Mercredi 21 octobre 2020
L’exil ou la prison
C’est la lamentable équation qu’offre d’une main lourde le système politique représenté par M. Tebboune.
L’Algérie vit des jours sombres. A la crise sanitaire qui a achevé le très fragile tissu économique national s’est ajouté un système politico-policier particulièrement impitoyable. Désormais sous M. Tebboune, l’Algérie n’a rien à envier à la Corée du Nord moins bien entendu le savoir-faire technologique.
Depuis l’arrivée au pouvoir de M. Abdelmadjid Tebboune le nombre de harragas a explosé. Il a rompu les derniers espoirs nés à la faveur des manifestations du Hirak. Tout en jurant ses grands dieux qu’il répond aux revendications populaires, M. Tebboune et ses ministres s’emploient à faire le contraire.
Il ne passe plus un jour sans une condamnation d’un homme, d’une femme pour avoir exprimé ses idées dans la rue ou sur les réseaux sociaux. Les tribunaux sont devenus des machines à condamner, à envoyer en prison une jeunesse qui ne se voit plus un avenir qu’en exil. L’arsenal juridique est systématiquement mis à jour pour ordonner, punir, punir, punir et condamner.
Il faut faire taire à jamais cette rue rebelle et dissidence qui a osé élever la voix en 2019, pense-t-on en haut lieu.
L’exil, la harga à tout prix, est devenu un leitmotiv. Le seul espoir. Des femmes avec bébés, des jeunes et des hommes préfèrent affronter la Méditerranée que de vivre en Algérie. Depuis plusieurs mois, les plus chanceux arrivent par dizaines sur les côtes espagnoles. Mais combien de femmes, d’enfants, de jeunes disparaissent en mer ? Personne ne nous le dira.
La verticale autoritaire
M. Tebboune a hérité de la présidence sans le moindre manuel de fonctionnement. Il y a loin du discours à la pratique. Le pouvoir versus Tebboune parle de liberté tout en multipliant les interdictions de l’expression politique. M. Mohcine Belabbas vient d’en faire l’expérience. Avant lui des dizaines de jeunes pleins de vie et d’envie sont réduits au silence des cellules de prison.
La scène politique est plongée dans le coma. L’opposition est muselée, étouffée. Seuls les troubadours et autres meddahine du pouvoir ont droit aux médias lourds, aux réunions publiques et à l’expression.
M. Tebboune règne sans partage. Ordonne. Punit. Plus aucune tête ne doit émerger que la sienne. Ceux-là même qui avaient élevé le portrait de Bouteflika en totem reproduisent les mêmes travers avec M. Tebboune.
Plus aucune activité ne doit être autorisée hormis celles du pouvoir et ses courtisans traditionnels. Ces derniers par atavisme ne se gênent plus à déifier les puissants du moment… jusqu’à leur chute.
Telle est l’Algérie convoquée à avaliser une énième constitution qui, nous parions, sera violée dès le 2 novembre.