Dimanche 10 mars 2019
Lettre ouverte aux « dieux » mythiques d’Algérie :militaires et mafia politico-financière confondus
Depuis 1962, combien de fois, combien de voix, combien d’hommes et de femmes braves, politiciens, écrivains, journalistes, syndicalistes, hommes de lois, chanteurs, caricaturistes…etc, vous avez tus, bâillonnés, exilés ou neutralisés au nom de votre foi :La corruption et le règne absolu ?
Aujourd’hui, quand je regarde de très loin(Québec) comme un spectateur désespéré ce qui se passe dans mon pays d’origine, tout le branle bas de combat autour du 5ème mandat de Bouteflika et les impressionnantes manifestations pour rompre radicalement avec le système archaïque de gouvernance en place depuis plus d’un demi-siècle, le moins que je puisse dire est que vous, ses dirigeants, le traînez dans la boue et le menez droit au naufrage en faisant abstraction de la volonté populaire, longtemps plié sous le joug de votre dictature militaire déguisée en démocratie fantaisiste et incarnée inlassablement par vos ministres subalternes et vos présidents triés au volet depuis l’indépendance de l’Algérie dont la révolution et ses restants sont séquestrés par vos relais arabo-baathistes qui semèrent les graines de l’islamisme politique au pays pour récolter le chaos partout à commencer par l’école, la santé, la justice pour ne citer que ces secteurs névralgiques.
Le président sénile, malade, assoiffé du pouvoir et assis sur le trône depuis les vingt dernières années sans parler de celles qu’il a passées en tant que ministre sous le règne de son mentor à la main de fer, Houari Boumediene de 1965 à 1978,vous sert d’ultime rempart contre la démocratie, votre bête noire, et vous poursuivez ainsi votre sale besogne ; celle de dilapider les deniers publics sans foi ni loi.
Bouteflika est né à Oujda en 1937 et sans doute son dernier vœu à son anniversaire du 02 mars est de finir ses jours sur le trône malgré son silence alarmant depuis 2013 où il n’a dit mot au peuple suite à son AVC fatal. Sa bande de mafia politico-financière projette son image en avant de la scène politique nationale et internationale dans un cadre nostalgique qui nous rappelle les années 2000 où ses discours fulminaient à la télé en brandissant son épée de Damoclès contre la Kabylie dont les enfants tombaient comme des mouches sous les balles assassines des gendarmes algériens lors du printemps noir de 2001.
Ce fut la politique de la terre brûlée de Bouteflika où il divisa le peuple pour mieux régner sans parler de sa fameuse loi sur la concorde civile qui, d’un revers de la main, blanchit les terroristes islamistes et mit définitivement à l’abri les généraux corrompus de l’époque (1993-2000) soupçonnés d’avoir les mains sales au cours de ces années sanglantes de guerre civile où l’Algérie a payé un lourd tribut avec plus de 100 000 morts, sans compter les milliers de disparus et d’infirmes.
Combien de temps, il vous faut pour rendre les clés de l’Algérie au peuple après l’avoir meurtri et lui avoir confisqué son indépendance et ses libertés ?
Les victimes sont les enfants de ce magnifique pays au littoral pittoresque, aux montagnes splendides, au sahara magique, et les privilégiés sont vos petits enfants vautrés sur les bancs des écoles de renommée tandis que ceux du peuple peinent à aiguiser leurs crayons pour écrire correctement les mots qui valsent dans votre cour des grands tels; l’extorsion de fonds, la trahison, la manigance, le détournement d’argent, les crimes, les scandales, la langue de bois, les villas luxueuses partout dans les quatre coins d’Algérie qui abritent vos secrets les plus sordides à l’instar des meurtres politiques non élucidés de Krim Belkacem, Mohamed Khider, Abane Ramdane, Ali Mecili…et Matoub Lounes.
Les enfants du peuple préfèrent sans l’ombre d’un doute avoir l’orthographe naturelle pour un seul mot qui défile aujourd’hui sur leurs bouches : Liberté.
Décidément, comme Paul Éluard, ils sont entrain de l’écrire sur une nouvelle page de l’histoire d’Algérie, sur les galons des généraux, sur les clés ouvrant vos coffres remplis de billets, sur vos discours fumant l’hypocrisie, sur l’ironie du sort d’un président sourd muet et gérant l’Algérie à huit clos, sur les portes des appartements luxueux que vos enfants occupent allègrement à Paris, Londres, Montréal, Viennes…grâce à l’argent sale du pétrole et du gaz, sur la constitution et les lois du pays que vous avez dépravés, sur les pavés des rues d’Alger interdite aux manifestants depuis juin 2001 quand la Kabylie a failli vous déloger de vos somptueux bureaux moisis dans le mensonge, la torture et les coups bas, sur les barreaux de prisons ayant servies de demeures aux journalistes à la plume aiguisée et aux opposants sans merci au verbe tranché, sur les tombes des martyrs de novembre 54 au digne combat que vous avez spolié et à mon tour…j’écris le mot liberté sur toutes les mains émancipées brandies au ciel par tous les enfants d’Algérie qui battent le pavé aujourd’hui en espérant assister un jour à la terre crouler sous vos pieds, ce jour là, votre glas aura sonné, la justice et les droits des algériens auront triomphé.
Ali Atman
Enseignant à Montréal.