Mardi 17 avril 2018
Lettre ouverte à M. Azzedine Mihoubi, ministre de la Culture
Nour El Yakine Ferhaoui, fondateur du salon international et initiateur du projet de salon international de la caricature, du dessin de presse et d’humour d’Oran :
« Ayant épuisé tous les autres recours, auprès de fonctionnaires qui dépendent de votre juridiction, à Oran, je me permets de m’adresser à vous en tant que dernier recours.
Comme la presse l’a suffisamment communiqué, je suis l’auteur d’un projet culturel pour la ville d’Oran. L’ensemble des médias l’a qualifié comme bonne, utile et originale initiative pour le public. Malheureusement, le Directeur de la Culture de la wilaya d’Oran a manifesté une indifférence totale, pour ne pas dire une hostilité absolue, à ce projet. Et pas seulement.
En effet, au début de décembre 2017, suite à une demande d’audience, dont je détiens un accusé de dépôt de courrier, je fus contacté par M. Kouider Bouziane, l’actuel Directeur de la Culture de la wilaya d’Oran. Dans ma lettre, j’ai détaillé le contenu du projet, avec l’espoir de voir parrainer cette 1ère édition du salon international de la caricature, du dessin de presse et d’humour d’Oran, que j’ai intitulé « Oran 2021 ». J’avais l’intention de l’organiser au Musée d’Art Moderne « MAMO », en mai 2018, avec la présence de grands dessinateurs éditorialistes algériens et étrangers de renommée internationale. Le projet fut jugé une bonne initiative par ce dernier, avec la promesse de transmettre en main propre le dossier aux instances concernées, voire le Ministère de la culture et le wali d’Oran.
Après quelques jours, le Directeur me demanda de lui délivrer toutes les pièces d’identité des caricaturistes, y compris celles des étrangers. Une semaine après, j’ai donc récolté tous les documents des participants, y compris leur curriculum vitae, complétant le tout par les fiches descriptive et technique du projet.
La presse commença à informer du projet, et les journalistes de le soutenir comme bonne initiative. Malheureusement, la Direction de la Culture d’Oran mit le dossier aux oubliettes. Pourtant, le projet s’est médiatisé et les participants invités s’impatientaient.
Pour m’assurer des dates fixées pour l’inauguration de l’événement, je me suis orienté vers la Directrice du Musée public national Zabana. Elle m’avait tendu la main en me délivrant une autorisation d’exploitation des espaces du MAMO, dont les dates ont été fixées du 7 au 12 avril ; de même, il aurait transmis les copies des documents d’identité des dessinateurs étrangers, au Ministère pour faciliter l’obtention de leur visa.
Mais voilà que le Directeur de la Culture refusa de me recevoir, laissant le projet sans considération, alors que ce dernier nécessitait le parrainage pour obtenir des sponsorings permettant de mener à bien la rencontre. À maintes reprises, je me suis présenté pour connaître le sort réservé à mon projet, sans aucun résultat. A vrai dire, je me suis trouvé confronté à un véritable engrenage dû aux abus de pouvoir, à l’incompétence, à la bureaucratie, et surtout aux injustices dont je n’arrivais pas à faire face.
Devant ces faits, qui me paraissaient totalement arbitraires, je n’ai pas choisi de me résigner, ni de m’exiler, ni de m’asperger publiquement d’essence et me suicider, par protestation. J’ai préféré dénoncer aux médias l’inertie de la gestion du Directeur de la Culture d’Oran, ainsi que ses tergiversations qui menacerait la tenue du plus important salon international de la caricature, du dessin de presse et d’humour que la ville d’El Bahia comptait accueillir ce moi ci. Ces médias m’ont soutenu. Notamment, on demanda que le Directeur de la Culture de la wilaya d’Oran exprime publiquement le motif de son silence concernant le projet. Encore silence.
Quand je me suis vu ignoré par ceux qui décident, je me suis également adressé à l’Office National des Droits d’Auteurs et Droits Voisins, ONDA dans l’espoir de me porter secours financièrement. Son Directeur Général, M. Sami Bencheikh, me convoqua pour signer un protocole de soutien, estimé à 300.000 DA, octroyé dans le cadre du fonds à la création. À la dernière semaine des préparatoires de l’événement, les 300.000 DA, avec lesquels je comptais mener le salon, furent bloqués malheureusement. Un véritable coup de gueule dans le but d’étouffer mon projet pourtant prometteur.
Le jour de l’inauguration du salon, le 7 avril, les portes du MAMO étaient fermées à clé, et nul des administrateurs et des agents ne m’autorisa à accéder à l’intérieur. Considéré comme persona non grata, on m’a même interdit d’afficher le communiqué que je tentais d’exposer à l’intention de la presse. Un invité, qui s’était déplacé d’Alger à Oran, pour me soutenir, m’accompagnait. On nous a ouvert la petite porte. Toutefois, ni le public et ni les journalistes ne furent autorisés à accéder à l’intérieur du MAMO. Et pourtant, un bon nombre d’admirateurs de la caricature algérienne s’est trouvé devant l’établissement pour assister au vernissage.
Par ailleurs, La Directrice du Musée Public National d’Oran fut blâmée par ses supérieurs d’Alger, pour avoir autorisé l’exploitation des espaces du MAMO, et à cause des pièces d’identités des dessinateurs étrangers, pourtant approuvées par le Ministère de la Culture pour l’obtention de leurs visas, selon de sources proches, bien sure.
Par conséquent, j’estime être victime d’une action totalement arbitraire de la part de la Direction de la Culture de la wilaya d’Oran, l’ONDA, ainsi que du Directeur de l’ODPCA au Ministère de la Culture, Monsieur Abdallah Bougandoura, qui n’apprécia guère ledit projet. Comment interpréter leur action sinon comme volonté d’empêcher la tenue du salon ? Même une rumeur circule, m’accusant de l’intention d’inviter les dessinateurs de Charlie Hebdo, ainsi que des caricaturistes considérés comme persona non grata en Algérie, alors que la venue de ces derniers fut approuvée par le Ministère, et leurs visas délivrés selon le protocole.
Monsieur le Ministre, toute ma requête est la suivante : que me soient fournis par écrit,, publiquement et officiellement, les motifs raisonnables et acceptables, conformes à nos lois, des comportements contraires à mon projet. Le silence est inacceptable, parce que contraire aux droits citoyens reconnus par notre Constitution.
En espérant, finalement, recevoir les éclaircissements nécessaires, je vous prie de croire, Monsieur le Ministre, à mes considérations distinguées.
Nour El Yakine Ferhaoui
Fondateur du salon international et initiateur du projet