté pour le boycott de la mascarade du 18 avril prochain. Espérons que cette inflexion salutaire de leur ligne politique ouvre de nouvelles perspectives au rapprochement des courants démocrates et à l’édification d’un large rassemblement républicain et patriotique.

Dans cette médiocrité ambiante, la candidature du général Ghediri à la présidence semble jouir d’une certaine respectabilité auprès de l’opinion et contraste par la pertinence du discours. Son surgissement « spontané » dans l’arène politique a jeté un pavé dans le marais des postulants mais un homme, aussi bardé de diplômes et aussi puissant soit-il, peut-il à lui seul plier l’ordre établi à ses volontés ?

Il pointe, certes son doigt accusateur contre la rente, fulmine contre la corruption, met en garde contre les dangers d’éclatement de la nation, mais son programme demeure généraliste et insuffisant, voire ambigu sur les questions sociétales.

A un moment où le pays est une véritable poudrière, le silence et les faux fuyants ne sont pas de mise car l’ambiguïté s’accommode mal de l’intransigeance qu’exige le combat pour consacrer le projet de société moderne et l’Etat de droit.

Faudrait-il accorder un blanc-seing à celui qui a fait de la question de l’Ecole un angle mort de ses lignes programmatiques alors que c’est cette institution essentielle qui façonne l’avenir en préparant les générations du futur ? Faudrait-il signer un chèque à blanc à celui qui a fait de la question des femmes un point aveugle de ses prises de position alors que l’émancipation des femmes est une exigence primordiale du progrès et un vecteur essentiel de la mobilisation de la société entière ?

Comment peut-on s’inscrire dans la « rupture », « le moule d’un projet de société moderniste » et l’édification d’une « seconde République » si l’on fait l’impasse sur la nécessité de la séparation du religieux et du politique et si l’on passe à la trappe le besoin d’une refonte radicale de la classe politique ?

En effet, la classe politique dans son ensemble est celle de tous les reniements. Celle-ci a quitté la terre ferme des principes pour naviguer dans les eaux troubles de la corruption. La compromission de cette classe politique est le tribut qu’elle a choisi de payer pour acheter la paix sociale dans le pays. C’est pourquoi l’Algérie doit tourner définitivement la page de tous les partis, partis-états, partis islamistes, partis démocrates lesquels n’ont aujourd’hui malheureusement d’autre rôle que celui de la brosse à reluire du pouvoir et de la courte échelle aux islamistes.

A bien y réfléchir, nous ne prendrons pas le train de « l’aventure » que nous propose Ghediri car le PLD ne croit ni au démiurge, ni aux solutions magiques et nous ne voulons pas jouer l’avenir du pays à la roulette russe. La candidature de Ghediri et celle de Bouteflika, c’est la division assurée de l’épine dorsale du pays, l’ANP avec toutes les conséquences fâcheuses que cela pourrait entraîner. Deux indices qui risquent de mener à des dérives dangereuses : l’interdiction, il y a quelques jours du forum du quotidien« Liberté » à l’hôtel Sofitel, qui recevait ce dimanche Sofiane Djillali.

La solution sage, c’est l’arrêt immédiat de ce processus « électoral » suicidaire pour éviter le chaos d’une part et ouvrir d’autre part la voie à une transition républicaine et patriotique. L’intérêt suprême du pays n’a pas de préférence partisane. Il transcende tous les clivages politiques. A l’exclusion des islamistes, le salut du pays passera par le rassemblement de tous les patriotes de l’arc républicain, quel que soit par ailleurs leur positionnement politique.

Cette convergence républicaine et patriotique appelle une transition politique pacifique. Celle-ci pourrait être menée à bien si l’ANP, institution républicaine qui a su défendre la patrie aux heures les plus sombres du terrorisme islamiste, s’engage à l’accompagner jusqu’à sa pleine réalisation.

Tout en lançant le débat autour de la nécessité de cette transition, proposition est faite, à tous les républicains et les patriotes soucieux de l’intérêt supérieur de la nation de la décliner selon les points suivants :

  1. – Transition nationale décrétée par le Président de la République et appuyée par les forces     vives du pays et ce, dans les meilleurs délais,
  2. – L’ANP en est garante du caractère pacifique et démocratique,
  3. – Nomination d’un gouvernement de combat républicain pour gérer la transition,
  4. – Dissolution des institutions « élues » ou désignées (Sénat, APN, APW, APC), ainsi que celle des syndicats et associations « maison » (UGTA, UNPA, UNEA, UNFA, …),
  5. – Adoption d’un projet d’une nouvelle constitution afin d’aboutir à la définition d’un projet de société consacrant l’Algérie, RÉPUBLIQUE, DÉMOCRATIQUE, MODERNE, SOCIALE et LAÏQUE,
  6. – Adoption d’un projet de loi sur les partis politiques et leur financement, pour le renouvellement de la classe politique,
  7. – Organisation des premières élections libres et démocratiques (législatives, communales, et présidentielles).

Alger le 2 février 2019,

Le Bureau National du PLD.

Auteur
PLD

 




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