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Lettre à Karim Tabou

TRIBUNE

Lettre à Karim Tabou

Je suis tout à fait opposé à toute participation à un scrutin tant que le régime militaire n’est pas à genoux et jugé, tu le sais. Ou lis-tu parfois mes contributions pour t’en rappeler.

Mais je m’aperçois que tu joues un rôle significatif dans cette période. Alors, si personnellement je ne soutiens ni ne m’oppose à ce que j’ignore de ton projet, je me souviens au moins de ton humanisme et de notre amitié.

La seule chose que j’espère est que tu n’oublieras pas notre beau projet commun, celui que nous n’avions pas réussi à mettre en place car ils avaient des chars et nous, seulement nos convictions.

Je t’en rappelle les bases :

– Libérer la femme du monstrueux Code de la famille.

– Instaurer la laïcité.

– Libérer la parole et promouvoir toutes les libertés humaines.

– Juger les responsables du système militaire et leurs amis milliardaires offshore.

– Redonner aux langues et aux cultures leurs dimensions premières, soit la construction d’une société moderne et apaisée.

Quelle que soit ta place dans ce débat et le niveau d’adhésion en voix que tu auras, j’espère et j’en suis sûr que tu ne trahiras pas les raisons pour lesquelles nous étions ensemble, il y a trente ans.

Quant à ta gentillesse, elle n’a lieu d’être mentionnée que dans mon souvenir privé, pas en politique.

Tant de gens nous ont déçus et trahis, Karim. Ne rallonge pas cette liste à ton tour. Cependant, ne compte pas sur mon vote, je n’ai jamais mis un bulletin dans l’urne posée par un régime militaire et ne suis pas prêt à en introduire un tant qu’ils sont là et en liberté. C’est peut-être là le seul reproche que j’ai à te faire, j’aurais aimé que ta candidature attende la fin définitive du régime militaire et la naissance de la seconde république.

Et pour terminer avec une petite touche d’humour. Quel âge as-tu maintenant ? Fais attention, les jeunes veulent du sang neuf et rejettent les dinosaures. Mais à ce que je vois, le temps t’a épargné, j’en suis ravi et aurais souhaité qu’il en fasse de même pour tous. Il y a toujours des pistonnés sur cette terre.

Cet article n’est nullement une offre de service et, probablement, nous ne nous reverrons jamais plus. Mais juste une supplique pour que tu témoignes de ce beau projet national qui fut le nôtre, sans aucune transformation coupable.

Bonne chance à toi !

Auteur
Boumediene Sid Lakhdar, enseignant

 




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