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 L’Etat sécuritaire, la nouvelle stratégie pour museler l’opposition

Se dirige-t-on vers un Etat sécuritaire, avec une forte normalisation autoritaire ? La question semble, à vrai dire, tranchée, depuis quelques semaines, en haut lieu.

En fait, un article de Jeune Afrique sous le titre  Algérie : M’henna Djebbar, le « Monsieur anti-subversion » du pouvoir », daté du 21 janvier dernier, revient sur la création en novembre 2021 par les autorités algériennes d’un nouveau service de renseignement, dénommé « Direction de lutte contre la subversion » (DGLS).
Confirmé dans le Journal officiel du 29 décembre 2021, ce service, chapeauté par  le général-major M’henna Djebbar, une des figures de proue de la lutte antiterroriste durant les années 1990, intégré dans le Haut conseil de sécurité, a pour mission de contrôler le monde politique.
Le modus operandi est simple : dans une première étape, parasiter l’opposition, en s’attaquant à ses relais médiatiques, notamment ses chaînes de télévision à l’étranger.
Puis, dans un second temps, perturber les influenceurs contestataires sur les réseaux sociaux. En coordination étroite avec la Direction de la communication, de l’information et de de l’orientation du ministère de la Défense, ce service jouera en quelque sorte le rôle du cyber-commissariat politique. Si les révélations de Jeune Afrique s’avèrent vraies, il convient de s’interroger sur l’avenir du Hirak dans cette nouvelle reconfiguration du régime.
Le pouvoir n’est pas prêt, semble-t-il, à lâcher du lest face à une rue déterminée d’en finir avec l’héritage du parti unique et de l’ère bouteflikienne.
La feuille de route, mise en place, par l’exécutif Tebboune fera de l’acte politique un crime, et cela restreindra à coup sûr l’espace des libertés individuelles et publiques, déjà en souffrance, depuis plus de deux ans, avec la machine répressive qui s’est installé dans la durée et la chape de plomb imposée autour de quelques partis d’opposition en activité, comme le MDS, le PST et le RCD.
Ce tour de vis n’a pour finalité que de contourner le Hirak et ne lui laisser aucune marge de manœuvre pour rejaillir, après le long confinement, qui se poursuit d’ailleurs jusqu’à aujourd’hui, à cause de la pandémie de la Covid-19.
Mais alors, le projet du régime peut-il aboutir ?
Rien n’est moins sûr, dans la mesure où le front social, à présent en ébullition, risque de donner une autre tournure aux événements, en jetant dans l’espace public, ce que l’on pourrait appeler « l’émeute du pain ». Autrement dit, un Hirak social qui ne dira pas son nom, à même de brouiller toutes les cartes sur la table…
 
Kamal Guerroua
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