La libération du journaliste El Kadi Ihsane et d’une poignée de détenus d’opinion a été reçue avec soulagement par les RCD, le PT et le FFS.
« Le FFS a accueilli, avec un grand réconfort, la libération de nombreux détenus d’opinion, suite à une mesure de grâce décidée par le président de la République, a l’occasion du 70e anniversaire du déclenchement de la révolution nationale », a estimé le FFS dans une déclaration rendue publique, samedi.
« Ces mesures constituent un bon geste et un pas dans la bonne voie pour instaurer un climat d’apaisement, rétablir la confiance entre la société et les institutions de l’État et ouvrir la voie du dialogue national complet », considère le Front des forces socialistes.
Ce parti qui a participé à la mascarade présidentielle, ne s’est pas empêcher de fanfaronner « qu’il était l’une des rares parti à réclamer la libération d’urgence les détenus d’opinion dans le cadre de la défense continue des libertés collectives et individuelles et de tous les droits, et nous avons toujours considéré ces premières mesures comme une condition essentielle pour la réussite de toute entreprise politique nationale visant à consacrer la démocratie et à instaurer l’État de droit », écrit le parti.
Et pourtant les textes des déclarations de tous les partis sont publics. N’importe qui peut vérifier que ce parti qui s’est largement compromis dans ses choix politiques avec Abdelmadjid Tebboune n’est nullement le seul à revendiquer la libération des prisonniers d’opinion.
Le FFS a émis le souhait de voir ces mesures s’étendent à « tous les détenus d’opinion, en particulier le militant Mohammad Baba Nadjar, injustement emprisonné depuis près de 19 ans, et qu’elles s’étendent également à l’abrogation de toutes les lois restreignant les libertés, en particulier l’article et le recours excessif à la détention préventive. »
Enfin, le parti « renouvelle sa pleine disposition à réussir toute entreprise politique nationale visant à concrétiser le projet national par un dialogue national inclusif identifiant les points de repère de la feuille de route établie pour les réformes politiques et institutionnelles rétablissant la confiance, incarnant la légitimité du populaire et l’instauration de l’État démocratique et social, vonformement à l’esprit de la révolution de novembre 1954. »
Fidèle à ses précédentes prises de position particulièrement critiques, le RCD dit accueillir « avec un immense soulagement la libération des détenus politiques et d’opinion. »
Rendant hommage aux détenus pour le courage de ces détenus et à leur résilience dans la lutte face aux dures épreuves durant toute la période de leur incarcération injuste, le RCD rappelle « qu’il ne peut oublier de saluer toutes celles et tous ceux qui ont œuvré sans cesse et dans la difficulté pour la défense de leurs droits et leur soutien durant les longs et différents procès devant une justice aux ordres » .
En conclusion, le RCD dit « espérer que cette victoire de la lutte contre l’arbitraire et le piétinement des droits fondamentaux soit le prélude d’un espoir pour un avenir de liberté, de libre débat et de dialogue sincère et constructif avec et entre les Algériennes et les Algériens pour sortir le pays de l’impasse »
Dans son communiqué de presse, le Parti des travailleurs « salue la libération de plusieurs prisonniers politiques et détenus d’opinion hier, veille du 70e anniversaire du déclenchement de la glorieuse révolution de libération ». Le parti de Louisa Hanoune n’a pas manqué, à l’occasion, de tresser des lauriers à Abdelmadjid Tebboune. Et de se féliciter « de l’importante avancée prise par le président qui a mis fin au sort des familles de centaines de militants, d’activistes et de journalistes. »
Une démarche que le Parti des travailleurs qualifie « d’évolution positive (qui) nous rassure, que nous n’avons pas perdu espoir, comme nous nous battons sans relâche, en appelant à la présidence de la République pour la libération de tous les prisonniers politiques, détenus d’opinion et autres victimes de décisions judiciaires injustes ». Pourtant, comme rappelé par le concerné, l’arbitraire a toujours cours dans la « nouvelle Algérie » chère à Tebboune.
Réitérant son attachement à la démocratie, le Parti des travailleurs promet de « continuer à faire pression pour une amnistie complète qui touche tous les prisonniers incarcérés injustement. »
Estimant que « le 70e anniversaire de la lutte armée mérite de telles mesures », le Parti espère que « d’autres mesures suivront pour rétablir des conditions normales pour la pratique de la politique, des libertés syndicales, sociales et de la presse… »
Car, selon le parti, « ces conditions à mettre en œuvre sont conformes à l’appel du 1er novembre 1954 qui définit le respect des libertés fondamentales comme un objectif fondamental de la lutte armée inséparable de la restauration de l’État algérien ». Croisons les doigts que ce voeu ne soit pas pieux.
Nous craignons cependant que cela soit le cas. En maître des horloges, Abdelmadjid Tebboune et ses parrains ne s’embarrassent plus des effets de manches des partis. Aux lendemaines d’une dissidence populaire qui aurait pu les emporter, ils tiennent ferme à dicter leur agenda.
Samia Naït Iqbal