Site icon Le Matin d'Algérie

Lettre ouverte à Tahar Hadjar, ministre de l’Enseignement supérieur

Incompétence des présidents des comités pédagogiques régionaux de spécialité

Lettre ouverte à Tahar Hadjar, ministre de l’Enseignement supérieur

Monsieur le ministre, permettez-nous de solliciter par la présente lettre votre autorité et votre bienveillance afin d’intervenir, selon vos prérogatives, dans la situation dans laquelle nous nous débattons depuis plus de 3 mois concernant notre formation de futurs chirurgiens spécialistes en chirurgie générale, chirurgie pédiatrique, chirurgie plastique, chirurgie thoracique, et chirurgie maxillo faciale.

En effet, Monsieur le ministre, durant la 2e année de notre cursus, nous sommes affectés pendant deux semestres consécutifs dans les différents services de chirurgie traumatologique, et de chirurgie pédiatrique du pays, avec des objectifs pratiques à atteindre, énumérés dans nos carnets de stage.

Nous sommes aussi censés bénéficier de cours magistraux, assurés par des enseignants chercheurs hospitalo-universitaires, avec un programme de cours et de travaux dirigés communiqué en début d’année, comme c’était le cas durant notre 1ère année de formation où nous étions affectés dans les services de chirurgie générale.

C’est avec déception que nous avons découvert, au fur et à mesure de l’avancement de nos stages, que nous n’étions que des « non optionnistes », comprendre : des résidents dont la future spécialité n’est pas celle du service. Nos activités au bloc opératoire étaient de ce fait limitées par rapport à celles des « optionnistes », qui eux, étaient déjà dans leur spécialité, et étaient donc naturellement prioritaires dans l’apprentissage des gestes chirurgicaux faisant partie de l’activité opératoire courante de ces services.

C’est aussi avec étonnement que nous avons constaté que le programme de cours de traumatologie n’était pas en harmonie avec nos objectifs de stage, puisque la majorité de ces cours concernait les futurs chirurgiens orthopédistes, et non pas les « non optionnistes » que nous sommes, futurs chirurgiens généralistes, thoraciques, pédiatriques, maxillo faciales et plastiques.

Le flou qui entourait le déroulement des épreuves d’évaluation de fin d’année était flagrant, puisque dans nos différents services, nous avons eu plusieurs versions. Certains chefs de services affirmant qu’il s’agirait d’évaluations dans les services, d’autres d’un examen régional classant, et d’autres d’un examen national sanctionnant.

Concernant la chirurgie pédiatrique, aucun programme de cours magistraux n’a été communiqué, certains chefs de services se sont donné la peine d’assurer des travaux dirigés à leur échelle, pendant que d’autres se sont contenté de traiter les résidents « de passage chez eux » comme de la main d’œuvre, faisant face à l’accueil aux pavillons des urgences, sans jamais se soucier de leur formation, ni théorique, ni pratique.

Ceci témoigne de l’anarchie dans laquelle baignent les comités pédagogiques de ces spécialités.

Pire encore, nos aînés, de nos futures spécialités, ne cessent de nous affirmer que la 2e année de chirurgie n’est qu’une perte de temps pour nous, et que malgré des objectifs pratiques ambitieux, impossibles à atteindre sur le terrain, ces derniers ne nous seraient pas utiles à l’avenir dans notre futur exercice, et que la suppression de cette 2e année est en cours de discussion dans les comités pédagogiques nationaux et régionaux de spécialité.

C’est suite à des menaces de la part de certains chefs de service contre leurs résidents, leur promettant de les recaler à l’examen de fin d’année, de manière totalement arbitraire, arrogante et tyrannique, que nous sommes montés au créneau pour dénoncer l’incapacité de ces professeurs à gérer notre formation, et pour dire « stop » à cette injustice que nous avons subie plusieurs mois.

Nos appels sont restés sans réponse, et malgré plusieurs actions, dont une grève de plusieurs jours, de multiples sit-in, pendant plus de deux mois, nos efforts pour apporter un changement sont restés vains. Le boycott à 100% des deux examens à caractère sanctionnant le 20 et 27 septembre, puis le 18 octobre, était notre ultime recours afin de nous faire entendre. Un examen sanctionnant, et régional, dont les futurs orthopédistes étaient dispensés.

Nous avons été déclarés ajournés, sans aucun écrit, sans aucune note officielle, sans PV ni affichage, juste oralement, par les présidents de CPRS, qui, fidèles à leurs méthodes, préfèrent ajourner une promotion entière de futurs chirurgiens, que d’être attentifs et à l’écoute des problèmes qu’ils tentent de dénoncer. Ajournés et sommés de refaire une année que tout le monde s’accorde à affirmer inutile pour notre future pratique !

Nous voilà aujourd’hui, depuis le 1er novembre, date à laquelle nos précédentes affectations ont expiré, au chômage ! Oui, au chômage Monsieur le ministre ! Après une année d’efforts et de travail, et avec des stages validés par les chefs de service, 189 résidents du centre au chômage. Ni ajournés, puisque nous n’avons pas été réaffectés dans les terrains de stage de 2e année, ni admis, puisque les présidents de CPRS n’ont pas encore trouvé de moyen légal de nous affecter dans les terrains de stage de 3e année, qui sont donc vidés de leurs résidents depuis que les 3e années ont rejoint leurs terrains de 4e années. Un statu quo qui n’a que trop duré.
Un statu quo qui affecte aussi les résidents de 1ere année, qui sont plus de 200, admis en 2e années, qui sont eux aussi toujours sans affectations, depuis que les nouveaux résidents admis au résidanat 2017 ont intégré leurs postes le 2 novembre dernier, car ces mêmes CPRS refusent de les répartir dans les services d’orthopédie et de chirurgie pédiatrique. De quel droit les tiennent-ils en otage ?!

Pour la région Ouest, la situation n’est pas meilleure, puisque ces mêmes examens ont été boycottés, également à 100%, et pour les mêmes raisons suscitées, aux dates du 18 et 19 octobre, et à ce jour, les résidents observent une grève illimitée sans aucune réponse à leurs revendications.

Notre démarche initiale, restée sans réponse, avait pour unique but l’amélioration de notre formation, et donc nos futures compétences. La situation actuelle dans les services est sans précédent, des services hospitalo-universitaires vidés de leurs résidents, ce qui se répercute négativement sur l’activité aux urgences et sur la prise en charge des patients. Malgré nos efforts et notre travail durant l’année écoulée, malgré les appréciations favorables de nos chefs de services à notre égard, nous sommes aujourd’hui dans le flou total concernant notre avenir professionnel.

Vu le mutisme de notre tutelle et la répression dont on a fait l’objet depuis plusieurs mois, nous vous sollicitons, Monsieur le Ministre, afin de prendre les mesures qui s’imposent et faire le jour sur l’incompétence dont nous sommes victimes.

Dans l’attente d’une réponse favorable, veuillez agréer, Monsieur le ministre, l’expression de notre profond respect.

Les médecins résidents en 2e année de chirurgie de la région centre

 




Quitter la version mobile