L’aviation israélienne a mené, vendredi 20 septembre, des raids dans la banlieue sud de Beyrouth, 48 heures après les deux vagues d’explosions d’appareils de communication qui ont fait des dizaines de morts et des milliers de blessés dans les rangs du parti chiite pro-iranien.
Le ministre de la défense israélien, Yoav Gallant, qualifie la frappe qui a visé le commandant de cette force d’élite, Ibrahim Aqil, de « nouvelle phase de guerre », selon Le Monde. Ces frappes ont fait 37 morts, dont 16 membres du mouvement islamiste libanais et six civils, également plusieurs dizaines blessés. Parmi les morts figurent le fondateur et chef de la force d’élite al-Radwan, Ibrahim Aqil, son adjoint Mahmoud Wehbé, et tout l’état-major de cette unité spéciale.
Pendant des heures, des excavatrices ont déblayé les décombres pour tenter d’arriver au deuxième sous-sol où se trouvait l’état-major de la force al-Radwan, presque au complet.
Le raid israélien mené avec des chasseurs-bombardiers de cinquième générations F-35 a eu lieu en deux temps, à une heure de pointe. Une première salve de missiles air-sol a complètement détruit un immeuble de huit étages et lors d’une deuxième vague, des avions ont largué de puissantes bombes perforantes, pour atteindre l’endroit souterrain où se tenait la réunion, rapporte le correspondant de Rfi à Beyrouth.
Les raids ont détruit un immeuble adjacent, des dizaines d’appartements et provoqué d’importants dégâts dans ce quartier résidentiel situé en plein cœur de la banlieue sud de Beyrouth. Passé les premiers moments de désordre, les secours se sont vite organisés et les blessés, en majorité des civils, ont été transportés vers les hôpitaux.
Fer de lance de la branche militaire du Hezbollah
La décapitation de l’état-major de la force al-Radwan affecte les capacités offensives du Hezbollah. Cette unité d’élite, établie en 2008, a pour vocation d’infiltrer la Galilée et d’occuper du territoire en terre ennemi. Sa création avait marqué un changement dans la doctrine militaire du Hezbollah.
La force al-Radwan est ainsi considérée comme le fer de lance de la milice chiite dans son combat contre Israël. Elle regroupe des combattants expérimentés dont certains ont combattu en Syrie ou dans d’autres pays de la région et est aujourd’hui en première ligne dans le sud du Liban.
De ce fait, cette unité est particulièrement dans le viseur de l’État hébreu : l’armée israélienne accuse la force al-Radwan d’avoir établi des plans pour attaquer le nord du pays en cas de guerre à large échelle.
Par ailleurs, son commandant, Ibrahim Aqil, était considéré comme terroriste par les États-Unis. Aussi surnommé Tahsin, il était recherché par Washington pour son rôle dans les attentats en 1983 contre l’ambassade américaine à Beyrouth, qui avait tué 63 personnes, puis contre les Marines américains quelques mois plus tard – 241 militaires avaient trouvé la mort. Les autorités américaines avaient offert une récompense de sept millions de dollars pour toute information sur lui.
Une génération décimée
Ibrahim Aqil, son adjoint, le chef militaire suprême Fouad Chokor, tué le 30 juillet, et la plupart des commandants morts ces trois derniers mois, font partie de la génération des fondateurs de l’aile militaire du Hezbollah. Ils sont âgés de 60 ans et plus.
Les survivants se comptent désormais sur les doigts d’une main, et il reste à voir si la génération d’officiers qui va les remplacer sera aussi compétente et déterminée.
Ce samedi, le Hezbollah a par ailleurs annoncé la mort d’Ahmed Mahmoud Wahbi lors de cette frappe israélienne. Cet autre commandant de la force al-Radwan avait dirigé jusqu’au début de cette année les opérations militaires de l’unité d’élite en soutien au Hamas palestinien.
Le raid d’hier et les attaques de mardi et mercredi qui ont fait des dizaines de morts et des milliers de blessés dans les rangs du Hezbollah confirement, dans tous les cas, que les Israéliens ont une bonne avance en matière de renseignements.
Rfi