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« L’heure est à l’Unité »

L’OEIL DE ZINA

« L’heure est à l’Unité »

Nous avons décroché quelques batailles mais sommes plus que jamais toujours en guerre.

Passé l’enthousiasme des premières émulations, chaque région, groupuscule, collectif prend conscience de l’ampleur de la tâche. Le plus dur est à venir et il nous faut plus que jamais rester unis face aux obstacles qui vont se présenter.

Les projecteurs du monde entier sont braqués sur nous et la moindre erreur peut nous coûter cher. Très cher. Tout comme il a fallu 10 casseurs aux Gilets Jaunes pour perdre l’opinion publique, il nous suffira d’une seconde agression homophobe pour donner du grain à moudre à nos détracteurs. Seulement voilà. Nous parlons d’une société dans son entier, pas d’une salle de classe où on doit maintenir au calme quelques élèves dissipés. Cinq millions de manifestants dans la rue, ça en fait des courants de pensée. Même si quatre millions neuf cent quatre-vingt-dix-neuf mille neuf cent quatre-vingt-dix-neuf se comportaient de façon exemplaire, nous n’empêcherons pas les médias de faire des auréoles de lumière aux minorités nuisibles.

Les réseaux sociaux nous ont offert un espace de liberté d’expression précieux et ont transformé nombre de journaux de qualité en putes à clic. Les statistiques de partage ont fait de l’ombre aux analyses journalistiques approfondies. Bienvenue dans l’ère numérique.

Le mariage du citoyen et de sa souris, pour le meilleur et pour le pire.

Cette révolution, c’est le moment pour nous de se réapproprier le débat. L’unité oui, mais avec la liberté d’opinion à sa porte. Plus que jamais rester unis pour sortir de ce texte qui nous aliène depuis bien trop longtemps. Unis dans l’adversité. N’est-il pas formidable d’imaginer que des islamistes et des féministes puissent marcher côte à côte dans les rues d’Alger ? N’est-il pas grisant d’imaginer une place pour tout le monde dans l’Algérie de demain ?

Alors que je me réjouissais de cette idée, j’assiste à la construction d’une société 1984 sur les réseaux sociaux. « Ce n’est pas le moment » de parler du racisme ou de l’homophobie, «l’heure est à l’unité». Tout post féministe est accusé d’être une « tentative de division ». Ce n’est pas non plus le moment de parler de la place des enfants d’immigrés dans le débat public algérien. L’heure est à l’unité.

L’unité serait-elle devenue la nouvelle autorité ? J’ai envie de citer Pierre Desproges pour qui « la démocratie est la pire des dictatures, parce qu’elle est la dictature exercée par le plus grand nombre sur la minorité. »

J’ai plus que jamais à cœur de parler du Code de la famille, de l’importance des cultures au pluriel de notre Algérie, de cette société hyper-masculine qui m’étouffe chaque minute. Cela ne m’empêchera pas de marcher dans la rue avec les personnes qui ne sont pas d’accord, bien au contraire. Discuter sans pour autant se menacer au vitriol. C’est cela saluer la démocratie.

Auteur
Zina Mebkhout

 




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